J’ai toujours hâte de lire chaque nouvelle édition du magazine français La Maison écologique. Je dévore particulièrement sa section Actualités.
Dans son numéro 105 (juin-juillet 2018), le nouveau rédacteur en chef Stephan Ferry nous apprend que l’Hexagone compte déjà 5 000 bâtiments isolés en paille, dont plusieurs bâtiments publics (écoles, etc.). La France bâtit 500 nouveaux immeubles en paille par année et le programme européen Up Straw est doté d’un budget de 6,3 millions d’euros financés à 60 % par l’Union européenne. Celle-ci a même pour objectif de favoriser la construction de 5 000 nouveaux bâtiments en paille d’ici 2020 et 50 000 d’ici 2030! Tout cela grâce aux ingénieurs, architectes, artisans et autres associations de promotion bénévoles qui ont réussi à faire adopter et reconnaître des règles professionnelles de la construction en paille. Bref, la filière est très bien organisée et promet un bel avenir à ce matériau à faible énergie grise et agissant comme puits de carbone, comme tous les autres biomatériaux végétaux. Un exemple à suivre. Détails sur le site du Réseau français de la construction paille.
Une ex-ministre s’oppose aux compteurs intelligents
Par ailleurs, l’ancienne ministre française de l’Écologie Corinne Lepage s’est jointe à un groupe d’avocats qui a déposé un recours collectif « amiable » auprès du gouvernement, afin qu’il mette un terme au déploiement des compteurs intelligents Linky. Soutenus par la commune de Bondy, 3 800 opposants individuels et l’association Stop Linky Drôme Ardèche, les avocats militants demandent que soit réalisée une étude indépendante en vue d’examiner l’impact sanitaire de la transmission de données sur le courant porteur (via le câblage domestique), ce qui génère des hautes fréquences transitoires nocives (lire cet article du magazine américain Prevention) dans les milieux de vie. « En cas de rejet de notre demande, le tribunal administratif sera saisi », a expliqué l’avocat Christophe Lèguevaques, au Journal de l’Environnement. Au Québec, plus de 100 000 ménages (2 % du total) se sont prévalus du droit de retrait accordé par la Régie de l’énergie et qui permet l’installation d’un compteur non communiquant n’émettant pas de radiofréquences/micro-ondes. Hydro-Québec facture 85 $ pour cette installation et 2,50 $ par mois pour la relève manuelle des données de consommation.
L’électrohypersensibilité prise au sérieux
L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES) reconnaît la réalité des symptômes d’électrohypersensibilité (EHS) comme les maux de tête, la fatigue, les troubles de l’attention, de la mémoire et du sommeil dont se plaignent 3,3 millions de Français (5 % de la population). Dans son rapport de mars 2018, l’ANSES mentionne qu’une quarantaine d’études de provocation menées en laboratoire n’ont pas établi, de façon fiable et reproductible, de relation causale entre la survenue de ces symptômes et l’exposition aux champs électromagnétiques. Toutefois, leurs limites méthodologiques ne permettent pas d’exclure une telle relation. La plupart des études de provocation n’ont pas tenu compte des nombreux facteurs qui déclencheraient les symptômes d’EHS, selon l’expert russe Igor Belyaev. « Dans ce contexte, l’Agence recommande une prise en charge adaptée des personnes concernées ainsi que la poursuite des travaux de recherche, notamment en mettant en place des études dont les conditions expérimentales prennent en compte les conditions de vie des personnes se déclarant EHS. » Le rapport final de l’ANSES a omis cette citation critique du rapport soumis en juin 2016 par son comité d’experts : « À côté de ces études de provocation, la contribution de Dieudonné (2016) est importante, car elle montre que, dans la plupart des cas, l’effet nocebo [symptômes causés par une peur de ondes] n’est pas la cause des premiers symptômes ressentis par les sujets EHS, mais elle n’exclut en rien que cet effet joue un rôle dans la persistance des symptômes. »
Matériaux blindants
Enfin, dans son courrier des lecteurs, La Maison écologique traite du blindage des ondes. Selon Alain Richard, de la société electromagnetique.com, l’isolation chaux-chanvre projetée sur un mur de pierre permet d’atténuer les champs électriques de basses fréquences (et ainsi d’éviter la pose de câbles blindés), mais pas si elle est banchée dans une structure de bois. De plus, cette méthode n’atténue les hautes fréquences (HF) que très faiblement (division par trois avec 20 cm d’épaisseur). Les matériaux minéraux comme la pierre et la brique ou la terre crue atténuent les HF de façon appréciable, moyennant une certaine épaisseur, mais pas un mince enduit de terre. Les moustiquaires métalliques sont les plus atténuants, mais les HF traversent les toits non métalliques et les ouvertures, quoique les pellicules en argent des vitrages à faible émissivité soient assez réfléchissants, d’autant plus s’il y en a deux (sur triple vitrage).