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Par Anne Nikka - 18 octobre 2014

Matti Niemelä, ex-Directeur de Technologie chez Nokia, a participé au développement des premiers téléphones portables dans le monde, mais lui-même est tombé gravement malade à cause de leurs rayonnements. En outre, on lui a diagnostiqué une sclérose en plaques. Certaines études indiquent que les rayonnements peuvent accroître le risque de développement de cette maladie.

Pour Matti Niemelä, établi à Tampere, 44 ans, la vie était comme dans un film, lorsque jeune homme, il a été recruté et formé par Nokia en 1997. En presque dix ans, ce jeune surdoué est devenu le Directeur technologique de Nokia, et a participé au développement des premiers téléphones portables dans le monde, des clés USB et des connections WLAN / WIFI. En 2007, la santé de Niemelä s'étant détériorée, sa carrière a pris fin brutalement. Aujourd'hui, cet homme n'est capable de se déplacer qu'avec l'aide d'un déambulateur (ou marchette). Niemelä refuse d'utiliser un fauteuil roulant.

« L'ironie dans tout ça, c'est que je ne peux plus utiliser les appareils que j'ai développé », dit Niemelä en souriant. Niemelä est l'un des malheureux ayant présenté de graves symptômes dus aux rayonnements. « Je me déplaçais partout dans le monde avec un transmetteur à la main, l'exposition aux rayonnements était très forte du matin au soir, et même la nuit. Peu de gens en ont eu une telle dose », dit Niemelä.

Les premiers symptômes s'étaient déjà manifestés au terme de sa première année de travail chez Nokia. « Je jouais alors au badminton, et je n'arrivais plus à servir le moineau, bien que j'y jouais depuis un moment. » Au début, Niemelä n'osa pas aller chez le médecin, principalement à cause de la peur du cancer du cerveau qui était déjà présente. Les symptômes ont empiré d'année en année. « Je ne pouvais pas parler sur le téléphone portable tout en marchant, parce que cela me causait des problèmes de coordination. » Plus le rayonnement était intense, plus il avait des troubles de l'élocution. « De plus, mon oreille était chaude lorsque je parlais longtemps. J'ai insisté jusqu'au jour où je n'ai plus senti ma peau. Alors il a fallu aller chez le médecin », explique Niemelä.

En 2001, des imageries par résonance magnétique et des échantillons de liquide céphalo-rachidien ont permis de révéler la triste vérité : la sclérose en plaques. « Je fus même un peu soulagé, car on peut vivre avec la sclérose en plaques, mais pas avec le cancer du cerveau. » D'après Niemelä, les membres du personnel médical ne souhaitent pas se prononcer sur le fait que la sclérose en plaques ait été déclenchée par le téléphone portable. Les résultats d'études préliminaires montrent cependant que les rayonnements augmentent le risque d'apparition de cette maladie. « Je suis un profane, pas un médecin. Il y a certainement plusieurs raisons à l'émergence de la sclérose en plaques, et pas seulement les radiations du téléphone cellulaire. Pourtant, les radiations multiplient bel et bien les symptômes de ma maladie. En outre, les symptômes de la sclérose en plaques peuvent être facilement confondus avec les symptômes de radiation du téléphone portable », explique Niemelä.

Durant l'interview, Niemelä a de plus en plus de mal à articuler. Il y a un panneau dans le couloir qui demande au public d'éteindre son téléphone. Une petite dose de radiation, c'est déjà trop. « Je ne suis plus en mesure d'aller au cinéma ou de rester très longtemps dans les espaces publics, avec plein de rayonnements. Je ne suis pas sorti depuis longtemps », dit Niemelä, la quarantaine, qui doit désormais accepter que les murs de sa maison sont ceux d'une prison.

Bien que Niemelä y ait laissé sa santé, sa carrière, et plus récemment son mariage, il n'en rend personne responsable. « Je n'ai pas d'amertume, c'était mon choix de travailler chez Nokia. » Il ne veut pas non plus effrayer trop de monde avec les dangers du téléphone portable. « Une personne en bonne santé peut utiliser un téléphone portable de façon raisonnable. »

Niemelä admet que de rendre son histoire publique comporte un gros risque. « J'ai peur d'en parler en public, parce que je ne veux pas être traité de fou. » Niemelä explique que chez Nokia, le sujet de la radiation des téléphones cellulaires a toujours été un tabou permanent. « On n'était pas autorisé à aborder ce sujet au sein de l'entreprise. Pourtant, parmi le personnel, il a été spéculé que les rayonnements pouvaient faire des dégâts. Cependant, personne n'a osé en parler, de peur de se faire renvoyer. »

Niemelä dit avoir abordé la question pour la première fois avec le médecin en 2006. « Le médecin m'a dit qu'il avait plusieurs patients qui souffraient des mêmes symptômes que moi », confie Niemelä. Niemelä est particulièrement inquiet pour les enfants et l'utilisation qu'ils font du téléphone portable, car la distance recommandée à maintenir entre l'appareil et l'oreille ou la tête n'est pas du tout respectée. « Ces choses ont été mises sous silence pendant trop longtemps. J'espère qu'à l'avenir, il sera possible de parler sans crainte et ouvertement de ces symptômes. »

Traduction d'un article publié dans le journal finlandais Satakunnan kansa. [Traduction anglaise par Henrik Eiriksson, et traduction française par Marie-Gabrielle ssedition@mailoo.org.]

Source: http://betweenrockandhardplace.wordpress.com/2014/10/18/former-nokia-technology-chief-mobile-phones-wrecked-my-health/