Des élus du New Hampshire veulent faire de ce petit État de la Nouvelle-Angleterre un leader de la précaution en matière d’exposition du public aux champs électromagnétiques.
Déposé le 5 janvier 2022, le projet de loi HB1644 exigerait dès l’an prochain que les antennes de télécommunication soient placées à au moins 1 640 pi (500 m) des zones résidentielles, des parcs, des terrains de jeux, des hôpitaux, des maisons de retraite, des garderies et des écoles. S’il est adopté, il créerait aussi un registre pour toute personne présentant des symptômes d’exposition aux rayonnements électromagnétiques.
Ce projet de loi a été déposé par le représentant Patrick Abrami, membre du gouvernement républicain du New Hampshire (NH) et ingénieur expert en informatisation des hôpitaux. Abrami avait présidé une commission spéciale de cet État chargée d’étudier les effets sur l’environnement et la santé de la technologie cellulaire de cinquième génération, la 5G. Après avoir examiné des milliers d’études évaluées par des pairs et écouté des mois de témoignages d’experts, cette commission a publié 15 recommandations préventives le 1er novembre 2020. Elle avait conclu « qu’il existe un risque important pour la santé publique lié aux effets cumulatifs des rayonnements de radiofréquences qui augmentent chaque jour avec la prolifération des émetteurs de tours cellulaires », explique le projet de loi.
Protéger les plus vulnérables
Cet État de 1,4 million d’habitants tient ainsi tête à la Federal Communications Commission (FCC) qui fait fi des études sur les effets non thermiques néfastes des micro-ondes pulsées publiées depuis plus de 50 ans. Comme l'expliquait le rapport Captured Agency publié en 2015 par le Centre pour l’éthique Edmond J. Safra de l’Université Harvard, le FCC est contrôlé par d'anciens et actuels dirigeants de l'industrie cellulaire qu'il est sensé réglementer.
« L’histoire juridique du New Hampshire est similaire à celle d’autres États dans la mesure où il ne fait aucun doute que les gouvernements locaux et de l’État du New Hampshire sont responsables de la protection de la santé et de la sécurité de nos résidents, en particulier dans le cas de nos enfants les plus vulnérables et de la question des écoles, et aussi dans le cas des personnes âgées et de la question des hôpitaux et des maisons de retraite », affirme le projet de loi.
Celui-ci rappelle que la cour fédérale de Washington a récemment qualifié « d’arbitraire et capricieuse » la décision de la FCC de nier les effets non thermiques des micro-ondes pulsées par les technologies sans fil. En fait, le Centre international de recherche sur le cancer de l’Organisation mondiale de la santé a classé les radiofréquences de « peut-être cancérogènes » en 2011. Classification qui est en cours de révision depuis que deux études majeures, notamment celle du National Toxicology Program, ont conclu en 2018 que ces ondes provoquent des dommages à l’ADN et causent chez les rats les mêmes types de tumeurs que l’on observe à long terme chez certains personnes exposées à ces ondes.
Ce projet de loi nuirait à l'économie du NH en la privant d'un accès libre à la technologie 5G, selon un groupe de réflexion conservateur, le Josiah Bartlett Center for Public Policy, dirigé par James Sununu, frère du gouverneur du New Hampshire Chris Sununu. Ce groupe discrédite également les études qui ont mené plusieurs pays à agir par précaution, dont la France qui a interdit le Wi-Fi dans ses garderies et Taïwan qui a démantelé 1 500 antennes jugées trop près des lieux habités.
« Les zones résidentielles et les écoles ne doivent pas être exposées au risque des radiations émises par les [antennes] qui pourraient provoquer des cancers, des fausses couches et des maladies du système nerveux, et pourraient même pousser les gens au suicide, ont déclaré les législateurs » à Taïwan News.
Pour lire le projet de loi : https://bills.nhliberty.org/bills/2022/HB1644
Politiques internationales de réduction de l'exposition aux ondes du sans-fil :
https://ehtrust.org/policy/international-policy-actions-on-wireless/