Bien qu’encore marginal chez nous, le mouvement des maisons qui produisent autant d’énergie qu’elles en consomment prend de l’ampleur dans les provinces et territoires canadiens qui accusent du retard dans la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Au Québec, des constructeurs ont déjà construit des maisons à consommation énergétique nette zéro ou prêtes à accueillir des panneaux solaires afin de s’affranchir des factures d’énergie salées et se prémunir des pannes de courant si on les raccorde à des batteries. Hydro-Québec s’apprête d’ailleurs à encourager massivement l’autoproduction d’électricité solaire et nos gouvernements exigeront même que les maisons neuves des années 2030 soient prêtes pour le standard net zéro. Si vous comptez rénover ou construire prochainement, c’est le moment de vous y préparer en améliorant l'enveloppe de votre habitation et en prévoyant le passage des câbles électriques requis.
Depuis 2015, une révolution est en cours dans l’industrie de l’habitation hors Québec, où on veut en finir avec le chauffage au gaz et au mazout en vue d’atteindre en 2050 les objectifs canadiens de carboneutralité, soit par l’élimination des émissions de gaz à effet de serre ou leur compensation, par exemple en plantant des arbres qui absorbent les émissions croissantes de gaz à effet de serre tel le dioxyde de carbone. Cette révolution est orchestrée par l’Association canadienne des constructeurs d’habitation (ACCH) qui a déjà certifié plus de 1 500 maisons neuves ou rénovées comme étant « à consommation énergétique nette zéro » (CENZ) ou « prêtes pour la consommation nette zéro ». Ces maisons consomment jusqu’à 80 % moins d’énergie qu’une maison neuve classique, selon l’ACCH. C’est ce qui leur permet, une fois dotées d’un système solaire photovoltaïque (PV) ou d’un autre système d’énergie renouvelable, de produire plus d’énergie en une année que leurs occupants en consomment. (Lire Les maisons net zéro ont leur certification! sur le site d'Écohabitation.)
On en parle peu au Québec, mais en 2016, les provinces et territoires du pays ont adopté le Cadre pancanadien sur la croissance propre et le changement climatique, un plan national qui les engage notamment à adopter des codes de construction de bâtiments prêts pour la CENZ à partir de 2030. La Colombie-Britannique mène le bal : en mai, elle a rehaussé de 20 % les exigences d’efficacité énergétique de la plupart des constructions et elle affirme que tous les nouveaux bâtiments dans cette province devront être prêts pour la CENZ en 2032. Au Québec, en termes plus praticopratiques, après la publication fédérale du Code modèle national de l'énergie de 2030, on prévoit une transition au provincial vers 2035 et sur tous les chantiers d'ici 2040, explique Geneviève Goyette, chargée de projet chez Les entreprises Réjean Goyette, un pionnier québécois de la construction des maisons Novoclimat qui sont prêtes pour la CENZ. « Le net zéro, c’est l’avenir », dit-elle.
Bien qu’environ 80 % des habitations québécoises soient déjà chauffées à l’hydroélectricité, dont la production basée sur l’inondation de grands territoires émet relativement peu de gaz à effet de serre, la donne a changé le 1ernovembre dernier, alors qu’Hydro-Québec publiait son Plan d’action 2035 – Vers un Québec décarboné. En page 4, ce document nous apprend que la société d’État pourrait avoir besoin de jusqu’à 200 térawattheures (TWh) d'électricité (le double de ses ventes actuelles) afin de décarboner la province (transports et industries inclus) en 2050! À court terme, Hydro mise d'abord sur de généreuses subventions à l’efficacité énergétique (logisvert.ca) et prévoit sécuriser son réseau afin de raccourcir la durée des pannes. En outre, elle compte tripler ses approvisionnements d’énergie éolienne, encourager massivement l'autoproduction d’énergie solaire qui en est à ses balbutiements et construire de nouveaux complexes hydroélectriques, sans écarter le retour du nucléaire (réouverture de Gentilly-2 et construction de petites centrales).
Son président Michael Sabia a annoncé à Radio-Canada vouloir « faciliter l’installation de panneaux solaires chez plus de 125 000 clients et clientes ». Aucun programme en ce sens n'a toutefois encore été annoncé. À terme, Hydro estime que l’énergie solaire et le stockage d'électricité répondront à 11 % des ajouts de puissance d’ici 2035, soit jusqu’à 1 000 mégawatts (MW) sur les 9 000 MW prévus.