L'auteur est webmestre du site www.cqlpe.ca
Il y a dix ans, Hydro-Québec entamait le remplacement massif de son parc de compteurs par ses tristement célèbres compteurs nouvelle génération, souvent appelés intelligents ou communicants suite à la forte grogne populaire contre ce choix technologique. Près de 3% de sa clientèle a depuis lors choisi d'opter plutôt pour un appareil non-communicant, n'émettant rien, afin de ne pas être exposée aux rayonnements émis environ 2 000 fois par jour par ces compteurs communicant par radiofréquences. Comme on peut le voir dans mon précédent article, plus de 17 500 clients* d'Hydro-Québec résistent encore au changement de leur compteur électromécanique. Si vous désirez faire remplacer un compteur communicant par un non communicant, vous trouverez ICI comment procéder. Toutefois, qu'il soit communicant ou non, un autre danger guette les clients d'Hydro-Québec.
Dès le début de leur déploiement au Québec, de nombreux incendies ont été rapportés dans les médias et dans, certains cas, il était assez évident qu'ils avaient été déclenchés par l'installaton de compteurs sur des embases dont les mâchoires (de réception des broches de branchement plus minces des nouveaux compteurs électroniques) n'étaient pas adaptées pour ces appareils en plastique, facilement inflammables comparativement aux anciens compteurs électromécaniques en métal.
D'ailleurs, en novembre 2013, la Corporation des maîtres électriciens du Québec (CMEQ) recommandait d'inspecter le système électrique d'une maison, y compris le compteur électrique, aux cinq ans. Son communiqué expliquait : « À la suite d'un incendie survenu dans les embases des compteurs électriques d'un immeuble résidentiel de la région montréalaise, la CMEQ juge important de rappeler aux consommateurs qu'une installation électrique peut, avec le temps, ne plus être adéquate et sécuritaire, et ce, en dépit du fait qu'elle soit fonctionnelle. Conséquemment, à titre préventif, une inspection est fortement recommandée. Une résidence construite depuis plus de 25 ans dont l'installation électrique n'a fait l'objet d'aucuns travaux de rénovation ou d'entretien préventif devrait préférablement être soumise à une inspection complète par un maître électricien.
Il arrive que de la rouille apparaisse sur les boîtiers et les perfore ou encore que des composantes se desserrent, se brisent ou se corrodent, occasionnant un mauvais contact. Ces altérations à l'installation électrique produisent des arcs électriques (éclairs bleus) qui peuvent être ou non perceptibles. Lorsque perceptibles, les résidants observent des interruptions de courant de très courtes durées ou des fluctuations dans l'intensité de leur éclairage, une sorte de clignotement. »
Enquête citoyenne
Comme me l'a rappelé par courriel récemment Sharon Noble, membre fondatrice du groupe Citizens For Safer Tech :
« Il m'a fallu trois ans de lecture de rapports d'incendies et de questions pour trouver la confirmation de 42 incendies de compteurs communicants en Colombie-Britannique. Ce qui rend les choses vraiment difficiles, c'est que la compagnie d'électricité est autorisée à retirer le compteur (c'est son équipement) avant que les inspecteurs d'assurance ne le voient. C'est contraire à la loi, mais c'est autorisé partout, pas seulement en Colombie-Britannique. Il n'y a pas de preuve, seulement des soupçons. L'assurance paie et les primes d'assurance de la victime augmentent, tandis que le fabricant du compteur et la compagnie d'électricité sont libres de continuer leur manège.
BC Hydro, et je crois que c'est le cas pour d'autres compagnies d'électricité, disent qu'ils sont propriétaires du compteur, mais que le propriétaire de la maison est également propriétaire du socle. Par conséquent, si l'incendie est causé par un arc électrique parce que l'installation a été mal faite ou que les mâchoires sont écartées, s'il s'avère que l'incendie a été causé par le socle du compteur, il s'agit de l'équipement du propriétaire et donc de sa responsabilité. Des électriciens m'ont dit qu'à chaque fois que le compteur est enlevé et remplacé, les mâchoires peuvent être légèrement plus écartées. Cela provoque des arcs électriques et un bon installateur vérifiera ce point. Mais en Colombie-Britannique, Hydro a choisi la voie la moins chère et a engagé Corix pour s'occuper de l'installation. Corix* a embauché les premiers venus et leur a donné une formation très sommaire. Les installateurs ont reçu un quota de compteurs à installer, ils ont donc travaillé rapidement et pas aussi soigneusement qu'un électricien l'aurait fait. Le remplacement des compteurs devrait normalement être effectué par une personne hautement qualifiée. »
Au Québec, Hydro-Québec a procédé exactement de la même manière négligente que BC Hydro en confiant au sous-traitant Capgemini la responsabilité de faire remplacer ses compteurs à la va-vite, sans enlever d'abord le courant, par des personnes insuffisamment qualifiées avec à peine trois semaines de formation (Voir Hydro-Québec fait appel à des étudiants pour installer des compteurs intelligents), comme l'a dénoncé la CMEQ.
