Notre de la rédaction : Selon l'agronome et lanceur d'alerte Louis Robert, auteur du livre Pour le bien de la terre, « les insecticides ne procurent pas davantage de rendement » et sont souvent inutiles. Sachez que Montréal a interdit la vente et l'usage de 36 pesticides dont le glyphosate (Roundup), l'herbicide le plus utilisé dans le monde et récemment classé « probablement cancérogène »  par le Centre international de recherche sur le cancer. Comme le mentionnait le magazine L'actualité en octobre 2021, l'utilisation professionnelle des pesticides de synthèse est liée à un risque accru de cancers ainsi que de maladies neurologiques et respiratoires chez les travailleurs et l'utilisation domestique est notamment liée au cancer et autres maladies et troubles du développement infantiles. 

Voici un extrait du livre d'Yves Gagnon Le jardin écologique, éditions Colloïdales, 2e édition, 2020.

Yves Gagnon a édité une douzaine de livres aux Éditions Colloïdales qu'il a fondées il y a une trentaine d'années. Ce semencier et jardinier est une sommité en culture écologique.

Le contrôle des ravageurs en culture écologique repose sur une stratégie qui conjugue l’application de mesures préventives et l’emploi de modes de contrôle respectueux de l’équilibre du milieu. Lorsque les mesures préventives sont appliquées judicieusement, le besoin de recourir à des traitements diminue.

Les mesures préventives

La plupart des techniques de base du jardinage écologique préviennent les infestations de ravageurs. Voici un résumé des principales. 

Une fertilisation écologique

Les engrais de synthèse sont partiellement responsables des dommages causés aux cultures industrielles par les insectes nuisibles. On a constaté que la sensibilité des plantes aux ravageurs était directement liée à la fertilisation. Les engrais solubles produisent des plantes déséquilibrées chimiquement, beaucoup plus attirantes pour les insectes. On a déjà prouvé le lien entre l’accroissement de la reproduction des pucerons et un taux d’azote soluble élevé dans la plante dû à l’utilisation d’azote de synthèse.

J'aime bien les engrais naturels McInness. Ils vendent entre autres le phosphate naturel sous le nom d'Os Fossile ainsi que le basalte sous le nom de Bio-Roche. Ils ont le Sul-Po-Mag ainsi que des engrais composés pour toutes les occasions.

Pour sa part, Acti-sol offre notamment des engrais de fumier de poule, d'hydrolysats de poisson et d'algues liquides Acadie.

L’emploi de compost combiné à l’utilisation rationnelle d’engrais non solubles produit des plantes équilibrées chimiquement, moins attirantes pour les ravageurs. Albert Howard, un des pionniers de la culture écologique, fut l’un des premiers à constater que des plantes nourries avec du compost étaient beaucoup moins infestées que celles fertilisées avec des engrais de synthèse. 

L’implantation dans le jardin d’une grande diversité végétale mine la capacité des ravageurs à repérer leur plante hôte. 

La rotation des cultures

En faisant se succéder sur une surface donnée des plantes de familles différentes, on réduit considérablement les risques d’infestations. La rotation des cultures permet de briser le cycle de vie de certains ravageurs. De plus, elle aide à prévenir les déséquilibres minéraux du sol, une cause importante des infestations de ravageurs.

La diversité du milieu

L’implantation dans le jardin d’une grande diversité végétale mine la capacité des ravageurs à repérer leur plante hôte. Cette approche a de plus l’avantage de convier un nombre élevé d’auxiliaires qui participent à l’équilibre écologique du milieu.

En appliquant les règles du compagnonnage, on prévient certaines infestations ou, à tout le moins, on réduit leur sévérité. La coriandre et l’oignon, par exemple, réduisent la ponte de la mouche de la carotte, alors que la sauge et le thym éloignent la piéride du chou.

Le taux d’humidité du sol

En appliquant les règles du compagnonnage, on prévient certaines infestations ou, à tout le moins, on réduit leur sévérité.

