Hydro-Québec a financé l'installation de centaines de panneaux photovoltaïques qu'elle teste sur le micro-réseau de Lac-Mégantic. Photo : Robert Skinner, La Presse

C'est lors d'une entrevue télévisée avec le super ministre Pierre Fitzgibbon sur les énergies renouvelables que tout a commencé. J'ai été frappé par son omission troublante : il n’a alors jamais mentionné l’énergie solaire. Pourtant, le Québec possède un potentiel solaire considérable et cette ressource propre et abondante ne peut être ignorée.

C'est pourquoi j’ai décidé de rassembler une équipe de spécialistes québécois en énergie solaire pour donner l’heure juste sur le potentiel de l'énergie solaire photovoltaïque (PV) dont la société québécoise se prive inutilement. Des experts du monde académique, scientifique et commercial ont répondu à l'appel, apportant leurs connaissances pointues et leur passion pour l'énergie solaire. Au bout de six mois de travaux, nous avons rédigé puis soumis un mémoire dans le cadre de la consultation actuelle sur l’avenir énergétique du Québec. Il formule des propositions de politiques gouvernementales ambitieuses mais réalistes qui permettrait à Hydro-Québec de combler jusqu’au quart de ses futurs besoins en électricité.

« Le plan soumis au gouvernement suggère qu’il est réaliste d’aller chercher 2 000 mégawatts d’énergie solaire avec des appels d’offres réservés à ce type d’énergie et 2 000 mégawatts supplémentaires en encourageant l’installation de panneaux solaires sur les toits des bâtiments résidentiels, commerciaux et institutionnels qui peuvent en accueillir, explique Mike Perrault, président de Rematek Énergie, principal distributeur de produits d’énergies renouvelables dans l’est du Canada. La version prudente de ce plan baptisé « On compte sur toit » pourrait combler 12 % des besoins identifiés par Hydro-Québec à l’horizon 2032, une part qui pourrait atteindre 25 % dans un scénario plus musclé. »

Nous proposons également d’offrir un crédit d’impôt provincial de 20 % qui viendrait s’ajouter au crédit fédéral de 30 % accordé à l’achat de technologies de l’énergie vertes et systèmes de stockage. Un tel crédit d’impôt provincial encouragerait les propriétaires d’immeubles à investir dans l’énergie solaire puisqu’il réduirait de 12,2 ans actuellement à moins de dix ans la période de récupération de l’investissement, calcule M. Perrault et son directeur-général Marco Deblois. Rematek Énergie a notamment fourni les toits solaires de la Maison Simons, à Québec, et de la firme d’architectes Lemay, à Montréal.

Notre mémoire a également été rédigé avec ces sommités : l’ingénieur Dan Boucher, fondateur de vadiMap ; l’ingénieur Martin Bourbonnais, titulaire du Centre-Terre au Cégep de Jonquière; l’ingénieur Bernard Cyr, ancien expert du réseau d’Hydro-Québec et consultant fondateur de BC Énergies; le physicien Yves Poissant, spécialiste du PV au laboratoire Canmet-Énergie de Ressources naturelles Canada (RNCan); et l’ingénieur Jimmy Royer, ancien gestionnaire de programme en énergies renouvelables à RNCan et consultant fondateur de Solener.

Notre mémoire recommande qu’Hydro-Québec achète l’énergie PV à un tarif intéressant, estimé à 16 cents du kilowattheure (kWh) pour une résidence et à 13 cents le kWh pour un immeuble commercial. Au moins deux fois plus élevés que le prix de 6 cents/kWh payé par Hydro-Québec aux producteurs privés d’énergie éolienne, ces tarifs peuvent paraître de premier abord trop élevés, mais il n’en est rien. « Une résidence ou un commerce équipé de panneaux solaires fournit de l’énergie là où on la consomme et ne nécessite pas d’investissements coûteux dans un réseau de transport et de distribution, rappelle Mike Perrault. C’est parce qu’on ne considère pas ces coûts que l’énergie éolienne semble moins chère. »

Si appliquées, ces recommandations favoriseraient l’avancement du solaire au Québec au bénéfice de tous. Elles devraient inciter nos élus à repenser leurs priorités énergétiques et à placer le solaire au cœur des politiques énergétiques de la province. De plus, elles peuvent mobiliser les citoyens, les entreprises et la société civile pour embrasser cette technologie propre et abordable.

Il est grand temps de reconnaître l'immense potentiel de l'énergie solaire, de prendre des mesures concrètes pour encourager son adoption et de permettre à cette source d'énergie propre de briller au Québec.

Pour en savoir davantage 

Étude du potentiel et des opportunités de l’énergie solaire PV+batterie. Opportunité collective « On compte sur TOIT », soumise par l’association Énergie Solaire Québec dans le cadre de la consultation sur l’encadrement et le développement des énergies propres au Québec.

L'énergie solaire veut se porter à la rescousse d'Hydro-Québec (lapresse.ca)

L'auteur est président de l’association Énergie Solaire Québec (esq.quebec)

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