Depuis que j'ai découvert que j'étais devenue électrosensible, je pense souvent à nos enfants et à l'environnement dans lequel ils grandissent aujourd'hui, à partir de leur gestation dans le ventre maternel jusqu'à leur passage à l'âge adulte. J'ai donc décidé de vous faire part de certains effets biologiques de radiations non ionisantes[1] issues de l'électricité domestique et en particulier de la technologie sans fil, de la vulnérabilité de nos enfants à ces effets, et des précautions à prendre pour réduire au maximum leur exposition à ce type de radiations, et ce, dès la grossesse.
De plus en plus, on constate que les radiations non ionisantes ont des effets biologiques sur les êtres vivants. Non seulement des effets d'électrohypersensibilité (chez les personnes les plus sensibles) qui nous renseignent sur leur impact neurologique, mais aussi des effets possiblement cancérogènes. Par exemple, les champs magnétiques de 60 hertz émis par les lignes et fils électriques ainsi que par les appareils électriques ont été classés « peut-être cancérogènes » (2B) en 2001 par le Centre international de recherches sur le cancer (CIRC), en raison du risque accru de leucémie chez les enfants surexposés. Or, au Québec, sur ce plan, le recours omniprésent au chauffage électrique, depuis les années 1960, a considérablement augmenté notre exposition à ces champs qui nourriraient le cancer, selon les travaux des chercheurs Paul Héroux et Ying Li, de la Faculté de médecine de l'Université McGill. C'est dans ce contexte qu'il faut considérer l'augmentation exponentielle, survenue depuis une quinzaine d'années, des micro-ondes émises par la technologie sans fil. Celles-ci ont été classées 2B par le CIRC en 2011.
Selon ce que Paul Héroux a affirmé à l'éditeur de La Maison du 21e siècle André Fauteux, ces champs électromagnétiques (CEM) de hautes fréquences ont les mêmes effets sur notre métabolisme que les CEM d'extrêmement basses fréquences (60 Hz) et ces effets sont synergiques et cumulatifs. Selon les données de l'Agence de santé publique du Canada, en 2008 le Québec détenait depuis 25 ans le taux de cancer le plus élevé au pays chez les moins de 15 ans. La même année, les chercheurs Anders Ahlbom et Joachim Schüz ont effectué une revue de la littérature sur le lien entre la leucémie infantile et les CEM de 60 Hz. Dans le cadre d'un colloque international tenu par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et l'International Commission on Non-Ionizing Radiation Protection (ICNIRP) intitulé Risk-factors for Childhood Leukaemia, Anders Ahlbom concluait que « les preuves dont on dispose selon lesquelles les CEM sont une cause du développement de la leucémie infantile sont plus fortes que celles qui rattachent cette maladie à la fumée secondaire et au cancer du poumon »[2].
Pourquoi les enfants sont-ils plus vulnérables?
Tous les experts en santé publique reconnaissent que les enfants sont beaucoup plus vulnérables que les adultes aux effets de la pollution. Des autorités en santé aussi prestigieuses que l'Institut national de la santé aux États-Unis se préoccupent des effets biologiques des radiations non ionisantes sur les enfants. En effet, en 2010, son President's Cancer Panel soulignait qu'il fallait mesurer de toute urgence leur exposition cumulative aux ondes émises par les appareils sans fil. L'Académie américaine de pédiatrie[3] et l'Association médicale californienne ont quant à elles réclamé l'adoption de limites d'exposition aux radiofréquences qui protégeraient les enfants.
Une des préoccupations des autorités est l'accroissement constant des taux de cancers infantiles, de l'ordre de 1 % par année depuis 30 ans. Comme l'expliquent les experts du cancer Lloyd Morgan, Santosh Kesari et Devra Davis, plus un enfant est jeune, plus il absorbe des radiations proportionnellement à sa taille et parce que son crâne est plus mince[4].
Plusieurs chercheurs se préoccupent aussi des effets neurologiques des CEM chez les enfants. Car les CEM pourraient contribuer à endommager la myéline qui protège les neurones du cerveau[5]. Or, la première couche de myéline se développe entre la mi-grossesse et l'âge de deux ans, et le processus de myélinisation se poursuit jusqu'au début de l'âge adulte[6]. Les études sur la myéline ont été faites sur des animaux qu'on utilise habituellement dans les premiers stades de la recherche (souris, rats, cochons d'Inde, etc.). Pour la Dre Catherine Steiner-Adair, psychologue et consultante pour les autorités scolaires, l'environnement a un impact sur le développement des enfants, et les émissions de radiations non ionisantes jouent aussi un rôle. Elle souligne dans son livre The Big Disconnect : Protecting Childhood and Families Relationships in the Digital Age que le développement de la technologie et en particulier de l'Internet peut avoir un impact négatif. Pour sa part, la Dre Martha Herbert, professeure de neurologie pédiatrique à l'Université Harvard, souligne ceci, à propos de l'autisme : « Vu l'augmentation spectaculaire des cas d'autisme qui coïncide avec le déploiement des technologies sans fil, nous constatons l'urgent besoin d'examiner sérieusement les liens qu'il pourrait y avoir entre les radiofréquences des champs électromagnétiques et l'autisme. Les données dont nous disposons jusqu'à présent militent en faveur d'une révision des normes d'exposition en fonction des effets biologiques nocifs (non thermiques), accompagnée, dans l'intervalle, de mesures de précaution »[7]. Par ailleurs, à la suite d'études animales et épidémiologiques, on s'interroge sur la possibilité d'un lien entre l'exposition aux champs électromagnétiques et le trouble déficitaire de l'attention avec hyperactivité (TDAH), syndrome s'étant considérablement accru depuis près de 20 ans, en même temps que la technologie sans fil se répandait[8].