Les carences tout comme les excès d’eau ouvrent la voie aux infestations d’insectes. Ainsi, des conditions printanières sèches favorisent la présence de l’altise alors que des conditions chaudes et humides favorisent la prolifération des limaces. Dans ce dernier cas, on évitera les paillis. Il faudra aussi opter pour la culture en planches et travailler la structure du sol, ce qui améliorera le drainage.

L’adoption d’un calendrier approprié

Afin de prévenir efficacement les ravages dans certaines cultures, il importe de connaître l’espèce qui en est la cause. En étudiant le cycle de vie des ravageurs, on peut modifier le calendrier de cultures et ainsi éviter certaines infestations. Par exemple, en retardant jusqu’en juin le semis ou la transplantation des brassicacées, on prévient les dommages causés par la mouche du chou. On peut également, par la planification adéquate du calendrier, réduire les dommages causés par le ver gris et la mouche de l’oignon.

Même en appliquant rigoureusement les mesures préventives propres à l’approche écologique, à cause du déséquilibre généralisé de notre environnement et du transport international qui transporte les ravageurs, ceux-ci infesteront les cultures. On les contrôlera en tentant de nuire le moins possible à l’équilibre global du jardin. 

Les modes de contrôle

Lorsqu’on doit intervenir, il faut toujours évaluer toutes les interventions possibles et opter pour celles qui créent le moins d’impacts négatifs sur le milieu et les êtres vivants qui y évoluent.

Voici les principales interventions qui permettent de contrôler les ravageurs, celles à plus faible impact en premier lieu.

La récolte manuelle

La cueillette manuelle est efficace pour contrôler bon nombre d’insectes nuisibles. En cueillant les doryphores adultes avant qu’ils ne pondent, les dommages causés par les larves sont évités. On peut ramasser les vers gris le soir sous l’éclairage d’une lampe de poche; une patrouille tôt le matin permet aussi de trouver les coupables enfouis à la base des plants grignotés ou sectionnés. Pour débusquer la larve, on n’a qu’à remuer légèrement le sol autour de la tige.

On peut aussi récolter à la main certaines chenilles. C’est le cas de la larve du sphinx de la tomate et de celle du papillon du céleri.

Un filet anti-insectes.

Les barrières physiques

Le principe des barrières physiques est d’empêcher l’insecte d’atteindre sa plante hôte. Un filet anti-insectes ou un simple tissu plein-jour peuvent être utilisés pour recouvrir les cultures durant la période où elles sont vulnérables. Fins et légers, ils laissent passer l’eau et la lumière, mais non les ravageurs. On les fixe au sol à l’aide de petites pierres rondes afin de ne pas abîmer le tissu, auquel on doit donner suffisamment d’ampleur pour laisser croître les jeunes plants. Des arceaux facilitent l’installation de ces toiles flottantes qui permettent de contrôler la mouche du chou, la chrysomèle rayée du concombre, la cécidomyie du chou-fleur et la mouche de la carotte, pour ne nommer que ces ravageurs.

Des boîtes de conserve ou des contenants de plastique dont on a retiré le fond peuvent servir à protéger les jeunes plants des vers gris; il faut les enfoncer de 2 cm dans le sol. On les retirera une fois le cycle larvaire de l’insecte terminé.

Les répulsifs

Différentes plantes, vivantes ou sèches, ainsi que divers purins ou décoctions de plantes agissent comme répulsifs. De la menthe fraîche grossièrement hachée et placée sur les choux en éloigne la piéride. Des retailles de thuya (cèdre) placées entre les rangs de pomme de terre réduisent la présence de doryphores. L’absinthe et la tanaisie disposent aussi de propriétés insectifuges; utilisées fraîches, en purin ou en décoction, elles diminuent la présence des ravageurs.

