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© ISOBLOC
André Bourassa était sceptique. En tant que cofondateur du Rendez-vous des écomatériaux, le béton et le polystyrène expansé (PSE) ne sont pas ses matériaux favoris. Mais il a tellement été séduit par le produit usiné Isobloc qu'il l'a présenté - en plus des murs en béton de chanvre usinés en France par Wall'up Préfa - dans le cadre d'une récente conférence sur les matériaux innovants1.
Développé depuis 1984, l’Isobloc permet de construire rapidement, et en une seule étape, des murs porteurs massifs, très durales et complets incluant l'isolation (R-25 sans ponts thermiques) ainsi que les finis intérieurs et extérieurs.
« Ça élimine les déchets et diminue le recours à divers corps de métiers de la construction classique », dit M. Bourassa qui fut le président de l’Ordre des architectes pendant huit ans. Ce qui l’a particulièrement impressionné, c’est le témoignage d’un utilisateur dont les murs construits en 1984 n’ont jamais requis d'entretien ni de réparations, en 40 ans, même à la suite d'un sinistre. « Ça s'est passé au Québec, dans un garage en Isobloc; un camion a brûlé, mais un ingénieur en structure a confirmé que le PSE n'avait pas fondu. »
Ces murs résistent au feu pendant deux heures et sont imputrescibles. Ils intègrent un cœur de PSE d'environ 4,75 pouces d'épaisseur qui est embouveté en queue d'aronde de chaque côté dans deux plaques de béton architectural de 2,6 pouces chacune.
Un maçon professionnel ou un autoconstructeur minutieux peut ainsi ériger une maison saine et performante trois fois plus vite qu'une construction classique. « Il faut 1 200 blocs par 1 000 pieds carrés (pi2) habitales. Il en coûte entre 30 $ et 40 $ le pi2 selon le maçon qui les installe ainsi que les coûts de transport, la couleur et la texture du fini architectural, explique Éric Dionne, propriétaire depuis deux ans de l’entreprise de Mascouche. Un autoconstructeur peut poser lui-même 300 à 400 blocs par jour puisque leurs contours sont embouvetés. »
Logements abordables et durables
Le promoteur Gabriel Dubois construira prochainement jusqu'à 300 petites maisons en Isobloc d'une superficie variant de 644 à 912 pi2, à proximité du centre-ville de Chertsey, dans Lanaudière. « Chaque terrain de 64 583pi2 (6 000 m2) accueillera trois unités : deux maisons jumelées et une troisième détachée située dans la cour arrière. Ces habitations seront offertes en location, avec chauffage, Internet et ameublement inclus, garantissant ainsi une certaine commodité tout en restant abordables », dit-il. La première phase du projet, comprenant 168 logements, débutera en août. (L'architecte retraité et consultant André Bourassa n’est pas associé à ce projet.)
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Le promoteur immobilier Gabriel Dubois construira jusqu'à 300 petites maisons en Isobloc.
Design et matériaux innovants
« Avec des murs en béton ultra résistants, des plafonds ainsi que des divisions intérieures en bois, ces maisons arboreront un style rustique-industriel », explique M. Dubois.
Son entreprise Terrain Dubois vend également des terrains partout dans Lanaudière, « une région où les prix restent encore accessibles et où l'investissement demeure intéressant. »
En collaboration avec le fabricant Isobloc, M. Dubois élabore un nouveau concept de maisons qui sera dévoilé prochainement. « Ce sera un tournant décisif pour les autoconstructeurs qui souhaitent une petite hypothèque tout en bénéficiant d’une maison de qualité, précise-t-il. En effet, le coût d'une maison en Isobloc équivaut à celui d’une maison conventionnelle de moindre qualité. »
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Eficacité énergétique exceptionnelle
Confiant quant à l’efficacité énergétique de ses maisons, Gabriel Dubois n’hésite pas à inclure les coûts de chauffage dans le loyer. « Grâce à leurs murs très étanches, leur isolation supérieure et la masse thermique du béton qui stocke la chaleur ou la fraîcheur, ces petites maisons offriront un confort maximal tout en garantissant une consommation énergétique minimale. »
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En 2022-2023, l’ingénieur civil et menuisier Carl Poirier a autoconstruit sa « maison performante de rêve » en Isobloc. « Ma première facture d'électricité annuelle était de 1 500 $, ceci pour une supeficie de 3 000 pi2 chauffée par un système géotermique. J'ai sauvé 300 000 $ en construisant moi-même et en engageant des sous-traitants. L’Isobloc est un produit haut de gamme qui passe le temps quand il est bien mis en œuvre. Il requiert une fondation de 10 pouces ou une dalle monolithique pour laquelle, selon mon expérience, les municipalités demandent un plan d'ingénieur étant donné qu'elle l’on sort du cadre standard de construction, même pour un bâtiment non habité, comme un garage », précise l’ancien copropriétaire d’Isobloc qui œuvre désormais au sein de la grande firme de génie CIMA+.
Monsieur Poirier agit aussi à titre de directeur technique d’Isobloc pour les futures générations du produit qui seront notamment à base de ciment à faible empreinte de carbone.
1. Écouter sur notre chaîne YouTube la présentation d’André Bourassa ainsi que les autres conférences présentées les 16 et 17 novembre 2024 lors de l’événement L’habitat vers 2030, organisé dans le cadre du 30e anniversaire de La Maison du 21e siècle.