Que faire pour protéger nos enfants des radiations non ionisantes?
De plus en plus de voix s'élèvent, partout dans le monde[9], pour sonner l'alarme sur les effets biologiques néfastes de la technologie sans fil. Technologie qui s'est répandue sans avoir été évaluée au départ. Ces voix réclament qu'au minimum on adopte le principe de précaution relativement à son utilisation et à son développement. Même si nous vivons dans un monde où elle est de plus en plus présente, nous pouvons, par des gestes au quotidien ou des changements à notre domicile, et même par des actions menées auprès de la garderie et de l'école[10] que fréquente nos enfants, contribuer à réduire l'exposition de ceux-ci aux radiations non ionisantes. Voici les principales choses à faire, du plus souhaitable au minimum possible, en se rappelant que la distance entre l'équipement et le corps est un facteur important, ainsi que la durée d'exposition[11] :
• Internet Wi-Fi : le remplacer entièrement par une connexion par câble à l'ordinateur (comme c'était le cas avant l'invention du Wi-Fi); à tout le moins n'allumer le Wi-Fi que lorsqu'on va s'en servir; et l'éteindre la nuit (pour ne pas nuire au processus de réparation des dommages génétiques causés le jour et parce que le corps absorbe plus de radiations lorsqu'il est immobile). Ne pas laisser les enfants jouer avec des tablettes, etc[12]. Éloigner le routeur Wi-Fi des lieux de vie et de circulation.
• Remplacer les téléphones de maison sans fil (en particulier ceux qui utilisent la technologie digitale DECT) par des téléphones avec fil (comme avant…). Les téléphones sans fil, qu'ils soient résidentiels ou cellulaires, produisent des niveaux élevés et presque constants de radiations, même si on ne s'en sert pas. Allumés, ils émettent ou reçoivent constamment.
• Ne pas utiliser le téléphone cellulaire plus de six minutes à la fois ni, idéalement, plus de 20 minutes par jour, et utiliser le plus souvent possible le haut-parleur ou le casque d'écoute. Ne jamais l'utiliser à proximité d'un enfant , et interdire à celui-ci l'usage du cellulaire avant — selon divers pays — l'âge de 14, 16 ou 18 ans. Durant la grossesse, ne pas laisser un cellulaire allumé contre une partie de son corps (pas plus qu'une tablette, un ordinateur, etc.). Éviter d'utiliser le cellulaire en voiture, en avion, dans un train, un tunnel ou tout autre endroit où la réception est mauvaise, car il émet alors beaucoup plus fort. De même, ne jamais mettre un cellulaire contre sa tête au moment où il sonne, car la densité de puissance des ondes qu'il émet est à son maximum quand une connexion s'établit. Pour minimiser l'exposition, l'éteindre ou le mettre en mode « avion » lorsqu'on ne s'en sert pas.
• Pour éloigner son ordinateur portatif de soi, se procurer un clavier externe et une souris munie d'un fil.
• Ne pas utiliser de moniteur de surveillance du bébé, source d'émissions de micro-ondes. Si on ne veut pas s'en passer, l'installer à plusieurs pieds du bébé et ne pas placer celui-ci entre les deux moniteurs (émetteurs-récepteurs d'ondes).
• Si on tient à son four micro-ondes, s'éloigner à trois mètres de l'appareil lorsqu'il est en marche. Et ne pas placer un bébé à proximité, même s'il ne fonctionne pas (certains fours émettent quand même). Le débrancher lorsqu'on ne s'en sert pas.
• Désactiver la fonction Wi-Fi de ses appareils technologiques (cellulaire, ordinateur, tablette, modèles de caméra récents, etc.) et ne l'activer que lorsqu'on veut s'en servir. Les niveaux de radiofréquences émis sont plus élevés lorsque cette fonction est activée.
• Dans les modèles de voitures récents, désactiver la fonction Bluetooth, qui accroît considérablement l'émission et l'intensité des ondes dans l'habitacle, en particulier lorsqu'on longe des lignes électriques.
• Le compteur intelligent d'Hydro-Québec ne devrait jamais être installé dans une maison, ni à moins de trois mètres des pièces de vie, ni sur un mur extérieur donnant sur une chambre, encore moins sur celle d'un enfant. Demandez à Hydro-Québec de le remplacer par un compteur « non communicant ». À tout le moins, couvrir le compteur intelligent d'un capuchon de moustiquaire métallique ou de deux épaisseurs de papier d'aluminium (scellé au ruban aluminisé), en prenant bien soin de recouvrir totalement le globe de verre par lequel les ondes traversent les murs. Vous trouverez des instructions sur les sites d'organismes de villes ou de régions opposés à ces nouveaux appareils, tels estrierefuse.wordpress.com, refusonslescompteurs.wordpress.com et cqlpe.com, et pour les anglophones, C4ST.org, stopsmartmeters.org et takebackyourpower.net. Et convainquez vos voisins de faire de même et d'adopter des mesures relativement à leur Internet Wi-Fi !
Bref, même si du point de vue d'une électrohypersensible, l'envahissement de notre environnement ( villes, régions rurales, lieux de travail et domiciles) est décourageant, nous pouvons faire quelque chose pour diminuer notre exposition et en particulier celle de nos enfants à un type de radiations qui suscite de plus en plus d'inquiétudes. Et ce, que nous soyons ou non électrosensibles, puisqu'il existe d'autres effets biologiques des radiations non ionisantes. Ce qui se passe en Europe à cet égard peut aussi nous encourager à demander, et à exiger individuellement et collectivement, que les lieux où naissent et se développent nos enfants soient exempts, le plus possible, de ce type de radiations.