Les pièges et les appâts

Différents pièges et appâts peuvent servir à contrôler de nombreux insectes nuisibles. Un contenant enfoui dans le sol dans lequel on verse un peu de bière permet de capturer quelques limaces. Avec une vieille huile à friture ou une huile de poisson, on piège les perce-oreilles.

Des plaquettes jaunes engluées permettent de capturer les chrysomèles rayées du concombre. Des rouleaux de papier journal humides et chiffonnés, placés le soir dans le jardin, piègent aussi les perce-oreilles. Comme appât, on peut y mettre du beurre d’arachide. Le lendemain matin, les journaux n’auront qu’à être brûlés. On peut recommencer quotidiennement jusqu’à ce que les populations soient réduites.

Les pièges lumineux permettent d’éliminer de nombreux papillons de nuit, parents de quelques larves nuisibles dont le ver gris et la pyrale du maïs. Ce sont les lampes ultraviolettes qui exercent la plus forte attraction sur les insectes nocturnes, mais une ampoule ordinaire de 100 watts convient également. On achète ces pièges dans le commerce ou on les fabrique soi-même. Une ampoule protégée des intempéries et suspendue au-dessus d’un bassin d’eau savonneuse devient un piège maison efficace et bon marché.

Yves utilise une solution de lait à 10 %, donc 1 partie de lait bio 1 ou 2 % pour 9 partie d'eau, en vaporisation hebdomadaire à partir du 15 juillet sur les tomates. Le calcium du lait maintient le feuillage alcalin ce qui empêche sa colonisation par des spores de champignons qui ont besoin d'un milieu acide pour s'établir et proliférer. On ajoute un trait de savon biodégradable au liquide pour favoriser une bonne adhésion au feuillage. Moi j'ajoute des algues liquides également. Pour certaines Infections, notamment l'oïdium, le bicarbonate de sodium ou petite vache  est employé à raison de 5 ml/litre. On vaporise la totalité du feuillage, sous les feuilles également.

Les insecticides maison

Avant de recourir aux insecticides commerciaux, le jardinier peut fabriquer lui-même plusieurs insecticides très efficaces.

Un insecticide à l’ail

Certaines composantes de l’ail possèdent des propriétés insecticides. On prépare un insecticide maison à base d’ail, efficace contre les mites, les pucerons et les acariens, en faisant macérer 20 g d’ail haché dans 20 ml d’huile végétale pendant 24 heures. On ajoute ensuite à l’huile 1 litre d’eau et 10 ml de savon biodégradable; on mélange, puis on tamise le liquide qui devient le concentré. Pour les vaporisations, on le diluera dans quatre fois son volume d’eau.

Pour augmenter le pouvoir insecticide de cette préparation, on peut ajouter 15 ml de sauce Tabasco au concentré ou bien on prépare une décoction de piment en faisant bouillir six piments dans 2 litres d’eau qu’on laisse réduire de moitié. On emploiera cette décoction à la place de l’eau pour préparer le concentré.

Le lessis

Le lessis est une macération de cendres. Pour le fabriquer, on mélange dans un seau 1 kg de cendres et 20 litres d’eau. On brasse quelque peu, puis on laisse macérer pendant 24 heures. La cendre se déposera au fond. Le liquide clair est le lessis.

Pour contrôler les larves de la mouche du chou, de la mouche de la carotte et de la mouche de l’oignon (voir les pages 227 et 228), on arrose les plants avec le lessis. Pour être efficace, ce traitement doit être fait après l’éclosion des œufs des mouches, avant que les larves ne pénètrent dans les racines ou les bulbes. Le traitement peut être répété à quelques jours d’intervalle.

Les purins et les décoctions insecticides

Les sommités fleuries de la tanaisie et de l’absinthe et les feuilles de rhubarbe, de nicotine et de raifort peuvent servir à la fabrication de purins et de décoctions insecticides efficaces contre un bon nombre d’insectes. On peut opter pour un mélange de plantes. Pour la fabrication d’un purin, voir la page 86 et pour celle d’une décoction, voir la page 87. Les décoctions ont l’avantage de se faire rapidement et de ne pas obstruer la buse du vaporisateur comme peuvent le faire les purins mal filtrés.