La CMEQ s'est d'ailleurs plainte qu'Hydro-Québec n'ait pas exigé que des électriciens installent les nouveaux compteurs. Dans un communiqué publié en juillet 2013, elle a écrit : « La CMEQ s'inquiète du fait que ces travaux d'installation électrique en apparence "simples et rapides" comportent des risques sérieux d'accidents pour les installateurs et que mal exécutés ces travaux peuvent être responsables d'arcs (explosions) ou d'incendies électriques. La dangerosité provient du fait que les conducteurs vivants qui passent dans l'embase d'un compteur sont alimentés par une tension de 240 volts. Cet état de fait est d'autant plus préoccupant qu'ailleurs au Canada, des installations massives de compteurs de nouvelle génération réalisées par des travailleurs non qualifiés ont occasionné des problèmes électriques. »
Sharon Noble raconte plus en détails son enquête dans l'article suivant répertorié de ma longue compilation de nouvelles et de renseignements utiles à ce sujet :http://cqlpe.ca/Bulletins/BulletinSpecialFeu.htm
BCUC & SMART METER FIRES: THE FAILURE TO PROTECT - 2017-09-13
L'infatigable Sharon Noble, engagée dans la lutte contre les compteurs intelligents en Colombie-Britannique depuis plusieurs années, a compilé, dans un rapport de plus de 700 pages, toutes les données qu'elle a pu trouver sur les incendies déclenchés par ces appareils fragiles et sujets à surchauffer et à s'enflammer. Voici comment elle décrit son effort titanesque:
« Pendant plus de trois ans, j'ai rassemblé autant d'informations que possible sur les incendies et les incidents liés aux compteurs intelligents en Colombie-Britannique. C'était difficile car, comme je l'ai constaté, le système de rapport et de suivi est terriblement déficient. Le fait que personne n'effectue de suivi permet aux entreprises de distribution et à la Commission des services publics de dire très facilement qu'il n'y a pas eu d'incendies causés par les compteurs intelligents. Après avoir effectué le suivi, j'ai présenté un rapport résumant ce que j'ai trouvé, y compris les lacunes du système lui-même.
Bien que le rapport soit basé sur des données de la Colombie-Britannique, je suis certaine que les mêmes problèmes existent ailleurs, sinon nous entendrions davantage parler d'incendies causés par des compteurs intelligents.
Pour votre information, j'ai remis, en main propre et par courrier, des copies papier de l'ensemble du rapport et de la documentation aux différentes autorités au début du mois de septembre (2017), et j'ai envoyé les informations par courrier électronique à nos représentants élus peu de temps après. J'ai également envoyé un communiqué de presse aux médias. À ce jour, je n'ai reçu qu'une seule réponse, de la part de la BC Utilities Commission, qui a indiqué qu'elle demandait à BC Hydro de faire des commentaires.
Cela confirme que personne ne veut savoir que ces appareils sont dangereux et qu'ils ne devraient pas être installés dans nos maisons. C'est le comble de la négligence volontaire. »
Cette situation a également été dénoncée au Québec dans ce mémoire (également disponible ICI) - pages 17 à 23 - présenté à la Régie de l'énergie - qui a sciemment choisi de ne pas se pencher sur cette situation malgré plus de 15 incendies rapportés au Québec en lien avec les compteurs intelligents d'Hydro-Québec. Ce n'est assurément que la pointe de l'iceberg car les incendies où le compteur est mis en cause ne sont pas tous rapportés aux médias et par ces derniers. Selon Sharon Noble, plus de 47 incendies en Colombie-Britannique auraient été déclenchés par des compteurs intelligents. Au Québec, c'est la vétusté d'environ la moitié des 3,8 millions d'embases - appartenant aux clients - couplée à la fragilité des compteurs susceptibles de surchauffer et de s'enflammer, de l'aveu même de l'industrie, qui posent problème.
Les assureurs canadiens s'en moquent
Ce qui paraît inexplicable, c'est que les compagnies d'assurance au Canada semblent accepter cette situation sans broncher. Aux États-Unis, elles ont apparemment pris des mesures. L'article suivant indique quels ont été les résultats....
PG&E Sued By Insurance Companies When “Smart” Meters Caught Fire on California Homes
Extrait traduit : ... Des dizaines de millions de compteurs "intelligents" ont été installés par différentes compagnies d'électricité dans le monde entier et les incendies et explosions liés aux compteurs "intelligents" ne sont pas l'apanage de PG&E. Des centaines de milliers de compteurs ont été rappelés ou remplacés dans toute l'Amérique du Nord en raison de pannes, de dysfonctionnements, de surchauffes, d'incendies et d'explosions.
