(Illustration : Québec Science)
Alors qu'en 2022 l'ancien gouvernement conservateur britannique misait sur la fluoration de l'eau pour prévenir les caries, le média médical Medscape rappelle que cette pratique pourrait être liée à des risques accrus pour le développement cognitif des enfants et que le gouvernement américain reconnaît que plusieurs études indiquent que l'eau fluorée augmente le risque d'hypothyroïdie.
Un rapport publié en 2021 par les médecins en chef du Royaume-Uni reconnaissait un « petit risque » de fluorose (un problème esthétique dentaire) lié aux niveaux de fluor utilisés dans l'eau, mais a rejeté des « études plus faibles » suggérant des associations avec la fracture de la hanche, le syndrome de Down, les calculs rénaux, le cancer de la vessie et l'ostéosarcome.
Citon l'article de Medscape qui est plus nuancé que les messages véhiculés par les autorités de santé publique dans plusieurs pays :
« En 2015, le Journal of Epidemiology & Community Health a publié une étude au niveau de la population qui soulève des inquiétudes quant à une corrélation entre les niveaux de fluorure dans l'approvisionnement en eau et la prévalence de l'hypothyroïdie.
L'étude a montré que les médecins généralistes des West Midlands, une région entièrement fluorée, étaient presque deux fois plus susceptibles de signaler une prévalence élevée de l'hypothyroïdie que ceux du Grand Manchester, une région non fluorée. L'étude a conclu que la validité de la fluoration communautaire en tant que mesure de santé publique sûre suscitait ''des inquiétudes particulières''. »
Attaques contre les experts qui soulèvent des questions
Medscape poursuit : « L'étude a donné lieu à des attaques vitrioliques contre ses auteurs, comme l'ont fait d'autres experts qui n'ont pas soutenu inconditionnellement la fluoration de l'eau dans les collectivités. Il a été noté que les personnes qui remettent en question la sécurité de la fluoration de l'eau peuvent être“rapidementrejetées comme des zélotes ou des fanatiques anti-scientifiques“ sans examen des preuves. Pourtant, de nombreuses études ont depuis lors établi des liens avec l'hypothyroïdie.
L'auteur principal de l'étude, Stephen Peckham, professeur de politique de santé à l'université du Kent, a déclaré à Medscape News UK que l'agence américaine de protection de l'environnement avait confirmé le lien entre le fluorure et les maladies thyroïdiennes, tandis que de nombreuses études ont établi un lien entre le fluorure et la baisse du QI chez les enfants et un risque pour le développement cognitif, une question qui fait actuellement l'objet d'une procédure judiciaire.
Il a déclaré :“Les avantages allégués de la fluoration de l'eau continuent d'être exagérés“, deux études récentes de haute qualité montrant que les preuves des avantages de la prévention de la carie “sont très limitées et peuvent ne pas être cliniquement significatives”. M. Peckham a ajouté :“ Les responsables de la politique de santé dentaire continuent également d'ignorer les études de haute qualité qui démontrent les effets néfastes, les rejetant souvent simplement comme“non pertinentes“.
Parallèlement, une étude publiée le mois dernier par l'université de Manchester a également montré que les avantages de la fluoration étaient minimes et qu'il n'existait“aucune preuve convaincante que la fluoration de l'eau réduisait les inégalités sociales en matière de santé dentaire“. »
Personnellement, j'ai grandi à Beaconsfield dans les années 1960-1970 où j'ai bu durant toute ma jeunesse de l'eau fluorée fournie par la ville de Pointe-Claire, sans que cela m'évite d'avoir la bouche pleine de caries ''plombées'' au mercure. Le Québec ne compte que trois municipalités qui ajoutent toujours du fluorure à l'eau potable, rapporte l'organisme Eau Secours qui s'oppose à cette pratique : Pointe-Claire, Dorval et Saint-Georges.
Mon oncle, Gaspard Fauteux Jr, cite à ce sujet le magazine Québec Science qui rappelait en 2019 qu'il s'agit d'une « polémique sans fin » : « Les villes auront un rôle extrêmement influent lors de ces débats. En Ontario, le mouvement sera lancé par Toronto, qui amorce la fluoration de l’eau potable en 1963, un geste imité par plusieurs municipalités. Au Québec, l’histoire sera très différente. Même si les premières villes commencent leurs ajouts de fluorure dès 1962, Montréal, sous la gouverne de Jean Drapeau, restera catégoriquement contre, au nom de la liberté individuelle ».