Le neem

Le neem (Azadirachta indica) est un arbre qu’on cultive en Asie et en Afrique pour ses propriétés médicinales, insecticides et fongicides. Il permet de contrôler l’altise des brassicacées, les charançons, les chenilles, la chrysomèle rayée du concombre, la mouche blanche, le doryphore de la pomme de terre ainsi que le scarabée japonais au stade larvaire et de pupe. Il n’est pas toxique pour les mammifères.

Pour préparer un insecticide maison à partir de graines de neem, on fait tremper 30 ml de graines écrasées dans de l’alcool à 40 % durant 30 jours, après quoi on filtre le liquide qu’on conserve dans un pot.

Pour les traitements, on emploie 50 gouttes de la macération par litre d’eau. On peut aussi employer de l’huile de neem vendue dans certaines jardineries et épiceries orientales. On mêle 15 ml d’huile par litre d’eau avec un trait de savon, puis on vaporise sur les plants infestés.

Les insecticides commerciaux

Utilisés rationnellement et en dernier recours, les insecticides biologiques commerciaux ont leur place dans une régie écologique. Ils permettent de contrôler les ravageurs qui infestent les cultures. Le jardinier avisé emploiera de préférence les plus sélectifs et les moins rémanents afin de réduire au minimum leur impact négatif sur le milieu.

Voici les principaux insecticides commerciaux, en commençant par les moins nocifs. 

Le savon insecticide

Le savon insecticide est composé de sels de potassium et d’acides gras. Il tue les insectes en perturbant leur système nerveux. Il est particulièrement efficace contre les pucerons, les acariens, les mites et les perce-oreilles. Le savon insecticide est cependant un insecticide de contact; il doit donc être vaporisé directement sur l’insecte.

Le Bacillus thuringiensis ou B.t.
Le Bacillus thuringiensis est un insecticide de type bactérien. Il sert à contrôler plusieurs chenilles (les larves de papillon). Une fois ingérée, la bactérie produit des cristaux dans le système digestif de la chenille qui, ne pouvant plus s’alimenter, périt dans les 24 heures. Il existe plusieurs souches de cet insecticide. La plus répandue est le Bacillus thuringiensis var. kurstaki, qui permet de contrôler les larves de la piéride du chou, une chenille omniprésente dans les cultures de brassicacées. On trouve ce B.t. sur le marché québécois sous forme liquide sous le nom de BTK, et sous forme solide sous le nom de Dipel. Le BTK est mis en marché au Québec par les compagnies Safer’s et AEF Global. La marque Safer’s n’est toutefois pas acceptée en agriculture biologique certifiée à cause de l’huile de canola transgénique qu’elle contient.

Deux souches de B.t. permettent de contrôler la larve du doryphore de la pomme de terre. Il s’agit du Bacillus thuringiensis var. san diego et du Bacillus thuringiensis var. tenebrionis. Au Québec, ces insecticides sont réservés aux producteurs agricoles.

Les insecticides à base de pyrèthre

Le pyrèthre est une plante de la famille des astéracées. La pyréthrine que sa fleur contient agit sur le système nerveux des insectes. La plante la plus concentrée en cette substance est un chrysanthème cultivé dans le sud de l’Afrique. Avec ses sommités fleuries, on fabrique un insecticide de contact et stomacal efficace contre les pucerons, les mites ainsi que bon nombre de coléoptères et de chenilles. Bien qu’il ne soit pas nocif pour les animaux à sang chaud, il affecte les animaux à sang froid, dont les crapauds et les couleuvres; il faut donc être prudent au moment de son application. Cet insecticide étant peu sélectif, on l’utilisera uniquement en dernier recours.

