L’autisme est décrit comme un trouble du développement caractérisé par des difficultés de l’apprentissage social et de la communication avec des comportements stéréotypés et répétitifs.

L'auteur est docteur en sciences pharmacologiques, chercheur et consultant pharmaceutique suisse.

Mal dépisté et longtemps peu connu des professions médicales, l’autisme fut d’abord classé dans le domaine des déséquilibres mentaux relevant d’une thérapie psychanalytique.

Aujourd’hui son origine est attribuée en partie à une anomalie structurelle du développement du cerveau, notamment lors de la formation des réseaux neuronaux et de l’agencement des synapses (1), avec une part de prédisposition génétique (2).

Jusqu’à il y a une ou deux dizaines d’années, un enfant sur 160 dans le monde présentait un trouble du spectre de l’autisme, les garçons étant quatre fois plus nombreux que les filles à en être affectés. Cette prévalence est en augmentation surtout dans nos pays industrialisés, touchant actuellement environ un enfant sur cent, selon l’Organisation mondiale de la santé (3).

Cet accroissement constant de la prévalence de l’autisme, qui ne peut être que partiellement attribuable au progrès de son dépistage (4), a été analysé en lien avec l’accroissement gigantesque du nombre et de l’intensité des sources d’émission des champs électromagnétiques (CEM) auxquels la population est massivement exposée.

Existe-t-il un lien de cause à effet entre CEM et autisme ?

Effets des CEM in utero

On peut admettre que les causes de l’autisme chez un sujet sont premièrement à rechercher au moment de sa vie prénatale.

Le maintien d’un gradient physiologique d’oxygène entre la circulation utérine et fœtale est essentiel pour les fonctions placentaires. Au niveau cellulaire, les micro-ondes peuvent altérer la fonction mitochondriale avec production excessive d'espèces actives de l’oxygène (5). ll se crée alors un stress oxydatif pathophysiologique (6).

Le manque d’apport adéquat d’oxygène au fœtus causera un retard de croissance intra-utérin, ultérieurement suivi de troubles neurodéveloppementaux dont l’autisme pourrait donc être l'une des conséquences liée à l'exposition chronique aux CEM (7), estime la neuropédiatre Martha R. Herbert, experte de l’autisme à l’Université Harvard.

Du degré de proximité entre une femme enceinte et un système émetteur de micro-ondes dépendra une exposition plus ou moins intense du fœtus aux CEM, favorisée par l’ouverture de la barrière placentaire sous l’effet de cette irradiation (8).

Une telle situation se produisant de manière répétitive au cours du premier trimestre de la grossesse, et donc au stade précoce de développement du fœtus, peut conduire à l’autisme par aberration épigénétique (9). Cela signifie que les CEM peuvent altérer le mécanisme naturel régulant les réactions biochimiques qui modifient les gènes en fonction de leur activité (10), sans changement de la séquence nucléotidique de l’ADN (figure 1). 

  Figure 1

                                                                        

Effets des CEM chez l’enfant

Le problème, cependant, ne se limite pas à une agression intra-utérine.

Il a été observé que, de plus en plus, des enfants en bas-âge, considérés d’abord comme normaux, présentaient un profil de développement régressif, associé à un syndrome autistique.

Il est fortement suspecté que dès la naissance et pendant la prime enfance, une exposition d’un sujet aux CEM peut causer l’autisme en créant une ouverture des canaux calciques des parois cellulaires, provoquant un afflux excessif d’ions calcium dans les neurones et perturbant le mécanisme de formation des synapses (9,10).

Une hypothèse étiologique de l’autisme qui mérite une attention particulière est la stimulation non-allergique des mastocytes dans le système nerveux central, engendrant une libération de substances inflammatoires (11, 12) avec méningite (figure 2). Ce mécanisme parait plausible puisque sous l’action des CEM, une telle stimulation est observée chez le rat (13). Chez les enfants, il serait favorisé par la petite dimension anatomique du crâne, qu’il est facile aux micro-ondes de traverser pour se diffuser dans la matière cérébrale. 

                                                                   Figure 2

Une contamination par le mercure compte aussi parmi les facteurs responsables de l’autisme. Lorsque cette contamination est avérée, il a été montré qu’une détoxification est facilitée par une réduction concomitante des CEM composant l’environnement du malade (12). C’est, dans ce cas, une preuve directe du rôle délétère des CEM dans la pathologie de l’autisme.

 Conclusions

Il en résulte que la proximité d’émetteurs d’ondes comme tablette, téléphone cellulaire ou sans fil (DECT) et Wi-Fi serait à proscrire chez les femmes enceintes. Quelles que soient les sources d’irradiation des CEM, la meilleure façon d’éviter leurs effets sur les enfants est d’en limiter le type, le nombre et l’intensité.

Cet article s’appuie sur la publication pour neurologues : J. Lintermans et JE. Vanderheyden « L’autisme, une pathologie victime de l’environnement moderne ? Où en est-on en 2019 ? »  NEURONE 2019, Vol.24, N°9, pages 60-64

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Références

1. Brieber S et al., Structural brain abnormalities in adolescents with autism spectrum disorder and patients with attention deficit/hyperactivity disorder. J Child Psychol Psychiatry 2007; 48 (12):1251-8

2. Jamain S. et al., La génétique de l’autisme. Med Sci (Paris) 2003 ; 19 : 1081-1090

3. Organisation mondiale de la santé, 2023

4. Camarata S, The Ongoing Rise in Autism: What in the World is Going On? Psychology Today, May 08, 2012

5. Hao YU et al., Effects of microwave radiation on brain energy metabolism and related mechanisms, Mil Med Res 2015 Feb.17, 2:4

6. Burton G, Jauniaux E, Oxidative Stress, Best Pract Res Clin Obstet Gynaecol. 2011; 25(3): 287-299

7. Herbert M, Sage C, Autism and EMF? Plausibility of a pathophysiological link-Part I, Pathophysiology 2013; 20(3): 191-209

8. Migault L. Exposition maternelle aux champs électromagnétiques, prématurité et petit poids de naissance pour l’âge gestationnel : données des cohortes Elfe et Epipage2. Médecine humaine et pathologie. Université de Bordeaux, 2018

9. Ahaja YR et al., Autism: An epigenomic side-effect of excessive exposure to electromagnetic fields, International Journal of Medicine and Medical Sciences, Vol 5(4) pp 171-177, April 2013

10. Sage C et Burgio E, Electromagnetic Fields, Pulsed Radiofrequency Radiation and Epigenetics: How Wireless Technologies May affect Childhood Development, Child Development, 2017, p1-8

11. Pall M, Health Effects of Non-Thermal Microwaves, Health in Buildings Roundtable, NIH & US CDC, July 20 2018

12. Theoharides TC. et al., Mast cell activation and autism, Biochim Biophys Acta 2012 Jan; 1822(1): 34-41

13. Tümkaya L. et al., The Effects of Mobile Phone Exposure on Mast Cells in Rat Dura Mater. Int.J.Morphol. 2019;37(2):719-723

14. Mariea T et Carlo G, Wireless Radiation in the Etiology and Treatment of Autism: Clinical Observations and Mechanisms, J. Aust. Coll. Nutr & Env. Med., Vol 26 N°2 (August 2007) pages 3-7