L'auteure dirige l'organisme canadien Prevent Cancer Now
La nouvelle du diagnostic de la princesse de Galles nous alerte sur l'incidence croissante des cancers chez les jeunes. Sommes-nous en train de passer à côté d'un éléphant dans la pièce ?
Nous sommes tous favorables à l'amélioration des traitements contre le cancer, à la réduction des récidives et à la détection précoce, mais il est bien plus efficace, bien moins coûteux et meilleur à tous points de vue de ne pas développer de cancer. Nous devons inverser la tendance à l'augmentation rapide de l'incidence du cancer chez les jeunes adultes.
Malheureusement, la prévention ambitieuse du cancer ne reçoit pratiquement aucun soutien au Canada.
C'est une occasion manquée, car le cancer coûte cher. Il coûte des milliers de vies perdues trop tôt et des occasions perdues de travailler et de jouir d'une bonne qualité de vie. Il constitue un facteur de stress majeur pour les patients et les soignants. Les soins liés au cancer coûtent chaque année des milliards de dollars au Trésor public et entraînent une "toxicité financière" pour les patients.
Si de plus en plus de jeunes tombent malades, c'est qu'il y a des raisons. Ces raisons tiennent à ce que nous respirons, buvons et mangeons, à notre environnement quotidien et à des pratiques courantes. Prevent Cancer Now travaille sur ces questions - sur la prévention primaire du cancer.
Les Canadiens ne sont peut-être pas conscients des dizaines de milliers d'expositions qui contribuent au développement des cancers. Il s'agit notamment des pesticides, des plastiques et des additifs, ainsi que de milliers d'autres produits chimiques qui perturbent les systèmes hormonaux et la biochimie normale de notre organisme.
De nombreuses entreprises qui vendent des produits cancérigènes vendent également des traitements contre le cancer. Ces intérêts exercent un pouvoir de lobbying et une influence politique.
Voici quelques exemples de cancérogènes évitables présents dans la vie quotidienne :
Les pesticides utilisés sur les cultures et ailleurs. Dans l'agriculture "conventionnelle", les champs sont pulvérisés avec des pesticides plusieurs fois par an, ce qui augmente la présence de produits chimiques toxiques dans nos aliments et dans l'environnement.
Les combustibles fossiles, les déchets industriels, l'alcool, le tabac et maintenant une pléthore de produits addictifs inhalés s'ajoutent à la charge toxique des individus.
Les particules microplastiques, que l'on trouve dans l'eau, transportent des additifs toxiques et des produits chimiques absorbés. Plus de 16 000 composants plastiques ont été identifiés, dont des milliers ne sont pas réglementés mais "préoccupants".
Des milliers de kilomètres de tuyaux en amiante-ciment acheminent de l'eau potable chargée de cet agent cancérigène.
Bien que les connexions filaires et à fibre optique offrent une connectivité plus sûre et supérieure, les appareils sans fil qui se trouvent dans les poches et les mains de nombreuses personnes - des plus jeunes aux grands-parents - émettent et reçoivent des rayonnements de radiofréquence cancérigènes. Ces rayonnements sont aujourd'hui des milliards de milliards de fois plus élevés que les niveaux historiques dans notre environnement.
La crise climatique contribue aux cancers avec la fumée des incendies de forêt, les maisons moisies après les inondations, ainsi qu'une alimentation de moins bonne qualité et en quantités réduites.
Ces problèmes ne contribuent pas seulement aux cancers. Ils ont également un impact sur d'autres espèces, aggravant la crise de la biodiversité et menaçant notre existence même.
Les organismes de réglementation du gouvernement canadien n'ont pas le mandat de prendre les mesures de précaution nécessaires, et nous en payons tous le prix, avec l'augmentation des problèmes de santé et de l'incidence du cancer.
La prévention du cancer n'est pas une mince affaire, mais nous travaillons chaque jour à promouvoir un environnement sain à tous les niveaux et à réduire les nombreuses raisons pour lesquelles le cancer est de plus en plus répandu. La première étape consiste à reconnaître les facteurs qui contribuent au cancer, puis à prendre des mesures efficaces pour les éliminer.