On trouve sur le marché une formulation nommée Trounce qui combine pyrèthre et savon insecticide. La compagnie Safer’s propose pour usage domestique le End All, un insecticide naturel à base de pyrèthre. Toutefois, à cause de l’huile de canola transgénique qu’il contient, il n’est pas permis en agriculture biologique certifiée.

Les principaux ravageurs

Afin de contrôler les ravageurs potentiels du potager, il importe de bien les connaître : ainsi on interviendra au bon moment avec les bons traitements. Voici donc quelques informations sur les insectes qui présentent un risque pour les cultures. 

Le doryphore de la pomme de terre

(Leptinotarsa decemlineata ou Colorado potato beetle)

Le doryphore de la pomme de terre est originaire de l’est des montagnes rocheuses. On le trouve partout où on cultive la pomme de terre. L’insecte hiverne dans le sol au stade adulte. Au printemps, il recherche des plants de pomme de terre pour se nourrir. Après l’accouplement, la femelle dépose ses œufs de couleur orangée sur la face inférieure des feuilles par grappes de 10 à 12. Les œufs donnent, de quatre à neuf jours plus tard, des larves rougeâtres. Ces larves gourmandes causent des dommages importants en grignotant les feuilles des plants, et ce, durant une bonne partie de la saison. Elles infestent également les aubergines, parfois les tomates.

On prévient les infestations du doryphore en récoltant manuellement les adultes, avant qu’ils ne s’accouplent et que les femelles ne pondent. L’insecte, un gros coléoptère jaune, rayé de bandes longitudinales noires, est facile à trouver sur les plants au milieu de la journée. On peut aussi, en retournant les feuilles, repérer les masses d’œufs et les écraser. Il est également possible de récolter ou d’écraser les larves à la main. Il est aussi possible de secouer les plants pour les faire tomber au sol. Mais si les dommages sont trop importants, un traitement s’impose. Les insecticides à base de pyrèthre sont efficaces pour neutraliser les larves. Les B.t. san diego ou tenebrionis permettent de contrôler les jeunes larves. Cependant, au Québec, ils ne sont actuellement accessibles qu’aux producteurs agricoles.

Le compagnonnage avec des haricots nains réduit la sévérité des infestations. Une association avec du lin est également bénéfique. L’utilisation de retailles de thuya comme paillis diminue aussi la présence du ravageur. 

La cécidomyie du chou-fleur

(Contarinia nasturtii ou Swede midge)

Sa longueur de 2 mm et sa couleur brun clair rendent ce diptère difficile à observer. Après la ponte, les larves attaquent les bourgeons terminaux, ce qui les fait avorter, forçant le développement de tiges secondaires; on remarque aussi un renflement des points de croissance et une boursou- flure de la base des pétioles. Comme on compte plusieurs générations de ce ravageur par année, on doit protéger les choux-raves, les rutabagas, les choux pommés, les choux-fleurs, les brocolis et les choux de Bruxelles à l’aide d’un filet anti-insectes du début de juin jusqu’à la fin de septembre. Toutefois, les choux pommés ne sont plus affectés une fois les pommes formées, ce qui permet à cette étape de retirer le tissu. Le brocoli Romanesco tout comme le kale, la roquette, la moutarde et le radis sont peu sensibles à ce ravageur. 

L’altise du chou

(Phyllotreta albionica ou Cabbage flea beetle)

L’altise du chou est un petit coléoptère sauteur de couleur noire qui crible de petits trous les jeunes plants de brassicacées. Il est surtout actif au printemps, en conditions sèches. Un filet anti-insectes ou un traitement à base de pyrèthre permet de contrôler cet insecte lorsque sa population devient trop importante. Quelques plants de moutarde cultivés en guise de piège libèrent les autres cultures de la présence de ce coléoptère.

