
Selon son site Web : « Il a passé toute sa carrière à l'hôpital de l'administration des anciens combattants de Syracuse, dans l'État de New York, où il a occupé les fonctions de chef du service de chirurgie orthopédique, directeur de la recherche et directeur d'un laboratoire de recherche consacré à l'étude du rôle des phénomènes bioélectriques dans la croissance et la guérison, la régénération des tissus, le contrôle des infections et l'impact sur la santé des énergies électromagnétiques artificielles présentes dans l'environnement. »
Nominé deux fois pour le prix Nobel, Robert O. Becker a été réduit au silence pour ses recherches révolutionnaires sur les champs électromagnétiques. De l'avis général, il aurait dû être célébré comme l'un des plus grands esprits scientifiques du XXe siècle. Au lieu de cela, il est devenu un exemple édifiant de ce qui arrive lorsque la science ose défier le pouvoir.
Par Paurush Omar, Economic Times, 5 mai 2025, adapté par André Fauteux
Le Dr Robert O. Becker (1923-2008) fut un pionnier dans le domaine de la bioélectricité, jusqu'à ce qu'il dénonce les dangers potentiels des champs électromagnétiques. Ce lanceur d'alerte américain a été rapidement réduit au silence. Privé de ses financements, sa carrière fut démantelée.
Vétéran décoré de la Seconde Guerre mondiale, chirurgien orthopédiste et pionnier dans l'étude de la bioélectricité, l'héritage de Becker s'annonçait aussi brillant que les courants électriques qu'il avait étudiés toute sa vie.
Deux fois nominé pour le prix Nobel de médecine pour ses travaux révolutionnaires sur la régénération tissulaire, Becker a découvert une vérité puissante : notre corps réagit non seulement de manière chimique, mais aussi électrique, et ces processus électriques naturels peuvent être profondément perturbés par les champs électromagnétiques (CEM) créés par l'homme.
Mais en 1977, alors que le public commençait à prendre conscience des CEM, Becker a commis une erreur fatale : il a tiré la sonnette d'alarme.
Projet Seafarer : quand la marine a fait taire ses propres membres
Le tournant a eu lieu lorsque Becker est apparu dans l'émission d'investigation 60 Minutes, animée par Dan Rather. L'épisode, intitulé « Project Seafarer », se penchait sur le gigantesque système de communication électromagnétique des sous-marins de la marine américaine, basé sur des ondes à très basse fréquence (ELF). Becker, consultant en études biologiques pour la marine, a témoigné que les animaux exposés aux champs ELF grandissaient plus lentement, présentaient des signes de stress biologique et, dans certains essais sur l'homme, affichaient des taux élevés de lipides sanguins, un marqueur précoce des maladies cardiovasculaires.
« Oui », a-t-il répondu calmement à l'antenne, lorsqu'on lui a demandé si ces champs pouvaient provoquer des maladies cardiaques ou des accidents vasculaires cérébraux. Il n'était pas alarmiste, il était précis. Mesurée. Mais ses paroles ont eu l'effet d'un choc électrique à la télévision nationale.
En moins d'une semaine, le financement du laboratoire de Becker a disparu. Son programme de recherche, autrefois florissant, a été démantelé. Sa carrière dans la médecine universitaire s’et effondrée sous le poids d’une discrète représaille administrative. Il était devenu un scientifique gênant.
Une connaissance dangereuse
Les recherches de Becker suggéraient que les champs électriques du corps humain, qui jouent un rôle essentiel dans la guérison et la régénération, pouvaient être perturbés par une exposition électromagnétique externe. Il ne s'agissait pas de spéculations marginales, mais d'une science de pointe, corroborée par des études et des publications évaluées par des pairs. Mais ces conclusions entraient en conflit avec les intérêts du complexe militaro-industriel et, plus tard, de l'industrie des télécommunications en pleine expansion.
A l'époque, les principaux responsables étaient les lignes électriques, les tours de radio et les antennes militaires. Aujourd'hui, nous nageons dans un océan numérique de routeurs Wi-Fi, de cellulaires, d'appareils Bluetooth et réseaux 5G, autant de CEM artificiels qui n'existait pas dans l'histoire évolutive de notre espèce.
Becker a vu ce que peu d'autres osaient voir : une crise de santé publique émergente, cachée à la vue de tous. Il a averti que, plutôt que de réagir avec prudence, les institutions avaient choisi le déni. « Lorsqu'une étude commence à mettre en évidence des effets néfastes, a-t-il déclaré, les fonds se tarissent. » C'était il y a près de 50 ans.
L'homme dans la cage de Faraday
L'héritage de Becker perdure dans des endroits improbables, comme la chambre tapissée de papier d'aluminium de Tim Hallam, un Britannique qui a transformé sa chambre en cage de Faraday artisanale. Il n'est pas paranoïaque, mais électrosensibles, souffrant de symptômes allant des maux de tête et de la sécheresse oculaire à l'insomnie et à l'irritabilité en présence de rayonnements à haute fréquence. Hallam estime avoir dépensé plus de 1000£ sterling pour se protéger des CEM quotidiens. Pour des personnes comme lui, Becker est un prophète dont les avertissements ont été ignorés.
La science traditionnelle commence lentement à reconnaître les dangers potentiels. L'organisation mondiale de la santé classe les champs électromagnétiques des téléphones mobiles dans le groupe 2B des substances cancérogènes, c'est à dire « potentiellement cancérogène ». Les législateurs européens ont demandé des restrictions sur le Wi-Fi dans les écoles et sur l'utilisation des téléphones portables par les enfants. Pourtant le financement des études à grande échelle reste incohérent et souvent opaque.
Ce que Becker savait et que nous avons oublié
Robert Becker n'était pas un fanatique anti-technologie. C'était un médecin déterminé à comprendre les mécanismes naturels du corps et à trouver des moyens de les protéger. Influencée par des penseurs tels que Norbert Wiener et Albert Szent-Györgyi, son approche biocybernétique visait à intégrer la biologie, la physique et la théorie des systèmes. Il s'est demandé comment les tissus savaient comment croître, guérir ou se régénérer, un processus qui, selon lui, était régi par des champs électriques et non uniquement par la chimie.
Ces premières recherches ont contribué à lancer le domaine de la bioélectromagnétique. Il a découvert que le corps émet des signaux électriques de faible intensité pendant la cicatrisation des plaies et que ceux-ci peuvent être stimulés artificiellement pour favoriser la régénération. Ces découvertes étaient très prometteuses, du traitement des lésions de la moelle épinière à la repousse des membres, mais elles ont été mises de côté, car ces avertissements plus généraux ont fait de lui un paria.
Becker n'a pas seulement été écarté, il a été rayé de la carte. Pendant des années son nom a rarement été mentionné dans les cercles universitaires, malgré ses distinctions et ses découvertes pionnières. Il est décédé en 2008 largement oublié par les institutions qu'il avait autrefois servies.
Le coût de la mise au ban d'un scientifique
Pourquoi est-ce si important aujourd'hui? Parce que l'histoire de Becker n'est pas seulement celle d'un martyr professionnel, elle est le reflet de notre époque. Les outils et les réseaux sur lesquels nous comptons quotidiennement, des cellulaires aux maisons intelligentes, fonctionnent dans un paysage de fréquences dont les effets à long terme sont encore mal compris.
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Dans les années 1990, le Dr Robert O. Becker a signé les succès de librairie The Body Electric (que l’on peut télécharger gratuitement ici) et Cross Currents.