C’est bien connu, les sous-sols des résidences sont des endroits où peuvent survenir divers problèmes (affaissement, fissuration du béton, humidité, propagation de bactéries ou de champignons, etc). Heureusement, pour chacun de ces problèmes, des solutions existent. Petit survol.
La fissuration des fondations
« La fissuration est le problème qui survient le plus souvent dans une fondation, affirme l’ingénieur en construction Bruno Quirion, inspecteur en bâtiment spécialisé en problèmes structurels. Ce problème peut causer des infiltrations d’eau. » Infiltrations qui peuvent notamment alimenter la croissance de moisissures nocives, l’une des principales causes d’hypersensibilités environnementales, selon l’urgentologue américaine Dre Lisa Nagy, fondatrice d’une clinique de médecine environnementale au Massachusetts (lisanagy.com).
Pour éviter l’infiltration d’eau dans un sous-sol, il faut avant tout drainer l’eau de pluie à plus de dix pieds de la maison, avec des gouttières et des drains agricoles rigides et surtout en aménageant une pente de terrain négative. Celle-ci réduira la pression d’eau sur les fondations et évitera que les drains ne soient saturés. « En principe, une pente de 2 % à partir du mur de fondation devrait être suffisante pour assurer l'éloignement de l'eau des fondations, selon l’Association des professionnels de la construction et de l’habitation du Québec (APCHQ). Par contre, comme il est fréquent que le remblai s'affaisse au périmètre de la fondation, il serait préférable que la pente soit d'environ 10 % sur les premiers 6 pi (1,8 m). »
Dans son feuillet Comment prévenir les inondations au sous-sol, la Société canadienne d’hypothèques et de logement ajoute notamment : « Assurez-vous que les descentes pluviales se prolongent d’au moins 1,8 m (6 pi) du mur de fondation. En outre, faites en sorte que l’eau ne se dirige pas vers les murs de fondation des voisins. Elle doit s’éloigner de votre maison en direction de la rue, de votre cour arrière ou de la ruelle arrière. Si les descentes pluviales sont raccordées au réseau d’égout de la maison ou aux drains de fondation, débranchez-les. »
Bruno Quirion explique que l’affaissement du sol sous une maison est en majorité la cause des fissures qui permettent à l’eau de s’infiltrer, souvent autour des fenêtres, poursuit M. Quirion. « Un béton qui fissure, c’est normal. En général, ce n’est pas problématique si on n’est pas capable d’entrer l’épaisseur de deux 25 cents dans la fente. » Au-delà de cela, une inspection professionnelle est recommandée.
Plusieurs phénomènes témoignent d’un affaissement de dalle ou de fondations. Voici les principaux :
- Fissures dans les fondations ;
- Fissures en forme d’escalier sur un revêtement extérieur minéral (briques, pierres) ;
- Portes et fenêtres qui ferment mal ;
- Déformation des poutres aux étages ;
- Infiltration d'eau ;
- Affaissement de la dalle de béton au sous-sol ;
- Pentes sur les planchers accentuées ;
- Fissure dans le plâtre du mur intérieur ;
- Déformation de la toiture.
« Les sols argileux sont plus sujets à un affaissement, soutient M. Quirion. Et avec les changements climatiques, cela risque de se produire plus souvent » puisque les sécheresses prolongées et les pluies diluviennes vont rétrécir et gonfler l’argile. La solution consiste à pieuter. En milieu résidentiel, les deux méthodes de pieutage les plus utilisées sont les pieux vissés et les pieux enfoncés hydrauliquement. En voici une description très sommaire.
Le pieu vissé
Ce pieu est un tube d’acier avec une ou des hélices soudées à l’extrémité inférieure. Une fois le tour de la maison excavé et prêt à recevoir les pieux, on place un étrier sous la semelle sur laquelle repose les murs de la fondation et on insère le pieu en avant de l’étrier. Le pieu est ensuite enfoncé dans le sol par vissage grâce à un équipement spécialisé. On fixe le tout (étrier et pieu) à l’aide d’un support métallique. « Une fois le travail terminé, l’étrier est soudé au support et le pieu aussi, affirme Jérôme Chabot, ingénieur chez Techno Pieux, firme qui a développé un pieu vissé certifié. Le travail se fait généralement à l’extérieur, mais il peut aussi se faire de l’intérieur pour les propriétaires désireux de conserver leur aménagement paysager intact. On doit alors briser la dalle dans le sous-sol pour appuyer l’étrier sous la semelle. »
Les pieux sont conçus pour avoir une durée de vie minimale de 50 ans, une fois en terre. « Ils peuvent aussi profiter d’une protection cathodique de marque TPRO, ce qui permet de doubler, de tripler ou plus leur durée de vie en les protégeant contre la corrosion, affirme M. Chabot. Cela se fait en émettant des électrons dans le sol. » Cette technologie est adaptée à tous les types de travaux.