La mouche du chou

(Hylemya brassicæ ou Cabbage maggot)

La mouche du chou est un important ravageur des brassicacées. L’adulte émerge du sol au printemps et pond jusqu’à la fin de mai. Les œufs sont déposés au pied des jeunes plants. Une semaine plus tard, les larves blanches investissent les racines et s’en nourrissent. Dans un premier temps, les jeunes plants flétrissent, jaunissent puis, périssent. Les radis, les navets, les choux et les brocolis en sont souvent infestés. Une deuxième génération de mouches voit le jour à la fin de l’été; elles infestent alors les rutabagas, les radis d’automne et les choux chinois.

Pour prévenir les dommages causés par la mouche du chou, on retarde au 10 juin la transplantation des brassicacées. On emploiera un filet anti-insectes pour protéger les radis et les navets en mai et en août. Quelques plants de brocolis, de choux-fleurs et de choux d’été peuvent aussi être cultivés sous le voile. On peut tenter un contrôle des larves avec du lessis.

Pour empêcher l’infestation des rutabagas en août, on dégagera la partie comestible de la terre qui l’entoure, laissant seulement les vraies racines en terre. On peut aussi protéger le légume avec un filet anti-insectes comme on le fait pour les radis d’automne et les choux chinois.

La mouche de l’oignon

(Hylemya antiqua ou Onion maggot)

La mouche de l’oignon pond ses œufs de la mi-mai à la fin de juin (ponte variable selon la saison et la région) à la base des plants d’oignons, d’oignons verts et d’échalotes. Les larves blanches pénètrent dans la base du bulbe en formation et s’en nourrissent, ce qui cause dans un premier temps le jaunissement des feuilles, puis la mort du plant. En transplantant les oignons très tôt, c’est-à-dire à la fin d’avril ou au début de mai, on prévient les dommages. En cas d’infestation, comme dans le cas de la mouche du chou, on peut tenter de contrôler les larves avec du lessis.

La mouche de la carotte

(Psila rosæ ou Carrot rust fly)

La mouche de la carotte est verte, sa tête jaune. Elle produit deux générations par année. C’est la deuxième génération, celle qui surgit en août, qui est la plus susceptible d’infester les cultures de carottes. Les œufs sont déposés au niveau du collet des plants. Les larves qui en sont issues une dizaine de jours plus tard investissent les racines. Celles-ci sont alors percées de galeries noircies, ce qui affecte leur conservation.

L’emploi d’un voile au moment de la ponte empêche la mouche d’atteindre les cultures. Du phosphate minéral mélangé en parties égales à de la cendre de bois et saupoudré à la base des plants agit comme répulsif. Le lessis permet de contrôler les larves, mais on doit l’appliquer après l’éclosion des œufs, avant que les asticots n’investissent la racine pivotante.

Le compagnonnage avec de la coriandre et des oignons réduit la présence de ce ravageur. En récoltant les carottes le 20 septembre ou avant, on prévient la pénétration des larves dans les racines. 

La teigne du poireau

(Acrolepiopsis assectella ou Leek moth)

La teigne du poireau. 

Importée d’Europe, la teigne du poireau est un papillon qui déploie des ailes brunes tachetées de blanc, d’une envergure de 16 à 18 mm. Elle pond ses œufs en juin sur les feuilles d’ail et de poireau (parfois l’oignon) et, en fin d’été, à nouveau sur les poireaux. La chenille blanchâtre d’une longueur de 13 mm se nourrit des feuilles sur lesquelles apparaissent des traces blanchâtres; puis elle pénètre au cœur de la plante qu’elle parasite.

Pour contrôler les larves, on peut, avant qu’elles ne pénètrent au cœur du plant, les écraser manuellement ou traiter les plants avec du BTK ou un insecticide à base de pyrèthre.

