Ayant failli laisser sa peau dans un incendie, Philippe sait que la santé et la sécurité doivent passer avant tout. 

Philippe Potvin-Lefebvre est un perfectionniste qui a appris le travail minutieux très jeune, au 32e de pouce de précision. C’est qu’avant de devenir charpentier-menuisier il y a 18 ans, ce fils d’ébéniste a œuvré dans l’entreprise familiale à fabriquer des armoires de cuisine et du mobilier. Il est donc un habitué des clients à l’œil de lynx.

Depuis trois ans, sa propre compagnie, Toundra Construction, de Val-David, a pris le virage vert. « On accompagne les clients qui veulent une maison de qualité en offrant une large palette d’options, de la maison standard bien scellée jusqu’à la maison passive. »

Comme l’étanchéité à l’air et à l’eau est une de ses priorités, il inclut un test d’infiltrométrie dans tous ses projets tandis qu’il suit la formation Novoclimat, le programme québécois de maison neuve à haute efficacité énergétique qui offre ce test gratuitement aux clients qui souhaitent que leur maison reçoive cette homologation prestigieuse.

Il confie qu’il y a une grande différence entre les entrepreneurs qui accordent une attention particulière à l’étanchéité de l’enveloppe et ceux dont les maisons sont fermées à la hâte. « De la laine isolante installée même s’il y a de la glace dans les murs, pour nous c’est non, mais ça se fait encore! Un isolant mal posé qui laisse un petit jour d’un quart de pouce, on verra une patch de glace apparaître à travers le pare-vapeur. »

Philippe se dit très fier de ses employés. « J’ai deux équipes de gars super soucieux de l’étanchéité, se félicite-t-il. On le faisait déjà de bonne foi, sans mesurer, mais notre premier test d’infiltrométrie a surpris l’inspecteur : on était à 0,58 changement d’air à l’heure à 50 pascals, donc sous les exigences PassivHaus (0,6) et Novoclimat (1,5). »

Philippe a suivi la formation de base en écoconstruction certifiée LEED (Leadership in Energy and Environmental Design), puis quatre cours offerts par l’organisme Écohabitation, et il commencera la formation Passivhaus en janvier.

C’est juste avant la pandémie que Philippe et sa conjointe Marie-Pier Dionne ont décidé que Toundra Construction prendrait le virage vert. « On étaient à Panama City, les émissions de diésel nous étouffaient, les gens brûlaient leurs déchets et on regardait une émission de télévision sur l’environnement. C’est là que je me suis dit : ‘’Mon dieu, il faut faire quelque chose pour la planète.‘’ »

Déjà adepte de la réduction des déchets de construction, Philippe a suivi la formation de base en écoconstruction certifiée LEED (Leadership in Energy and Environmental Design), puis quatre cours offerts par l’organisme Écohabitation, et il commencera la formation Passivhaus en janvier.

« On a enfin un client qui veut faire certifier sa maison LEED le printemps prochain », s’enthousiasme-t-il.

Philippe a particulièrement apprécié la formation Maisons passives :  vers l’hyperperformance donnée par le fondateur d’Écohabitation, Emmanuel Cosgrove. « C’est devenu presque un must d’avoir des murs qui respirent » [diffusent la vapeur], dit-il en vantant les mérites des membranes et rubans suisses de marque SIGA, qui laissent sortir l’humidité des murs tout en empêchant que celle dans la maison y migre, comme c’est le cas avec d’autres pare-vapeur dits intelligents. Exit les rubans de construction bas de gamme, lance Philippe : « J’ai déjà vu un ruban rouge décoller d’un plafond à cause de la pression d’air du gun à clou! »

Comptoir en granite et quartzite.

Selon lui, le surcoût des bons rubans et membranes, typiquement de 3 000 $ à 4 000 $ par maison, vaut son pesant d’or. « Un client qui voulait se construire une grande maison m’a déjà fait savoir : ‘’C’est ma maison personnelle, je ne veux rien de spécial.‘’ Je lui ai répondu : ‘’Raison de plus pour avoir une bonne enveloppe! Ce n’est pas seulement une question de conviction, c’est aussi une économie de frais.‘’ Il n’y a pas de discussion à avoir, à mon sens. Ça se paie tout seul et rapidement, pas en 20 ans comme pour une maison hyperperformante à double ossature qui revient cher de main-d’œuvre. »

Le marché québécois de la construction écologique a fait un bon bout de chemin depuis 2010, affirme Marie Pier. « Pour notre première maison, c’était difficile de trouver de l’information sur le solaire passif et on ne trouvait pas d’isolant de chanvre », raconte la titulaire d’une maîtrise en éducation qui gère l’aspect financier des projets tout en accompagnant les clients dans les choix de produits et fournisseurs.

Aujourd’hui, ils ont testé plusieurs produits et systèmes muraux, comme le Zip System d’Huber, le polystyrène SR. Radiant Blue Fox de Styrorail, la laine de roche ignifuge Comforbatt de Rockwool et de chanvre de Nature Fibres, ainsi que les panneaux de fibre de bois SONOclimat eco4 de Matériaux spécialisés Louiseville.

Leur maison modèle est même dotée du récupérateur des eaux de pluie Rewatec qui sert pour l’arrosage extérieur, les toilettes et la lessive. « On vient de passer une canicule et on a économisé 5 000 litres d’eau potable », dit-il en mentionnant qu’avec les changements climatiques, de plus en plus de gens ont des puits qui manquent d’eau.

Ayant failli laisser sa peau dans un incendie, Philippe sait que la santé et la sécurité doivent passer avant tout. Il utilise donc des peintures et des panneaux d’armoires à faibles émissions de composés organiques volatiles dans toutes ses maisons. Les panneaux de particules NU Green 2 d’Uniboard ou TAFIPAN-EVOLO de Tafisa, sans résine urée formol, ne coûtent qu’une vingtaine de dollars de plus que les panneaux qui émettent beaucoup de formaldéhyde irritant et sensibilisant aux produits chimiques, fait-il remarquer. On serait fou de s’en passer!

« Nous vivons avec nos deux jeunes enfants, pour nous c’est vraiment important de leur offrir un environnement sain. D’ailleurs, un des prochains sujets qu’on veut approfondir en formation est justement les intérieurs sains. »

Le système de récupération et de gestion de l'eau de pluie Rewatec.