Le pieu enfoncé hydrauliquement
Cette méthode de pieutage utilise le poids du bâtiment pour enfoncer profondément chaque pieu dans le sol jusqu’au refus, à l’aide de puissants vérins hydrauliques. Elle est la plus employée, parce qu’elle est économique et aussi très efficace pour nos sols argileux québécois. Nous la décrivons en détail dans le texte qui suit (avec quelques informations pertinentes pour le pieu vissé, deuxième méthode la plus utilisée en stabilisation de résidences existantes).
Le pieutage étape par étape
Voici les étapes de pieutage telles que décrites par l’APCHQ.
1re étape : le diagnostic
L’ingénieur procède à un examen de la maison, il évalue si l’affaissement est stoppé ou s’il progresse toujours. Il déterminera ensuite si le pieutage est nécessaire. Il élaborera un plan d’implantation de pieux indiquant combien de pieux mettre. Plus la charge à supporter est importante, plus les pieux seront rapprochés les uns des autres. L’autre option, dans ce cas, consiste à augmenter le diamètre de chaque pieu.
2e étape : l’excavation
L’installateur de pieux suit les plans de l’ingénieur. Les ouvriers excavent donc jusqu’à la semelle. S’il s’agit d’un plex en milieu urbain, sans espace entre les résidences, les pieux devront être installés par l’intérieur. S’il y a un vide sanitaire, il faudra creuser.
3e étape : installation des étriers
Les ouvriers doivent faire des ouvertures dans la semelle afin d’installer les étriers. Ces étriers seront ensuite ancrés à la fondation par boulonnage. Il est préférable qu’ils soient en métal galvanisé (ou encore qu’ils bénéficient d’une protection cathodique), car étant en contact direct avec la terre, le risque de corrosion est élevé.
4e étape : installation des pieux
Une fois tous les étriers positionnés, la pose des pieux débute. Les ouvriers se basent sur l’étude faite par l’ingénieur pour connaître la profondeur à atteindre. Une fois le refus atteint, on effectue un test de capacité portante (le test est fait pour les pieux vissés et les pieux hydrauliques). Chaque pieu doit pouvoir supporter le double de sa capacité.
5e étape : levage du bâtiment
Cette étape implique des coûts et c’est au propriétaire de décider s’il procède ou non au levage. Si le bâtiment s’est beaucoup affaissé, cela vaut le coût de le redresser, mais si ce n’est pas le cas, il vaut mieux le laisser tel quel, car un relèvement peut causer des dommages. Cette opération se fait par zones et prend souvent une journée. Une fois terminé, le bâtiment repose seulement sur les pieux.
6e étape : fixation permanente du pieu à l’étrier
Cette opération se fait soit par soudage (dans le cas des pieux vissés) ou par boulonnage. Le soudage peut comporter des risques d’incendie et il est plus difficile d’en contrôler la qualité.
7e étape : bétonnage des pieux
À l’aide d’une bétonnière, l’ouvrier remplit de béton l’intérieur du pieu et les ouvertures dans la semelle (que l’on a dû casser pour insérer l’étrier). Cependant, le bétonnage peut être évité en utilisant des pieux au contenu plus grand en acier. Une alternative intéressante puisqu’il est presqu’impossible de garantir la pénétration du béton sur toute la longueur des pieux.
8e étape : réparation des fissures sur la fondation
9e étape : goudronnage et installation du drain français
Les ouvriers peuvent étaler une couche de goudron sur la fondation, mais elle ne résistera pas plus d’un an aux fissures de retrait du béton, selon Martin Forest, propriétaire du Groupe Durasec, entreprise d’étanchéité de fondations basée à Terrebonne, cité dans l’édition avril-mai 2014 du magazine Québec Habitation de l’APCHQ. Il est donc préférable d’installer une membrane d’imperméabilisation qui s’installe typiquement pour 1 500 $ à 2 000 $ (la populaire Delta-MS revient à 214 $ le rouleau de 65 7/12 pi x 7 pi chez Rona, soit 3,26 $ le pied linéaire). S’il est nécessaire d’installer ou de remplacer un drain français (le terme juste est drain agricole), selon les obstacles et difficultés, il faut compter de 180 $ à 240 $ du pied linéaire incluant l’excavation, la pose du drain et de la membrane, le remblayage et le nettoyage, selon RénoAssistance.
