Une seule exposition de 15 minutes aux champs électromagnétiques (CEM) de la téléphonie mobile de troisième ou quatrième génération (3G ou 4G), en plus d’être elle-même génotoxique, peut jusqu’à doubler l'action génotoxique d’une dose de rayonnement gamma équivalente à celle reçue lors d’un diagnostic ou d’un traitement radiologique, selon une étude parue en mars dans la revue General Physiology and Biophysics. Cette action toxique pour les gènes, qui peut favoriser le cancer, survenait même quand les fonctions Wi-Fi et Bluetooth des cellulaires étaient désactivées.
« Ce résultat suggère que les personnes/patients soumis à un traitement diagnostique ou thérapeutique par rayonnements ionisants devraient être prudemment conseillés par leurs oncologues/radiologues de ne pas utiliser leurs téléphones portables/"intelligents" quelques jours avant, pendant et après ces traitements, écrit l’auteur de cette étude, le biophysicien grec Dimitris J. Panagopoulos. En outre, il devient évident que les praticiens en médecine/radiologie devraient recevoir une formation spécifique sur les effets des CEM anthropiques en plus de ceux des rayonnements ionisants qui font déjà partie de leur formation. »
C’est un pensez-y bien également pour les gens surexposés au radon, un gaz radioactif qui s’infiltre dans les maisons et qui est la première cause de cancer du poumon. Et ce, d’autant plus que le radon augmente aussi le risque d’accident vasculaire cérébral, selon une étude historique publiée le 31 janvier sur le site de la prestigieuse revue Neurology. Les ondes cellulaires et la radioactivité créent un « état de costress », m’a expliqué par courriel le Dr Panagopoulos, qui a travaillé au Centre national de recherche scientifique Demokritos et actuellement au laboratoire de recherche Choremeion de la faculté de médecine de l'université d'Athènes.
« Que l'effet du stress combiné soit plus important que la somme des effets individuels, cela est probablement dû au fait que le premier facteur de stress affaiblit l'organisme et le rend donc plus vulnérable au second que si ce dernier agissait seul, conformément à la fameuse "hypothèse des deux coups" de Knudson pour la cancérogenèse (Knudson, 1971; Panagopoulos et al., 2022b) », écrit-il dans son article. Il y citait notamment une étude récente montrant que l'exposition simultanée aux CEM du Wi-Fi et au rayonnement gamma pendant 72 heures augmentait le nombre de cassures double-brin de l'ADN dans les lymphocytes du sang périphérique des rats (Khodamoradi et al. 2022). » Ces cassures sont décrites dans la littérature scientifique comme des « lésions létales majeures induites par les radiations ionisantes [comme la radioactivité] ou par des stress cellulaires endogènes ». Or les CEM des technologies sans fil sont aussi connus comme nuisant aux mécanismes de réparation naturels de ces cassures.
« Étant donné que l'exposition aux CEM anthropiques dans différentes bandes de fréquences du spectre (RF, ELF, etc.) constitue une nouvelle réalité dans la vie quotidienne de chacun, sa combinaison avec divers autres facteurs de stress existants sur les systèmes humains/biologiques (tels que le développement, le vieillissement, la maladie, les infections, les rayonnements ionisants, les produits chimiques, les produits pharmaceutiques, le tabagisme, la consommation de café, le stress psychologique, etc.) devrait être examinée en priorité dans le cadre d'études futures. »
Le biophysicien affirme que les études simulant les ondes cellulaires en laboratoire sous-estiment la toxicité des expositions réelles qui impliquent la transmission de données par plusieurs fréquences différentes.
« Les études qui ont montré que l'exposition à l'UMTS (3G/4G) en vie réelle était encore plus génotoxique que l'exposition au GSM (2G) en vie réelle (D'Silvaet et al. 2017, 2021) sont conformes au fait que les nouveaux types de CEM (3G, 4G, 5G) transmettent des quantités/densités de plus en plus élevées d'informations variables (parole, texte, images, vidéo, Internet), ce qui rend le signal de plus en plus compliqué, imprévisible et variable à chaque instant, et donc de plus en plus bioactif en raison de l'incapacité des organismes vivants à s'adapter à un facteur de stress extrêmement variable. »
Le Dr Panagopoulos conclut que « la technologie 5G en cours de déploiement, avec des fréquences porteuses nettement plus élevées (jusqu'à 100 GHz), des réseaux d'antennes beaucoup plus denses et des faisceaux de rayonnement plus intenses et collimatés, devrait induire des effets thermiques importants, en plus des effets non thermiques, qui pourraient ne pas être tolérés par le corps humain/animal (Neufeld et Kuster 2018; Hardell et Carlberg 2020; Panagopoulos et al. 2022a). Cela peut représenter une grande menace pour la santé publique que les autorités sanitaires devraient examiner attentivement avant d'autoriser l'installation de la 5G. »