Hier, l’on apprenait que le Québec affiche encore les taux d’incidence les plus élevés au pays de cancer du sein et autres carcinomes, ceci selon le rapport Statistiques canadiennes sur le cancer 2025. Un expert expliquait à La Presse qu’environ la moitié des cas de cancer du sein ont des causes génétiques. « L’autre 50 % est lié à des questions d’habitudes de vie ou de causes environnementales », énonçait le Dr Denis Soulières, hémato-oncologue et porte-parole scientifique et médical de la Société canadienne du cancer (SCC).

Mais en fait, la pollution de l’environnement joue un rôle bien plus important, car elle peut causer des dommages génétiques, soutient une experte française qui déplore le message envoyé aux femmes par le Dr Soulières. « Un message extrêmement négatif : si c'est génétique, dépensez votre argent à outrance en examens génétiques et en hyper-dépistage, et ceci, trop souvent pour faire faire du fric aux radiologues. De plus, créez le désordre dans votre famille en cherchant à savoir qui a, le premier, amené un mauvais gène! », déplore la Dre Annie Sasco qui a dirigé pendant neuf ans l’Unité de recherche Épidémiologie pour la prévention du cancer du Centre international de Recherche sur le Cancer de l'Organisation mondiale de la santé. (Écouter ici sa récente conférence sur la prévention du cancer prononcée à l’Université McGill.)

La réalité, c'est que la pollution causerait à elle seule la moitié des cas de cancer, estime la Dre Sasco qui regroupe plutôt la génétique d’une part ET les habitudes de vie pour constituer l’autre moitié. 

L'usage intensif du cellulaire est même lié à une hausse du risque de cancer du sein (détails ci-dessous). 
https://ehtrust.org/breast-cancer-and-cell-phone-radiation-2/

 

Les fameuses mutations des gènes BRCA1 et BRCA2 transmises par un ou deux parents « ne représentent que moins de 10 % de tous les cancers du sein féminin, avec un pourcentage un peu plus élevé chez les plus jeunes, souligne la Dre Sasco. Le rôle de l'épigénétique demande à être mieux évalué. »

L’épigénétique est la discipline de la biologie qui étudie « les mécanismes modifiant de manière réversible, transmissible et adaptative l'expression des gènes sans en changer la séquence de l’ADN », selon Wikipédia. Le pédiatre et chercheur italien Ernesto Burgio, que j’ai rencontré à Bruxelles en 2015, m’a expliqué dans cette courte vidéo l’épigénétique ou comment la pollution influence le cancer infantile

Comment peut-on prévenir le cancer du sein?
La Dre Annie Sasco répond : « Pas de tabac, pas ou extrêmement peu d'alcool, pas de traitements hormonaux quelles que soient les voies d'administration y compris en pommade ou en gel, pas de teintures à cheveux, éviter l'obésité, ne pas faire un travail de nuit ou dans les airs (hôtesse de l'air, pilote, astronaute), faire de l'exercice physique et, si le cœur vous en dit, faire de nombreux enfants en commençant très jeune et en les allaitant longtemps. »

J’ai écrit au Dr Soulières afin qu’il précise les propos qu’il a tenus à la journaliste de La Presse. « Par génétique, je voulais indiquer le risque constitutionnel de développer un cancer du sein. Et par constitutionnel dans les causes, on parle de mutation, de polymorphismes polygéniques et d’épigénétique aussi », m’a-t-il répondu par le biais d’une relationniste de la SCC.

Selon le Dr Martin Pall, professeur émérite de biochimie à l’Université d'État de Washington, les champs électromagnétiques (CEM) des micro-ondes pulsées par les technologies de communication sans fil engendrent des dommages génétiques pouvant causer le cancer, ainsi que des polymorphismes génétiques, comme l’activité excessive des canaux calciques dépendants du voltage. Cette dernière peut selon lui causer notamment des effets neuropsychiatriques et l’Alzheimer précoce.

« Plusieurs catégories de facteurs environnementaux ont été impliquées dans l'augmentation du risque de cancer du sein, notamment les hormones et les composés perturbateurs endocriniens, les produits chimiques organiques et les sous-produits de la combustion industrielle et automobile, ainsi que les rayonnements ionisants et non ionisants », écrivait cet été l’épidémiologiste américaine Devra Lee Davis, fondatrice de l’Environmental Health Trust (EHT), ancienne conseillère de Bill Clinton et colauréate du Prix Nobel de la Paix remis en 2007 à Al Gore et à d'autres scientifiques du climat pour leur travail concernant l’impact humain sur les changements climatiques.

Selon une étude taïwanaise parue en 2020, les jeunes femmes utilisant souvent un téléphone intelligent (ou smartphone) augmentent leur risque de cancer du sein. Les auteurs résumaient ainsi leurs résultats :

« Les participantes souffrant d'une addiction au smartphone présentaient un risque significativement plus élevé (1,43 fois) de développer un cancer du sein. Les personnes ayant l'habitude d'utiliser leur smartphone plus de 4,5 minutes avant de se coucher présentaient un risque significativement plus élevé (5,27 fois) de développer un cancer du sein par rapport à celles qui utilisaient leur smartphone moins de 4,5 minutes avant de se coucher. De plus, une plus courte distance entre le smartphone et les seins lors de l'utilisation du smartphone présentait un risque significativement plus élevé (1,59 fois). Les participantes qui portaient leur smartphone près de la poitrine, de la taille ou du ventre présentaient un risque significativement plus élevé de cancer du sein, respectivement 5,03 fois et 4,06 fois plus élevé, par rapport à celles qui portaient leur smartphone sous la taille. De plus, il existait un effet synergique entre la dépendance au smartphone et l'utilisation du smartphone pendant plus de 4,5 minutes avant le coucher, il existait un effet synergique qui augmentait le risque de cancer du sein. »