10e étape : remblayage du sol
Un cas de pieutage extrême à Montréal
Le Plateau-Mont-Royal est un arrondissement montréalais bien connu pour ses sols argileux propices à l’affaissement des maisons. Sylvain Dubois en était bien conscient, en 1998, lorsqu’il a acquis son triplex, avec vide sanitaire peu profond, sur le Plateau. Construit en 1910, l’immeuble avait d’ailleurs déjà bien travaillé : ses planchers n’étaient pas du tout de niveau. Sa maison était en train de s’affaisser par en avant.
En 2014, il se décide à entreprendre les travaux de redressement. Des travaux majeurs, faits par Construction K2, de Montréal-Est. « Puisqu’il fallait creuser pour installer les pieux et réparer les fondations, j’ai décidé d’aménager un vrai sous-sol, relate M. Dubois. Pour cela, l’entrepreneur a dû retirer des tonnes de terre. Au fur et à mesure des travaux d’excavation, les pieux ont été enfoncés hydrauliquement et les nouvelles fondations ont été faites en béton. Il y a 28 pieux sur tout le pourtour du sous-sol et 3 au centre. » Une fois ces opérations terminées, la plomberie a été installée (dont une nouvelle entrée d’eau) avant de couler une dalle de béton sur une membrane pare-vapeur et de l’isolant. Le propriétaire peut aujourd’hui profiter d’un espace supplémentaire de près de 1 000 pieds carrés dont la hauteur fait huit pieds. Tout n’était pas terminé pour autant.
Puisque sa maison était déjà en mauvais état, avant le pieutage, d’importants travaux ont dû être faits aux étages supérieurs. « Tous les murs ont dû être retirés, l’électricité et la plomberie ont été refaites au complet, dit M. Dubois. Coût total des travaux : 430 000 $ dont 195 000 $ pour la partie sous-sol comprenant l’excavation, le pieutage, la nouvelle fondation et l’aménagement de la dalle de béton. Pour l’aider (un peu), il a reçu une subvention de 13 000 $ de la Ville de Montréal.
Des subventions toujours disponibles
La Société d’habitation du Québec (SHQ) offre aussi une aide financière pour le pieutage des maisons lézardées dans le cadre de son programme Rénovation Québec. « Pour les années 2023-2024, un budget de 18,2 M$ a été réparti parmi les 50 municipalités participantes », affirme Sylvain Fournier, agent de communication à la SHQ. Le demandeur doit d’abord adresser sa demande à sa municipalité, car Rénovation Québec est un programme-cadre qui appuie financièrement les municipalités qui offrent de l’aide visant à améliorer les logements dans des secteurs résidentiels dégradés. Ainsi, à la Ville de Montréal, où des milliers de maisons ont été construites sur sol argileux, le programme RénoPlex offre des subventions pour l’installation de pieux pour les maisons unifamiliales et les immeubles comportant deux à cinq logements. Le montant de l’aide varie selon les types de travaux de pieutage à effectuer. Des subventions sont aussi disponibles pour d’autres types de travaux, comme la pose d’un drain agricole et la réparation de fissures.
Bien sûr, il vaut toujours mieux prévenir que guérir. Si possible, avant la construction, « il est recommandé de vérifier la nature du sol et de pieuter si la nature du sol l’exige », affirme Marco Caron, conseiller technique à l’APCHQ.
La mérule pleureuse
Parmi les autres problèmes qui peuvent survenir dans les sous-sols, il y a un fléau majeur, la mérule pleureuse. Ce champignon géant nécessite parfois de démolir le bâtiment car il se nourrit de cellulose humide, soit de papier, de carton et… de bois. Un manque ou une absence de luminosité, une ventilation insuffisante ou absente et une température oscillant entre 5 et 26 degrés Celsius sont aussi propices à son développement. On retrouve souvent ce champignon dans les vides sanitaires où l’humidité n’est pas contrôlée.
La première action à poser consiste à s’assurer que le champignon présent est bien la mérule. Des firmes spécialisées pourront le déterminer. Ensuite, il faut connaître l’étendue de la contamination. Il faut préciser toutefois que le champignon ne représente pas un risque pour la santé des occupants.
