Les enfants de moins d’un an vivant au Nunavik ont des taux particulièrement élevés d’otites et d’hospitalisations pour des problèmes pulmonaires, en raison notamment de l’insécurité alimentaire et du surpeuplement. Et leurs maisons, comme c’est la norme au Québec, sont plus étanches qu’autrefois et souvent mal ventilées. © healthydebate.ca

La qualité de l’air intérieur et la santé respiratoire d’enfants du Nunavik se sont grandement améliorées dans des logements de ce territoire où la qualité des installations et de l’utilisation des échangeurs d’air a été bonifiée. Une étude publiée en 2021 par des chercheurs de l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) rappelle l’urgence d’agir en la matière, et non seulement en régions très froides et très pauvres.

Les enfants de moins d’un an vivant au Nunavik ont des taux particulièrement élevés d’otites et d’hospitalisations pour des problèmes pulmonaires, en raison notamment de l’insécurité alimentaire et du surpeuplement. Et leurs maisons, comme c’est la norme au Québec, sont plus étanches qu’autrefois et souvent mal ventilées. Même lorsqu’elles ont un échangeur d’air, les filtres sont souvent encrassés et l’appareil est souvent éteint en hiver, par ignorance ou par souci d’économie d’énergie. Parfois même le volet d’admission d’air frais est carrément fermé, rappellent les chercheurs de l'INSPQ dans un article paru en novembre 2022 dans le magazine IMB de la Corporation des maîtres mécaniciens en tuyauterie du Québec.

Installation et utilisation appropriées

Ces chercheurs ont étudié 55 ménages vivant dans des immeubles dont les systèmes d’extraction d’air, de chauffage et de ventilation à récupération de chaleur (VRC) ou d’énergie (VRÉ) centralisée ont été mis à niveau. Ces échangeurs d'air ont été nettoyés, entretenus, adaptés et équilibrés au chapitre des débits d’air. Les occupants ont par ailleurs été instruits sur le bon usage des VRC et VRÉ. Les experts recommandent notamment de régler le déshumidistat à 40 % en hiver et à 30 % par grands froids, pour assécher l’air intérieur (l’appareil échange ainsi l’air à haute vitesse jusqu’à ce que le niveau d’humidité relative désiré est atteint).

Comparativement à 24 ménages témoins dont le système de ventilation n’a pas été amélioré, la qualité de l’air intérieur s’est grandement améliorée dans les logements mieux ventilés : les concentrations de vapeurs chimiques (composés organiques volatils) et de particules fines nocives ont diminué significativement. Ce ne fut toutefois pas le cas de la diversité et de l’abondance microbienne, demeurées élevées dans ces habitations de deux ou quatre chambres souvent surpeuplées.

La bonne nouvelle, c’est que les infections respiratoires et des oreilles des enfants de 0 à 10 ans ont diminué de 53 % dans les logements mieux ventilés. Bien qu’aucun lien direct n’ait pu être établi entre ces améliorations de la qualité de l’air et de la santé, l’étude a démontré l’importance de l’entretien préventif des systèmes de ventilation par un personnel qualifié (voir la liste des entrepreneurs en ventilation certifiés Novoclimat sur bnq.qc.ca/fr/normalisation/construction.html).

L'étude de l'INSPQ fut publiée en 2021.

Les chercheurs s’attendent à voir « des améliorations encore plus substantielles si les équipements étaient correctement conçus, installés, utilisés et entretenus » dans le contexte arctique. De telles améliorations ne feraient pas de tort non plus dans le sud du Québec, où les systèmes de ventilation sont souvent déficients. Comme bien des gens ne savent pas comment fonctionne un VRC ou un VRÉ, les chercheurs de l’INSPQ ont recommandé de simplifier leur interface de contrôle et de mieux éduquer les occupants quant à leur utilisation, notamment pour éviter toute interruption de leur fonctionnement. Bref, il est possible d’optimiser le confort, la salubrité et l’efficacité énergétique des habitations en évitant d’ouvrir souvent les fenêtres en hiver.

Plusieurs autres études ont déjà constaté que les symptômes respiratoires diminuent dans les maisons mieux ventilées. Une étude canadienne, publiée dans la revue Indoor Air en 2004, était fort instructive en la matière. Elle fut dirigée par la pneumologue et interniste Judith A Leech, clinicienne à l’Hôpital d’Ottawa et chercheuse à Santé Canada. Un an après avoir emménagé dans une maison neuve certifiée R-2000, leurs occupants rapportaient moins de toux, d’irritation de la gorge, de fatigue et d’irritabilité que ceux qui avaient acheté une maison neuve classique. Et ce, en dépit du fait que seulement 76 % des propriétaires utilisaient leur échangeur d’air tout l’hiver.

L’étude concluait qu’il « n’y a rien dans ces résultats qui suggèrent une moins bonne qualité de santé dans la maison écoénergétique avec une enveloppe étanche, même quand les occupants ne comprennent pas complètement leur système de ventilation ». Depuis le début des années 1980, les Maisons R-2000 sont réputées mondialement pour leur enveloppe du bâtiment (isolation, étanchéité et fenestration) et leur système de ventilation à récupération de chaleur de qualité supérieure validée par des tests indépendants, comme c’est le cas des maisons homologuées par le programme québécois Novoclimat.

Bref, dans toutes les maisons en hiver, l’échange d’air permet de déshumidifier l’air et de diminuer les concentrations d’irritants et allergènes comme les particules fines, les COV, les moisissures et les acariens. 

À lire :

Amélioration de la qualité de l’air intérieur par l’optimisation de la ventilationdans des logements du Nunavik (INSPQ, 2021)

La ventilation des bâtiments d’habitation :  impacts sur la santé respiratoire des occupants (INSPQ, 2007)