Le ver gris

(Euxoa messoria ou Euxoa ochrogaster ou Cutworm)

Le ver gris est une larve de noctuelle. Ces papillons de nuit pondent leurs œufs du début d’août à la fin de septembre dans le sol ou dans les tas de compost ou de fumier non couverts. Le printemps suivant, les œufs éclosent. Les larves qui en sont issues sortent de terre la nuit et grignotent les feuilles des jeunes plants de nombreuses espèces légumières. Plus tard, lorsque les larves sont plus développées, elles rongent les tiges des plants à ras du sol et les sectionnent. Cela donne l’impression que quelqu’un a coupé le plant à sa base d’où leur nom anglais cutworm.

Les larves, de couleur brun crème à gris selon les espèces, sont actives de la mi-mai à la fin de juin. Elles affectionnent particulièrement les brassicacées, les chénopodiacées, les liliacées, les laitues, les carottes et les tournesols, mais elles peuvent s’attaquer à presque toutes les espèces. Le matin, elles s’enfoncent dans le sol à la base de la plante qu’elles ont attaquée. Lorsque cet insecte n’est pas contrôlé, il cause des torts considérables aux cultures.

La cueillette manuelle demeure la meilleure arme contre ce ravageur. Le soir, on ramasse les larves sous l’éclairage d’une lampe de poche. Une patrouille matinale permet de repérer les dégâts de la nuit et de cueillir les coupables en remuant délicatement la terre au pied des plants attaqués.

Des boîtes de conserve sans fond, enfoncées à 2 cm de profondeur autour des plants les plus vulnérables, offrent une bonne protection; on les laissera en place jusqu’à la fin du cycle larvaire qui se termine ici à la fin de juin.

Pour prévenir le problème à la source, on peut installer des nichoirs à chauves-souris : ces mammifères sont de très efficaces prédateurs de papillons nocturnes. On peut aussi employer un piège lumineux. Dans tous les cas, il est important de couvrir les tas de compost et de fumier avec une bâche à partir de la fin de juillet.

La piéride du chou

(Pieris rapæ ou Imported cabbageworm)

La piéride du chou est un papillon blanc ponctué de noir. D’origine européenne, elle est maintenant répandue sur l’ensemble du continent nord-américain. Elle pond ses œufs durant l’été, principalement sur les plants de choux verts, de brocolis, de choux-fleurs et de choux de Bruxelles. Les œufs sont déposés sur la face inférieure des feuilles; ils éclosent une semaine après la ponte. Les larves, courtes au début, atteignent 3 cm en deux semaines. Pour atteindre cette taille, les larves se nourrissent des feuilles, les criblant de trous. Ce faisant, elles laissent derrière elles de petits amas d’excréments verdâtres. Comme les larves sont difficiles à repérer à cause de leur coloration semblable à celle des feuilles, la présence d’excréments indique qu’une infestation est en cours.

Une vaporisation de BTK au besoin permet alors de neutraliser les larves. Le papillon est actif de juin à septembre. De deux à trois vaporisa- tions peuvent être nécessaires en une saison. Un filet anti-insectes prévient efficacement la ponte du lépidoptère.

En associant les choux au thym et à la sauge, on réduit la sévérité des infestations. Des feuilles de menthe ou d’absinthe hachées, déposées sur les plants, agissent comme répulsif. Le pyrèthre et le neem sont également efficaces contre ce ravageur. 

La chrysomèle rayée du concombre est un insecte jaune rayé de trois bandes longitudinales noires. Elle infeste les plants de cucurbitacées dès leur émergence du sol, et ce jusqu’à leur floraison. 

La chrysomèle rayée du concombre

(Acalymma vittatum ou Striped cucumber beetle)
La chrysomèle rayée du concombre est un insecte jaune rayé de trois bandes longitudinales noires. Elle infeste les plants de cucurbitacées dès leur émergence du sol, et ce jusqu’à leur floraison. Comme l’insecte est vecteur de la mosaïque du concombre et du flétrissement bactérien, on doit absolument le contrôler. L’emploi d’un filet anti-insectes l’empêche d’atteindre les plants : on peut laisser le tissu en place jusqu’à la floraison. Un insecticide à base de pyrèthre permet de contrôler les populations. Il faut toutefois le vaporiser en soirée afin de protéger les abeilles. La récolte manuelle dans les fleurs tôt le matin permet d’en capturer un bon nombre tout comme l’installation de plaquettes jaunes engluées. 