Au moins le très respecté Institute of Electrical and Electronics Engineers (IEEE) a reconnu ce problème en 2012 :
Smart Meter Fires: Add another item to the list of worries slowing the smart grid rollout - 05 SEP 2012
Extrait traduit : Nous assistons à une avalanche de rapports en provenance des États-Unis - et même du monde entier - faisant état d'incendies qui auraient été causés par des compteurs intelligents défectueux, mal installés ou raccordés à des circuits ayant des effets malheureux et imprévus. Il semble qu'il ne s'agisse pas seulement d'incidents exceptionnels qui ont pu ou non se produire ici ou là. Dans une compilation réalisée par l'EMF Safety Network, qui se spécialise dans les précautions contre les CEM et les RF, on trouve au moins une vingtaine de rapports d'incendies liés à des compteurs intelligents, de l'Australie au Canada et dans pratiquement toutes les régions des États-Unis, et certains de ces rapports concernent une vingtaine d'incidents d'incendie. Dans certains cas, les incendies semblent avoir pris naissance dans les compteurs eux-mêmes, dans d'autres cas dans des appareils tels que des fours à micro-ondes ou des réfrigérateurs, en raison de surtensions.
Une autre des nombreuses conséquences de ces compteurs incendiaires est sans doute le nombre anormalement élevés d'incendies survenus dans des écuries, étables, poulaillers et autre bâtiments de ferme au Québec et au Canada, ayant entrainé la mort dans des circonstances atroces de milliers de chevaux, de vaches et de poulets d'élevage, des animaux dont on découvre de plus en plus à quel point ils sont intelligents et sensibles.
INCENDIES DE BÂTIMENTS AGRICOLES AYANT TUÉ DES ÊTRES ANIMAUX D’ÉLEVAGE AU QUÉBEC (2015-2023)
EXTRAIT : Le recensement suivant ne répertorie que les incendies mortels pour des animaux d’élevage et qui ont été rapportés dans la presse. Plusieurs incendies n’ont pas fait l’objet de reportages ou n’ont pas mentionné les victimes animales. Ils ne sont donc pas inclus dans ce recensement, qui sous-estime par conséquent l’ampleur du désastre.
NOTE : Comme dans la plupart des cas où le déclenchement de l'incendie a été attribué à une cause électrique, ce qui est mentionné dans plusieurs des articles compilés au lien ci-dessus, aucune mention n'est faite que le compteur électrique était en cause, puisque les journalistes ne peuvent avancer une telle hypothèse du fait que les pompiers attendent toujours le rapport d'enquête avant de confirmer la cause d'un incendie. Jamais les journalistes rapportant les faits divers de ce genre n'en font à nouveau état par la suite quand le rapport est enfin disponible, car ce n'est plus une nouvelle récente et ils ne font pas de journalisme d'enquête.
Une recherche Google avec les mots stable fires and race horses permet de trouver de très nombreux autres cas dans la presse canadienne anglophone.
Comme les compagnies d'électricité semblent s'empresser de faire disparaître tout élément compromettant en récupérant leurs compteurs endommagés dès le lendemain d'un incendie, comme les compagnies d'assurances ne voient apparemment pas l'intérêt d'entreprendre de longues et coûteuses démarches devant les tribunaux face à ces puissantes entreprises dissimulant bien les preuves pouvant incriminer leurs appareils 'intelligents', comme les médias ne jouent plus que rarement leur rôle de chien de garde du bien publique face aux pouvoirs politiques, et comme les politiciens ont bien d'autres chats à fouetter, nous ignorons tout de l'ampleur réelle des risques d'incendie reliés directement ou indirectement au remplacement des anciens compteurs électromécaniques ininflammables par de fragiles appareils, installés sous tension par des employés non qualifiés, qui surchauffent facilement et peuvent prendre feu.
Pour en savoir plus, prendre la peine de consulter les nombreuses ressources à http://cqlpe.ca/Bulletins/BulletinSpecialFeu.htm
Si vous craignez de passer au feu en raison de ces compteurs pyromanes, prenez le temps de lire...
POUR PRÉVENIR UN INCENDIE CAUSÉ PAR UN COMPTEUR ÉLECTRONIQUE
Il est possible que votre police d'assurance ne couvre plus les dommages causés par un incendie dont il aurait été établi que le compteur électronique en est la cause. Voir...
Insurance Underwriting Offices across the US are contemplating new rules that will specifically deny coverage for fires and damage caused by ‘smart’ meters. - February 7, 2016
Extrait traduit : En raison de l'accumulation des dommages causés par les incendies dans les habitations et les entreprises à la suite de dysfonctionnements liés aux compteurs intelligents, les bureaux de souscription d'assurance de tout le pays envisagent de nouvelles règles qui réduiront la couverture dont vous bénéficiez en cas de dommages causés par les incendies à la suite d'une défaillance d'un compteur intelligent. (...) Le manque de coopération des compagnies d'électricité peut être réduit à deux éléments spécifiques. Le premier est l'action maintes fois observées de ces entreprises consistant à retirer les compteurs du lieu du sinistre sans donner à la compagnie d'assurance la possibilité d'examiner le compteur pour déterminer la cause de l'incendie. (...) Une deuxième raison, peut-être plus convaincante, de retirer les compteurs intelligents du lieu du sinistre est que la compagnie d'électricité ne veut pas que la compagnie d'assurance découvre que la plupart des compteurs ont fonctionné à une température plus élevée que normalement.