Le problème des vides sanitaires
Une fois cette étape complétée, il faut corriger le problème. Comme cela survient souvent dans les vides sanitaires, l’entreprise Fongix propose une solution qui a fait ses preuves, selon Patrick Ratelle, président. « Il faut d’abord nettoyer l’espace et retirer toutes les matières putrescibles comme les matériaux de construction », recommande-t-il.
Il peut être nécessaire de faire des travaux à l’extérieur si la fondation est fissurée et qu’il y a infiltration d’eau dans le sous-sol. « Dans ce cas, on installe une membrane sur la fondation, dit M. Ratelle. Cela survient souvent lorsque les murs de fondation sont en blocs de béton ou en pierres et moellons », des fondations plus propices aux infiltrations d’eau.
Fongix procède ensuite à la pose d’une sous-membrane et d’une membrane sur le sol. La sous-membrane est une feuille de plastique sur laquelle on colle la membrane. « Elle a deux avantages, souligne M. Ratelle. Elle sert à la fixation de la membrane et évite la création de poches d’air, ce qui crée un effet sous vide. Cela rend la membrane moins propice aux déchirures. »
La membrane principale de Fongix a la particularité d’avoir une épaisseur de 12 mm, soit le double des 6 mm prescrits par la norme de l’Office des normes générales du Canada. « Elle est aussi jointée avec la sous-membrane et ancrée mécaniquement à la base de la fondation et aux assises de béton, fait savoir le président de Fongix. Grâce à cela, elle ne décollera jamais. La pose des deux membranes de Fongix et le fait qu’il n’y a plus de terre exposée à l’air dans le vide sanitaire, par la suite, permet la décontamination. »
Comme un sous-sol est plus propice à l’apparition d’humidité, Fongix y installera un déshumidificateur qui devra fonctionner en permanence. Il est muni d’une pompe intégrée qui permet de déverser l’eau accumulée dans le système de drainage de la maison.
Le coût des travaux est très variable et ceux-ci peuvent durer d’une à quatre semaines, selon leur importance.
La SHQ a aussi créé le Programme d’intervention résidentielle – mérule qui offre une aide financière pour les travaux de décontamination. Pour y être admissible, le demandeur doit être propriétaire du bâtiment et celui-ci doit être déclaré contaminé par la mérule à la suite d’une analyse faite par le Centre d’expertise en analyse environnementale du Québec, rattaché au ministère de l’Environnement.
Le montant de la subvention varie selon la gravité du problème. Le propriétaire peut recevoir jusqu’à 90 000 $ s’il s’agit d’une décontamination suivie d’une réhabilitation ou 150 000 $ s’il s’agit d’une démolition et d’une reconstruction. Le programme doit prendre fin le 31 mars 2024, mais il pourrait être reconduit, selon Sylvain Fournier. « Entre octobre 2018 et mai 2023, nous avons reçu 118 demandes et de ce nombre, 53 ont été jugées admissibles. »
À la fin des travaux, « les problèmes d’humidité dans le sous-sol seront définitivement réglés et les factures d’électricité seront réduites de moitié », promet M. Ratelle.
Un vide sanitaire devenu sous-sol fini
Les résidences les plus susceptibles d’avoir des vides sanitaires se trouvent dans les vieux quartiers des villes comme Montréal, Trois-Rivières et Québec. À Montréal, un résidant de Pointe-Saint-Charles (qui préfère taire son nom) possède une telle résidence âgée de 135 ans. « Le vide sanitaire était en terre avec une partie de béton qui a dû être enlevée, car nous avons fait creuser une section qui représente environ le tiers de la superficie totale de près de 1000 pieds carrés. La partie creusée est passée de quatre à sept pieds de hauteur environ », nous apprend-t-il.
Les travaux, effectués par Fongix, ont commencé au début août 2023 et sont maintenant terminés. « Nous les avons fait faire parce qu’il y avait un problème d’humidité, d’odeur et de propreté, explique le propriétaire. On voulait aussi avoir plus de rangement, solidifier les structures et enlever deux parties de mur qui obstruaient l’espace de rangement. Il n’y avait pas de fissure au niveau des fondations qui sont en moellon. Les travaux ont coûté près de 100 000 $, incluant les taxes et les plans d’ingénieur. »
La pyrite
L’autre problème qui peut survenir dans les sous-sols est la pyrite, un minéral présent dans certaines pierres de remblai et qui s’oxyde et gonfle sous certaines conditions. Le gonflement des remblais de fondations peut provoquer une fissuration importante de la dalle d’un sous-sol ou d’un garage. Ce problème a été identifié au milieu des années 1980 et il touche surtout la Montérégie, mais aussi, dans une moindre mesure, l’île de Montréal et l’île Jésus (Laval). C’est à ces endroits que l’on trouve des carrières où la présence de ce minéral est possible.