Les pucerons

(Myzus persicæ, Brevicoryne brassicæ et Lipaphis erysimi ou Aphids)

Il existe de nombreuses espèces de pucerons. Ces petits insectes de couleur verdâtre à noire vivent en colonies sous les feuilles et sur les tiges. Ils sucent la sève des plantes qu’ils déforment et décolorent. On les remarque souvent sur les nouvelles pousses. La présence de pucerons est souvent due à un excès d’azote dans la plante.

En cas d’infestation importante, on peut traiter les végétaux atteints à l’aide d’un insecticide à l’ail ou avec du savon insecticide.

Le perce-oreille

(Forficula auricularia ou Earwig)
Le perce-oreille est un insecte importé qui, quoique souvent considéré comme un auxiliaire dans la littérature, endommage certaines cultures dont les laitues et les haricots au stade de plantules. Les dégâts varient selon le nombre en présence. Cet insecte nocturne se réfugie le jour dans les tiges creuses, les débris végétaux, les fissures dans le bois ou les trottoirs. La nuit, il sort de son abri pour s’alimenter.

On capture les perce-oreilles en enfonçant dans le sol des contenants dans lesquels on a versé comme appât de l’huile à friture ou de l’huile de poisson. Du papier journal humide, enroulé, chiffonné et déposé le soir à différents endroits dans le jardin sert de refuges à de nombreux individus ; on peut employer du beurre d’arachide comme appât. On n’aura qu’à brûler les journaux le matin venu. Du savon insecticide ou du savon à vaisselle dilué à 1 % exerce un certain contrôle sur les populations. 

Le taupin

(Limonius agonus ou Wireworm)

La larve du taupin, appelée communément ver fil-de-fer, est cylindrique, dure, luisante et de couleur orangée; elle peut investir les oignons, les pommes de terre, les carottes et les rutabagas. On contrôle ce ravageur à l’automne par un travail du sol qui l’expose à ses prédateurs. Des poules laissées libres dans le jardin à cette période permettent un bon nettoyage du sol.

Le hanneton

(Phyllophaga sp. ou June beetle)

Longues de 3 cm, blanchâtres, munies d’une tête brune et d’une queue bleutée, les larves de hanneton se nourrissent des racines de plusieurs espèces, dont la pomme de terre et le fraisier. Le hanneton adulte pond en juin dans les tas de fumier et de compost. Pour prévenir les infestations, il faut couvrir les tas de compost. Un travail du sol à l’automne ou au printemps expose les larves à leurs prédateurs.

La petite limace grise

(Deroceras reticulatum ou Slug)

Les limaces sont des mollusques visqueux qui se nourrissent du feuillage de nombreuses plantes légumières et ornementales. Elles affectionnent particulièrement la laitue et le chou. Elles prolifèrent par temps humide dans des sols mal drainés. On peut prévenir les dommages en parsemant des coquilles d’œufs broyées ou du poivre de cayenne sur les plants vulnérables et sur leur pourtour. Une décoction concentrée de feuilles de rhubarbe permet de les neutraliser. Une planche disposée à plat près des zones infestées sert d’abri aux mollusques le jour; en soulevant la planche, on peut en capturer un bon nombre. Dans le cas d’infestations importantes, l’emploi de paillis doit être évité et la culture en planches privilégiée.

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Yves Gagnon avec sa fille Catherine Gagnon-Mackay qui a repris la direction de l'entreprise familiale Les Semences du Portage, en 2015. Elle met en marché les semences bio produites par ses parents à Saint-Didace, aux Jardins du Grand-Portage, et de celles de son équipe de semenciers.