Invisible Rainbow Book Cover[2]The Invisible Rainbow - A History of Electricity and Life, par Arthur Firstenberg, AGP Press, 2017, 559 pages.

Quiconque s'intéresse aux effets de l'électricité, y compris celle des phénomènes météorologiques, sur la biologie humaine se passionnera pour ce livre. Avec ses 135 pages de références, c'est probablement l'ouvrage grand public le plus complet mais aussi le plus original publié à ce jour sur les effets des champs électromagnétiques (CEM).

Firstenberg est un scientifique et un journaliste à l'avant-garde d'un mouvement mondial pour déboulonner le tabou entourant ce sujet. De 1978 à 1982, ce diplômé en mathématiques de l'Université Cornell a fréquenté l'Irvine School of Medicine (Université de la Californie). C'est là qu'une surdose de rayons X a anéanti sa carrière médicale. Depuis 30 ans, il est chercheur, consultant et conférencier sur les effets des CEM sur la santé et l'environnement, ainsi que praticien de plusieurs arts de la guérison.

« L'histoire de l'invention et de l'utilisation de l'électricité a souvent été présentée, mais jamais du point de vue environnemental. La présomption de sécurité et la conviction que l'électricité n'a rien à voir avec la vie sont maintenant si profondément ancrées dans le psychisme humain que de nouvelles recherches et des témoignages de ceux qui sont blessés par les CEM ne suffisent pas à changer le cours que la société a mis en place, explique la quatrième de couverture de son livre. Deux mondes de plus en plus isolés – l'un habité par la majorité, qui embrassent les nouvelles technologies sans fil sans remise en question, et l'autre habité par une minorité croissante qui lutte pour la survie dans un environnement pollué par électricité – ne parlent même plus la même langue. Dans The Invisible Rainbow, Arthur Firstenberg relie ces deux mondes. Dans une histoire rigoureusement scientifique mais facile à lire, il fournit une réponse surprenante à la question suivante : comment l'électricité peut-elle être soudainement nuisible aujourd'hui quand elle était sûre pendant des siècles? »

Son ouvrage est des plus instructifs. On y apprend notamment :

• que les biométéorologues savent que 30 % de la population est sensible aux changements dans l'électricité climatique et que cette sensibilité est documentée depuis 5 000 ans;

• que les aiguilles de l'acupuncteur conduiraient l'électricité atmosphérique pour stimuler les méridiens;

• que les effets secondaires de l'électrothérapie (confusion, étourdissements, maux de tête, nausée, faiblesse, fatigue, palpitations cardiaques, saignements de nez, etc.) sont attestés depuis le 18e siècle;

• qu'à force de s'exposer à répétition à l'électricité statique, Benjamin Franklin avait développé une douloureuse électrohypersensibilité;

• que le diagnostic de l'anxiété est apparu en 1866 alors que les fils de télégraphe faisaient le tour du globe, que les premières épidémies d'influenza sont survenues en 1889 après l'invention du courant alternatif qui transforma le statut du diabète, des cardiopathies et du cancer de maladie rare à courante;

• que chez certaines personnes les tremblements de terre causent les mêmes symptômes associés à l'électrification, rapportait le physicien britannique William Stukeley en 1749; 

• que 12 % des gens peuvent entendre les faibles courants électriques, affirmait l'otologiste Auguste Morel en 1892;

• que 80 % des patients électrosensibles du médecin Gad Sulman, directeur de l'unité de bioclimatologie du centre médical de l'Université Hadassah, à Jérusalem, prédisaient les changements de météo de 12 à 48 heures à l'avance, car les ions atmosphériques modifient la production cérébrale de sérotonine, neurotransmetteur responsable de l'humeur. « Nous causons une grave injustice aux patients électrosensibles en les traitant comme des patients psychiatriques », écrivait-il en 1980 dans son livre The Effects of Air Ionization, Electric Fields, Atmospherics and Other Electric Phenomena on Man and Animal (Charles C. Thomas, Springfield, III, 1980, 400 p.);

• que la neurasthénie (faiblesse nerveuse), nommée en 1869 par le neurologue George Miller Beard qui collabora avec Edison dans sa découverte de l'électricité de haute fréquence, fut rebaptisée « névrose d'angoisse » par Sigmund Freud en 1895; or les Russes ont rejeté cette redéfénition : la neurasthénie, encore un des diagnostics les plus répandus en Asie, est due à une toxicité chimique et électromagnétique chronique. Elle a atteint des proportions épidémiques depuis l'électrification survenue dans les années 1880 et ce déséquilibre nerveux est un des premiers symptômes de la « maladie des micro-ondes » découverte par les Russes en 1930;

• qu'un cellulaire, qui peut à la longue notamment provoquer des acouphènes, dépose 360 joules d'énergie dans un cerveau par heure d'exposition, comparativement à 150 joules pour la pile électrique avec laquelle Volta provoquait une sensation auditive en la rattachant à une oreille avec des électrodes;

• que les animaux et les plantes sont aussi sensibles que nous aux CEM et que de très faibles courants électriques altèrent leur croissance et leur fonctionnement.

Pour en savoir davantage, lire l'historique de l'électrohypersensibilité publiée par Firstenberg sur son site cellphonetaskforce.org. Il y raconte que dans les années 1950, plusieurs cliniques furent ouvertes dans les pays du pacte de Varsovie pour traiter les cas de maladie des micro-ondes qui happa des milliers de travailleurs exposés à des micro-ondes.