Des signes visibles peuvent indiquer la présence de la pyrite : humidité excessive au sous-sol, portes qui ferment mal, sulfatation (le souffre produit une poudre blanche près des fissures de la dalle, c’est du gypse créé par cristallisation du béton qui gonfle et devient friable), fissures dans le mur de fondation et dénivellement du plancher. Toutefois, pour être certain qu’il s’agit bien de pyrite, il est recommandé de procéder à une analyse en laboratoire d’un échantillon de la dalle, du remblai et du sol sous-jacent. Des entreprises comme LCL Environnement effectuent ce type d’analyse.
Si les dommages sont importants, la meilleure façon de se débarrasser du problème de pyrite consiste principalement à briser la dalle, retirer tout le remblai et les débris de béton et à refaire une nouvelle dalle sur du remblai non gonflant (certifié «DB» pour dalle de béton). Pour éviter que des problèmes ne réapparaissent, exigez du producteur de granulats une certification qui démontre que le nouveau remblai est bien une pierre concassée «DB». Cette certification doit figurer sur le bon de livraison de la pierre de remblai, suggère l’Association des consommateurs pour la qualité dans la construction (ACQC). Cette association a publié d’ailleurs un guide complet, intitulé La pyrite et votre maison, qui traite du problème et des solutions qui peuvent y être apportées. Malheureusement, il n’existe plus de programme d’aide pour résoudre ce problème depuis 2011.
L’entreprise montérégienne Mini-Excavation M.B. réalise depuis plus de 25 ans des travaux de décontamination de pyrite et de restauration de la dalle de béton dans les sous-sols ainsi que les murs de fondations (lorsqu’affectés) et les planchers de garage. « Le territoire où je travaille est la Montérégie et la demande y est très forte », dit Marc Beaurivage, propriétaire de l’entreprise. D’ailleurs, lors de notre entrevue, il était au travail et avait peu de temps pour discuter.
L’ocre ferreuse
Dans plusieurs résidences du Québec, les propriétaires sont aux prises avec l’ocre ferreuse qui colmate les drains français. Celle-ci résulte d’une réaction chimique ou d’un processus biologique. Dans le premier cas, elle apparaît lorsque le sol contient du fer. Celui-ci migre alors avec l’eau vers le drain et sous le contact avec l’air, il se forme une boue d’hydroxyde de fer. Dans le second cas, s’il y a présence de la ferrobactérie dans la nappe phréatique, celle-ci forme une masse gélatineuse résultant de l’oxydation du fer au contact de l’air. La présence de cette substance rouge dans les drains fait en sorte que l’eau s’écoule mal et peut finir par les bloquer. S’ensuivent des problèmes d’humidité au sous-sol, propice au développement de moisissures. On remarque aussi une boue gluante dans les fossés et des dépôts rougeâtres sur les dalles de béton et qui dégagent une odeur rappelant celle du soufre. Les municipalités les plus touchées par ce problème sont Terrebonne, Blainville, Gatineau, Québec et Saint-Lazare.
Pour le résoudre, il faut procéder au nettoyage régulier du drain à l’aide d’un jet d’eau injecté par une cheminée de nettoyage. « Il est recommandé d’installer une cheminée sur chaque côté de la maison, parfois plus selon sa forme », fait savoir Marco Caron.
L’entreprise de Québec Solution Ocre ferreux a développé un procédé efficace de nettoyage breveté, appelé RODO, acronyme de ses quatre étapes : rinçage, oxydation, désinfection et ozofloculation (agglomération en flocons des bactéries en suspension rendues inertes par l’oxydation et la désinfection). Le rinçage se fait à très haute pression dans le drain, le clapet antiretour et le conduit reliant la maison à l’égout municipal. Ensuite, on procède à l’injection d’une solution aqueuse ultra pure, réactive et très puissante, un procédé unique à l’entreprise. Cette solution a pour effet de désinfecter le système de drainage, ce qui inclut le drain, ses parois intérieures et extérieures, le clapet antiretour ainsi que le conduit d’évacuation jusqu’au branchement de la municipalité. La dernière étape consiste à injecter une solution contenant deux liquides oxydants dans le système.
