Enchasser dans la Charte canadienne des droits et libertés le droit inhérent de chacun de vivre dans un environnement sain, voilà ce que réclame l'initiative Bleu Terre lancée par la Fondation David Suzuki.
C'est avec grand plaisir que j'animerai quatre sages qui discuteront du pourquoi et du comment de ce grand défi dans le cadre de la prochaine Foire ÉCOSPHÈRE de l'environnement et de l'écohabitation, le samedi, 12 août prochain, de 19h à 21h, au Vieux-Port de Montréal. Entrée libre devant la scène principale.
Pour mettre la table, chacun lancera le débat avec une brève allocution.
Depuis 2014, la campagne Bleu Terre a pour but de soutenir l'essor du vaste mouvement citoyen exigeant une reconnaissance par tous les paliers du gouvernement du droit à l'air pur, à l'eau potable, à des aliments sains et à un climat stable pour chacun au pays. Ce mouvement est aujourd'hui appuyé par 105 000 citoyennes et citoyens et près de 149 municipalités – plus de 20 au Québec – qui ont signé une déclaration municipale reconnaissant le droit de chacun de vivre dans un environnement sain pour les générations actuelles et futures. Notre mission est l'adoption d'une Charte fédérale des droits environnementaux et d'inscrire, à terme, le droit à un environnement sain pour toutes et tous dans la Charte canadienne des droits et libertés afin de protéger les gens et les lieux qui nous sont chers.
• Le droit de vivre dans un environnement sain, avec Me Michel Bélanger, co-fondateur du Centre québécois du droit de l'environnement.
À l'heure où le pays fête le 150e anniversaire de la Confédération canadienne et célèbre le 35e anniversaire de la Charte canadienne des droits et libertés, le moment serait bien choisi pour envisager l'ajout d'un nouveau droit — sans doute l'un des plus importants — soit le droit de vivre dans un environnement sain.
Déjà reconnu dans plus de 110 pays à travers le monde, le droit des citoyennes et citoyens de vivre dans un environnement sain ne date pas d'hier. Il a été revendiqué lors de l'adoption de la Charte canadienne des droits et libertés en 1982, puis réitéré à nouveau en 2010 lors du dépôt d'un projet de loi portant sur la création d'une Charte canadienne des droits environnementaux (C-469), mais en vain. Une telle reconnaissance de droit à un environnement sain rejoindrait d'ailleurs la proposition de Pacte mondial pour l'environnement lancé par le premier ministre français Emmanuel Macron et son ministre de l'environnement Nicolas Hulot en juin dernier, lequel devrait être déposé aux Nations-Unis en septembre.
Par contre, le Québec a adopté en 1978 une disposition législative qui a été intégrée à la Loi sur la qualité de l'environnement (L.Q.E.) et dont l'article 19.1 reconnaît que « Toute personne a droit à la qualité de l'environnement, à sa protection et à la sauvegarde des espèces vivantes qui y habitent… ». De plus, selon l'article 46.1 de la Charte des droits et libertés de la personne du Québec, en vigueur depuis 2006, « Toute personne a droit, dans la mesure et suivant les normes prévues par la loi, de vivre dans un environnement sain et respectueux de la biodiversité. » Quel fut l'impact de ce droit au Québec, et quelles seraient les conséquences de l'intégration d'un tel droit dans la Charte canadienne des droits et libertés ou dans une Charte canadienne des droits environnementaux?
• Agriculture, alimentation, pesticides et santé. Responsabilités ou irresponsabilités des pouvoirs publics ? Avec Louise Vandelac, Ph.D. Professeure titulaire au Département de sociologie et à l'Institut des sciences de l'environnement de l'UQAM.
Comment comprendre que le Gouvernement Trudeau boude encore le droit inhérent de chacun de vivre dans un environnement sain, déjà reconnu par plus de 110 pays à travers le monde ? Compte tenu de l'adhésion du Canada à COP21 et des liens étroits avec la France, il serait en outre logique que ce droit, s'inscrive dans « l'horizon commun de responsabilité à l'échelle universelle » de la Déclaration des Droits de l'humanité et des générations futures, présentée par la France, en avril 2016, à l'ONU dans le cadre de la signature de COP21…
Si ce droit « à l'air pur, à l'eau potable, à des aliments sains et à un climat stable pour toutes et tous », élargi à l'ensemble des vivants, mérite d'être formellement reconnu au plan national et international, il importe aussi, dès maintenant, de limiter, voire d'interdire les nombreux toxiques qui, empoisonnent l'eau, l'air et l'alimentation, contribuant ainsi à l'épidémie de maladies chroniques. C'est dans ces perspectives que nous avons créé le collectif de recherche écosanté sur les pesticides, les politiques et les alternatives (CREPPA), regroupant une vingtaine de chercheurs de tous les horizons, pour analyser les pesticides les plus toxiques et les plus largement utilisés, les systèmes alimentaires qui les promeuvent, les politiques publiques qui les autorisent et les stratégies de
transitions agricoles susceptibles d'apporter des alternatives viables.
Au Québec, les stratégies de réduction des pesticides des derniers 25 ans ont été de cuisants échecs, si bien qu'on retrouve des herbicides à base de glyphosate et de l'atrazine, notamment, dans de nombreux cours d'eau du Québec, dont en Montérégie où se concentrent les cultures de maïs et de soja auxquels ces herbicides sont liés. Il est vrai que depuis 25 ans, les épandages d'herbicides à base de glyphosate, multipliés par plus de 100 dans le monde, et par 15 aux États-Unis l'ont été par près de 6 au Québec. Comment alors expliquer que la Stratégie québécoise 2015-2018 sur les pesticides ait non seulement complètement ignoré les herbicides à base de glyphosate, désormais omniprésents à toutes les étapes de culture, pour constituer, en 2014, 42 % de tous les pesticides du Québec, mais que les consultations annoncées, en catimini à la mi-juillet, pour se terminer au 1er septembre, refusent le considérer ces questions, reportées aux calendes grecques… Au même moment, le Gouvernement canadien a reconduit pour 14 ans l'homologation de ces herbicides à base de glyhosate, sans aucune analyse scientifique digne de ce nom, comme le soulignent plusieurs avis d'opposition.
Certains se consolent que la stratégie québécoise sur les pesticides propose de réduire trois types de pesticides: le chlorpyrifos, trois types de néonicotinoïdes (ces tueuses d'abeilles) et l'atrazine, mais en occultant l'importance de l'herbicide à base de glyphosate dont les ventes augmentent en flèche et en laissant aux agronomes la responsabilité d'en autoriser les usages, alors qu'ils sont en majorité liés à l'industrie et non formés en santé environnementale. On sait pourtant que les effets neurotoxiques du chlorpyrifos sont documentés depuis plusieurs décennies, que les néonicotinoïdes sont restreints en Europe depuis 2013, pour être interdits en France dès 2018 alors que l'atrazine est interdit en Europe depuis 2003. Comment justifier un tel double standard et comment faire en sorte que les pouvoirs publics assument pleinement leurs obligations à l'égard de la santé, de l'environnement et des générations futures ?
• Retour sur près de 40 ans de pratique en médecine du travail et de l'environnement, avec Dr Pierre L. Auger MD, Msc, FRCPC : Dr Auger traitera des hypersensibilités chimique et électromagnétique, des effets des polluants (solvants, métaux lourds, moisissures, amiante, pollution extérieure) sur la santé des travailleurs et des enfants, puis discutera du développement du stade cancéreux du capitalisme actuel et de ses impact sociosanitaires.