Photo : Yves Poissant.
Photo : Yves Poissant.

Perfectionniste et passionné d'énergie solaire, Yves Poissant pratique ce qu’il prêche. Chercheur spécialiste des technologies solaires photovoltaïques au laboratoire CanmetÉNERGIE, de Ressources naturelles Canada, à Varennes, ce physicien fut l’un des premiers Québécois à adhérer à l’option de mesurage net d'Hydro-Québec en tant qu’autoproducteur d'électricité issue d'une énergie renouvelable. Cette option tarifaire accorde des crédits permettant de réduire la facture d'électricité en échange des watts solaires autoproduits et dirigés vers le réseau lorsque non consommés par le client.

Sa conjointe Nathalie Demers et lui ont fait construire voici quatre ans une maison solaire à Saint-Basile-le-Grand, en Montérégie. D'une valeur de 350 000 $, terrain exclu, il s'agit d'une résidence certifiée Novoclimat et dotée de murs ÉcoTerra, à très haute efficacité énergétique.

Le couple y a aménagé en septembre 2008 et le raccordement d’un système photovoltaïque, convertissant la lumière en électricité installé sur la toiture, a été réalisé début février 2009.

Leur maison comprend une surface habitable de 1 758 pi2 et un sous-sol de 728 pi2. Elle bénéficie d'une vaste fenestration orientée sud tout en étant réduite sur le côté nord. L'espace réservé au garage n'est pas chauffé. « Nous voulions une habitation qui soit conforme à nos valeurs. C'est-à-dire, une résidence qui permet l'élimination du gaspillage grâce à son isolation et à son étanchéité à l'air, explique Yves Poissant. Ensuite, nous tenions à consommer de façon efficace et, enfin, à combler nos besoins énergétiques restants en recourant à l'énergie solaire. »

Le solaire plutôt que l'esthétique
Le couple a toutefois dû faire des choix économiques. Ils s'étaient fixés un objectif préalable : les coûts qu'ils allaient devoir investir pour se convertir à l'efficacité énergétique et à l'énergie solaire active ne dépasseraient pas 10 % du coût de construction de leur résidence.

« On s'est rendu compte qu'il fallait renoncer au revêtement de brique qui devait couvrir trois murs de la maison. C'est sans doute esthétique, mais cela nous aurait coûté 30 000 $. On a plutôt choisi d'investir ce montant dans des solutions d'efficacité énergétique et de se contenter de trois murs en clin de vinyle », indique Yves Poissant.

Pour atteindre leur objectif, le couple, qui a aujourd'hui deux enfants, a acquis en 2008 un système photovoltaïque comprenant des capteurs Kyocera d’une puissance totale de 1,3 kW et d’une superficie de 9,3 m2, ainsi qu’un onduleur Kaco) de 1,5 kW. Le système a coûté 10 000 $, contrôleur de charge, câbles et installation inclus.

Ils ont aussi acheté une pompe à chaleur air-air d'une valeur de 5 000 $ et doté d’un thermostat programmable. De surcroît, ils ont fait installer un chauffe-eau solaire domestique pour 7500 $. Également montés sur la toiture, ses deux capteurs solaires thermiques comblent environ 50 % des besoins annuels en eau chaude domestiques de la famille de quatre personnes. En été, le système comble 100 % des besoins d’eau chaude.

Par ailleurs, ils ont dépensé 1 500 $ pour l'acquisition d'un ventilateur récupérateur de chaleur qui recycle entre 67 et 73 % de l'air vicié et 800 $ pour un récupérateur d'eaux grises qui récupère entre 25 et 45 % de la chaleur de l'eau du drain. Ajoutons qu'au départ, ils ont également dû débourser 7000 $ pour assurer leur conformité à la norme Novoclimat. Toutefois, 2000 $ ont été remboursés par l'Agence de l'efficacité énergétique. Évidemment, il faut ajouter à tous ces montants les 400 $ versés à Hydro-Québec pour adhérer à l'option mesurage net, ce qui inclut l'installation du compteur bidirectionnel. Au total, ces investissements représentent 8 % du coût de construction, soit 2 % inférieur à ce que le couple avait initialement planifié.

Des résultats surprenants


 Photo : Patrick Savoie
Photo : Patrick Savoie

M. Poissant s'est livré à une étude détaillée des résultats obtenus grâce à ses solutions énergétiques. Ils sont étonnants. La consommation de sa famille s'est établie à 10 866 kWh en 2011. Cela représente en moyenne une consommation quatre fois inférieure à une maison aux dimensions équivalentes construites entre 1983 et 2010. C'est également la moitié de la consommation des habitations Novoclimat construites en 2010. Par ailleurs, en renonçant aux trois murs de brique et, par le fait même, en faisant un concession esthétique au profit d'un revêtement tout aussi solide et durable en clin de vinyle, il se retrouve à payer annuellement un hypothèque de 2031 $ à laquelle s'ajoute une facture d'Hydro-Québec de 965 $. Dans le second cas de figure, incluant les murs de brique, l'hypothèque demeure identique, mais la facture de la société d'État grimpe à 2889 $! De plus, les économies ainsi réalisées continueront à augmenter avec la hausse de la TPS, de la TVQ et, inévitablement, du tarif de base de l'électricité.

Il a également mesuré sa consommation par rapport à un l'outil comparatif fournit sur le site d’Hydro-Québec. « Résultat : seulement 3 % des ménages semblables au mien consomment moins d'électricité que nous! », déclare Yves Poissant.

Le couple ne compte pas d'arrêter en si bon chemin. Il vient de se procurer un véhicule (Volt 2012, de Chevrolet) qui affiche une autonomie prolongée de 580 kilomètres. En parallèle, Les Poissant-Demers continuent la traque au gaspillage en remplaçant progressivement leurs appareils électroménagers et électroniques par des produits certifiés ÉnergyStar. Autant que possible dans la maison, de nouvelles ampoules fluocompactes ou DEL (diodes électroluminescentes) ont été installées.

Ils se sont aussi achetés un moniteur de consommation TED (The Energy Detective). D'une valeur de 200 $ permet de visualiser en temps réel leur consommation énergétique ainsi que leur production d'électricité solaire. Ce genre d'outil est essentiel pour tout autoproducteur consciencieux, et encore plus pour un perfectionniste de la trempe d'Yves Poissant!  

Pour en savoir davantage, ne manquez pas notre grand dossier sur le PV dans notre numéro du printemps 2013.

Lire aussi l'article de Carole Thibodeau Un toit griffé, sur Cyberpresse.