Le lancement prochain d'un grande campagne promouvant l'ambitieux programme LogisVert d'Hydro-Québec force le populaire programme québécois Rénoclimat à s'y adapter. Et Hydro a mandaté le programme JeRénovÉco de l'organisme Écohabitation pour accompagner les propriétaires qui veulent remplacer leur système de chauffage à combustible fossile polluant.

 

Voir aussi les volets installation et constructions pour les autres subventions, comme celles destinées à la géothermie, sur https://logisvert.ca

Avec l'arrivée de LogisVert (en rodage depuis un an) et la fin du programme fédéral Maisons plus vertes qui a épuisé son budget prévu, la demande pour les évaluations Rénoclimat est déjà en décroissance, mais ce programme n'a pas dit son dernier mot. Le ministère de l'Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs, désormais responsable de la transition énergétique, vient d'ailleurs de le modifier, explique son porte-parole Frédéric Fournier : 

« Afin de s’adapter aux nouvelles réalités du marché avec la fin de la Subvention canadienne pour des Maisons plus vertes et l’arrivée du programme Logis Vert, le programme Rénoclimat se repositionne pour être davantage orienté sur les travaux réalisés sur l’enveloppe du bâtiment, tout en continuant de miser sur les conseils écoénergétiques de conseillers spécialisés. Ainsi, à compter du 1er mai 2024 : 

-        L’aide financière est majorée pour les travaux d’isolation et d’étanchéité, le remplacement de portes et fenêtres ainsi que l’installation de systèmes mécaniques.

-        L’installation de systèmes de chauffage géothermique et de thermopompes à air ne sera plus admissible à une aide financière de Rénoclimat et sera supportée par le biais du programme LogisVert d’Hydro-Québec.

Vous trouverez davantage d’informations sur le site Web à l’adresse suivante : https://transitionenergetique.gouv.qc.ca/residentiel/programmes/modifications-apportees-renoclimat-1er-mai-2024. »

Pénurie d'électricité en vue?

Craignant de manquer de courant en période de pointe et devant la forte demande industrielle pour son hydroélectricité, Hydro-Québec s'attend à doubler ses ventes actuelles qui sont de 200 terawattheures (TWh) par année en prévoyant une hausse de 150 à 200 TWh afin de permettre au Québec d'atteindre son objectif de décarbonation à l'horizon 2050. « En optimisant la consommation d’énergie à la maison et en entreprise, on comblera plus de 10 % des nouveaux besoins énergétiques du Québec », affirme la société d'État sur son site Web. Mais le potentiel de l'efficacité énergétique technicoéconomique (réalisable et rentable) est bien plus élevé.

Hydro affirme devoir ajouter 10 000 mégawatts (MW) de puissance d’ici 2035, ce qui équivaut à six fois celle du complexe hydroélectrique de la Romaine (1 550 MW) qui a été conçu et réalisé sur une période de 20 ans. Or, en novembre, son Plan d'action 2035 doublait sa cible d'efficacité énergétique qui passait à 21 TWh en 2035, ce qui équivaut à une puissance de 3 500 MW ou au tiers de son objectif de nouvelle production.

Ces ambitions inédites expliquent la générosité des nouveaux programmes tel LogisVert. Mais pour assurer son succès, Hydro compte sur la participation de sa clientèle qui grossit à vue d'œil, d'autant plus que le gouvernement vient d'interdire le remplacement et la réparation des systèmes de chauffage à l'huile.

C'est pourquoi Hydro-Québec a mandaté Écohabitation pour accompagner les propriétaires désireux de remplacer une fournaise au mazout ou au gaz par un système tout électrique. « Quand on a déjà des conduits de distribution de chaleur, si on retire la fournaise et on la remplace par un accumulateur de chaleur et une thermopompe à très haute efficacité, on rembourse typiquement l’investissement en six ans grâce aux subventions et au tarif dynamique FlexD d’Hydro », affirme Mathieu Gillet qui dirige le programme JeRénovÉco. Dans le cadre d'un projet pilote, il accompagnera 260 propriétaires cette année et 400 autres l’an prochain. Le contrat de 144 000 $ représente une valeur 396 000 $ pour les participants, puisque chaque accompagnement vaut 600 $, selon M. Gillet.

Conçu en collaboration avec Hydro-Québec par le fabricant Steffes, l'accumulateur de chaleur Serenity est programmé pour préchauffer des briques qu'il contient quand la demande d'électricité est faible en prévision des événements de pointe hivernale. La chaleur stockée ensuite dégagée permet de traverser ces heures de pointe (6h à 9h et 16h à 20h) sans consommer de l'électricité pour le chauffage, ce qui réduira d'autant les importations hydroquébécoises d'électricité chère et polluante. (Hydro veut aussi augmenter ses exportations aux États-Unis où la pointe est essentiellement estivale.) Cela tombe d'autant bien que la plupart des thermopompes sont peu efficaces par grands froids. Mais si l'on opte pour une thermopompe à très haute efficacité pouvant fonctionner jusqu'à -30 degrés Celsius, l'économie de chauffage possible avec un système de chauffage central peut atteindre 40 %, selon les calculs d'Écohabitation. 

La mission de l'organisme dans le cadre de ce projet pilote est multiple. Il aidera les consommateurs à identifier les équipements spécifiques dont leur habitation a besoin pour assurer une bonne performance et à trouver des entrepreneurs détenant la licence appropriée de la Régie du bâtiment. Ceux-ci seront invités à soumissionner sur la base du devis technique spécifique élaboré par les spécialistes d'Écohabitation. « Nous intervenons avant, pendant et après les travaux. Notre service comprend trois appels téléphoniques, notamment pour commenter les soumissions », explique M. Gillet.  

La rentabilité des systèmes choisis dépend évidemment des coûts actuels de chauffage et des pertes de chaleur d’une habitation qui varient notamment selon si elle est détachée ou jumelée, son niveau d’isolation et de surface vitrée, les températures de consigne du thermostat, etc. M. Gillet cite un exemple classique basé sur un cas réel étudié par Écohabitation en 2022 : « Pour une maison typique de 1 700 pieds carrés avec trois occupants, le chauffage au mazout sans option biénergie coûte environ 2 500 $ par année. Remplacer la fournaise par l’accumulateur et la thermopompe coûte environ 30 000 $ mais Hydro offre une aide de 22 000 $ et le programme Chauffez-Vert 1 275 $. Ça revient donc à environ 6 725 $ ou 7 800 $ avec les taxes. Or, les économies sont d’environ 1 100 $ par année, ce qui rembourse l’investissement en moins de sept ans si l’on tient compte des hausses de tarifs. Avec un prêt personnel à un taux d’intérêt de 9 % et remboursable sur dix ans, ça vous coûte une centaine de dollars par année que vous pouvez récupérer en calfeutrant et en négociant votre prime d’assurance maison! »