Les habitations abordables étant de plus en plus rares au Canada, différents gouvernements ont mis en place des politiques visant à favoriser leur accessibilité. Un logis est habituellement considéré comme abordable si les coûts qui y sont associés ne requièrent pas plus de 32 % des revenus d'un ménage, ce qui inclut l'hypothèque, les intérêts, les taxes et les services publics. Malheureusement, cette façon de calculer ne fonctionne plus. Dans la plupart des marchés, les propriétaires et les locataires consacrent plus de 50 % de leurs revenus aux dépenses associées au logement. Outre les nouvelles politiques gouvernementales, les architectes et les entrepreneurs sont-ils en mesure de faire baisser les coûts?
Le prix d'une maison neuve est établi en fonction du coût de ses composants, comme le terrain, les infrastructures, les matériaux, la main-d'œuvre et l'aménagement paysager. Dans certaines régions très peuplées, le coût du terrain peut à lui seul rendre un projet inabordable. Les municipalités peuvent également manipuler la réglementation du zonage dans une zone spécifique pour créer des quartiers à forte densité.
Une maison unifamiliale étroite offre aux futurs propriétaires les caractéristiques habituellement recherchée dans l’accès à la propriété. Les duplex et les triplex n'ont pas tous d'entrée privée au niveau du sol ou de cour privée, mais ils sont encore plus abordables et écologiques.
Les maisons en rangée à devanture étroite sont généralement construites sur de minces parcelles de terrain, de 4,3 à 6 mètres (14 à 20 pieds) de large. Vue leur étroitesse, il n’est pas nécessaire d’avoir autant de cloisons portantes intérieures, ce qui permet une plus grande flexibilité dans l'aménagement de l'espace. Il est également possible d’aménager de grands espaces verts autour d’un complexe de maisons en rangée afin de compenser le manque de petits espaces extérieurs privés.
Un exemple inspirant
Pour voir ces mesures en pratique, il faut se rendre aux Pays-Bas où les terrains sont rares et souvent surchargés. Bloembollenhof est un ensemble de logements abordables conçu par S333 Architecture & Urbanism qui ont été construits dans la ville de Vijfhuisen, une petite banlieue d'Amsterdam. Le complexe comprend 52 habitations aux formes simples mais intéressantes et uniques. On y trouve de tout, des grandes maisons individuelles aux petits blocs de logements sociaux placés un peu partout en fonction des revenus et des styles de vie. L’ensemble se veut une alternative abordable à la vie urbaine qui offre un accès facile aux commodités.
Il s’agit d’un bon exemple de planification spatiale mise en place par les Néerlandais pour contrôler la croissance urbaine. L’aménagement de la communauté doit se faire selon des directives rigoureuses. Le site doit comporter un minimum de 30 % de logements abordables, maintenir une densité élevée dans les habitations et offrir de vastes espaces verts.
Or, Bloembollenhof ressemble à un village rural qui a conservé une densité urbaine. En fait, cet ensemble semble plutôt être un regroupement de différentes types d’habitations à faible densité. En d’autres termes, ce type d’aménagement démontre que si les habitations sont construites à proximité les unes des autres sur de petits terrains, elles peuvent ressembler à des habitations de banlieue typiques qui constituent en réalité une communauté dense et efficace.
Ses architectes ont cherché à intégrer une « irrégularité régulière » dans leur plan d’ensemble. Ainsi, les habitations paraissent naturellement moins formelles et donnent l’impression d'une communauté construite spontanément et non pas une communauté strictement réglementée. Les maisons ont été placées de manière à encadrer des espaces ouverts communs et des aires de jeu pour les enfants. Les résidences donnent souvent sur ces espaces verts qui relient les unités individuelles à la grande communauté du complexe, et permettent aux parents de superviser leurs enfants de l'intérieur de la maison. La façon dont les maisons sont placées favorise la création de raccourcis entre les rues principales qui semblent faire partie d’un réseau de voies piétonnières.
La densité avec des avantages suburbains
Ces résidences aux formes géométriques simples intègrent tout de même plusieurs commodités. Les toits-terrasses et les terrasses ont été découpés dans la masse principale du bâtiment pour laisser place à un petit espace de jardinage privé. Les résidences comprennent également un espace de stationnement, ce qui minimise le nombre de voitures dans la rue et élimine les infrastructures de stationnement coûteuses. Pour limiter les coûts, les maisons sont revêtues de cumaru (un bois dur exotique) et d’un acier profilé peu coûteux.
En résumé, la communauté de Bloembollenhof a intégré divers types d’habitations à faible densité à un mode de vie à haute densité. En utilisant de petits terrains et en disposant les habitations de façon dispersée, les concepteurs de cet ensemble ont créé un environnement dense avec de nombreuses caractéristiques très suburbaines.
À l'heure où le Canada se lance dans la recherche de solutions pour atténuer la pénurie de logements abordables, la première étape consiste à sortir des sentiers battus.