« Le pouvoir oxydant et nettoyant de notre solution est 80 fois plus élevé que le chlore et a l’avantage de ne laisser aucun résidu, aucune attaque au plastique du drain et aucun dommage à l’environnement », affirme Sébastien Beaumont, responsable de la recherche et développement chez Solution Ocre ferreux.
Cependant, la solution ne fait pas de miracle. « Comme l’eau continue de circuler dans le sol et que la bactérie demeure présente, elle va pénétrer dans le drain à nouveau et la contamination se reproduira », explique M. Beaumont.
L’entreprise privilégie donc l’entretien préventif et régulier pour éviter que le problème ne revienne. « Nous pouvons conseiller le client sur la fréquence de nettoyage nécessaire et lui enseigner des actions simples à faire pour éviter d’avoir des surprises entre deux nettoyages, poursuit le président de l’entreprise. Dès la première visite, nous proposons l’emploi d’une brosse spéciale pour faire l’entretien du drain (nous lui indiquons comment l’utiliser) et un détecteur d’eau électronique. »
L’entreprise propose aussi un service tout inclus de trois ans comprenant le nettoyage selon les quatre étapes décrites plus haut, la fourniture de la brosse spéciale, la pose du détecteur d’eau, etc.
Carl Ouellet est propriétaire d’une maison dans le secteur Lebourgneuf de Québec, dotée de quatre cheminées de nettoyage. Il a utilisé les services de Solution Ocre ferreux à titre préventif (pas de problème d’ocre ferreux, encore) et se déclare très satisfait. « L’entreprise a fait un premier nettoyage en 2022 et ils sont revenus à l’été 2023, nous apprend le propriétaire. Je compte utiliser leurs services chaque année. Cela m’a coûté chaque fois 550 $, mais c’est bien peu en comparaison avec les problèmes que je pourrais avoir si de l’ocre ferreux se développait dans mon système de drain. » M. Ouellet habite d’ailleurs dans un endroit où ce problème est présent.
Le radon et autres gaz
Divers gaz peuvent aussi s’infiltrer dans les sous-sols. En général, il s’agit de composés organiques volatils (COV) émis notamment par les produits pétroliers comme le mazout qui a fui dans le sol, de monoxyde de carbone (CO) et d’oxydes d’azote (NOx). Mais le plus courant est le radon, un gaz souterrain radioactif qui tue environ mille Québécois par année : c’est la première cause de décès par cancer du poumon chez les non-fumeurs. Toutes les régions de la province sont affectées, si bien que Santé Canada recommande un test de radon dans toutes les habitations de faible hauteur (plus lourd que l’air il se concentre davantage au sous-sol et au rez-de-chaussée) durant la saison de chauffage (sa concentration est plus élevée quand on ventile moins).
Selon une compilation faite par l’Association pulmonaire du Québec, 18 % des maisons québécoises mesurées dépassent la directive nationale sur le radon, qui est de de 200 becquerels par mètre cube (Bq/m3). Sa concentration est plus élevée notamment dans les maisons plus étanches à l’air, mais aussi là où le radon est plus présent dans le sol. Pour la réduire, on peut notamment colmater les fissures dans le béton des murs de fondations, colmater les interstices autour des branchements et sceller les puisards ouverts. Mais quand on dépasse 200 Bq/m3, il faut dépressuriser l’espace sous la dalle en la perçant, une opération qui coûte entre 2 500 $ et 3 500 $ incluant l’installation d’une tuyauterie et d’un petit ventilateur
Joel Valois, président d’Action Radon, réalise des opérations d’atténuation du radon depuis 2009. « On peut diminuer sa concentration, mais on ne peut pas le faire disparaître, souligne-t-il. L’installation d’un système de tuyauterie permet de l’aspirer et de l’évacuer vers l’extérieur. Cette même opération permet aussi d’éliminer dans un même temps le méthane, les vapeurs d’hydrocarbures et l’humidité qui peuvent se trouver dans les sous-sols. »
En terminant, si vous avez connaissance d’un problème dans votre sous-sol, il est recommandé de bien l’identifier et s’il le faut, d’utiliser l’expertise d’une entreprise spécialisée. Elle vous suggèrera la solution qui convient le mieux pour y remédier. Et peut-être, vous éviter des dépenses inutiles.
Pour en savoir davantage
ecohabitation.com/guides/fondations-et-sous-sol
Guide technique du rénovateur, SCHL, 1998 :
https://publications.gc.ca/collections/collection_2017/schl-cmhc/NH15-194-1998-fra.pdf
https://www.quebechabitation.ca/technique/deterioration-des-dalles-sur-sol-analyse-et-diagnostics/