Scellement des conduits par le procédé Aeroseal.

Chaque matin et à l'année longue, le fils allergique d'Eugenio Picado éternuait pendant cinq minutes au lever. « Depuis qu'on a scellé les conduits de la fournaise, le problème est réglé », raconte ce diplômé en génie mécanique et informatique.

C’est après avoir lu des articles dans les quotidiens The Gazette et La Presse que M. Picado a décidé de faire appel à la compagnie montréalaise Aeroseal/Aerobarrier Globale Global, spécialisée en scellement des conduits de distribution d’air et de l'enveloppe – plafonds, planchers et murs extérieurs – des bâtiments. Le procédé Aeroseal consiste à sceller  l'intérieur des conduits avec un scellant acrylique à base d'eau. 

« J'ai toujours été proactif quant à l'amélioration de ma maison. C'est mon côté geek, spécifie M. Picado. Mon but était d’optimiser l'efficacité énergétique. J'ai rapidement compris que l'on pouvait également améliorer notre confort, la qualité de l'air intérieur ainsi que la durabilité du système de chauffage et de climatisation de notre maison construite en 1986, à l'Île-Bizard. »

Le fondateur d’Aeroseal/Aerobarrier Global, Patrick Rouleau, lui a rendu visite par une période chaude au début de l'été 2022. « J'avais ouvert les fenêtres pendant une heure et actionné le ventilateur de la fournaise afin de maintenir la même température à travers la maison. » M. Picado soupçonnait fortement que ses conduits avaient des fuites d’air parce qu’il n’arrivait jamais à obtenir une température égale partout dans la maison. « Avant les travaux de scellement, on était toujours en train d'essayer de refroidir uniformément la maison, mais on n'y arrivait pas. Durant les canicules, la différence de température variait de 3 à 4 °C entre le sous-sol et les chambres qui se trouvent à la fin du réseau de conduits. Aujourd’hui, la différence est d’environ 1/2 degré Celsius. J'avais aussi remarqué, lors des journées super chaudes, que la climatisation fonctionnait presque sans arrêt pour atteindre la température de confort désirée partout dans la maison. Maintenant, on a remarqué qu’on en a besoin 50 % moins souvent. Par ailleurs, durant les canicules, je programme mon thermostat intelligent Ecobee pour que l’air circule constamment dans la fournaise, ceci afin d'équilibrer les températures et de filtrer l'air, et l’hiver, je programme le thermostat environ 50 % du temps seulement. »

Patrick Rouleau utilise une caméra thermique afin de visualiser les fuites d’air qui, selon les saisons, sont plus fraîches ou plus chaudes que l’enveloppe du bâtiment. « Même si les conduits de métal sont scellés avec du ruban d'aluminium au moment de leur pose, il y a toujours un minimum de fuites d'air, d’autant plus que les écarts de température font que le métal se contracte ou prend de l’expansion, explique le spécialiste. Il est impossible de sceller les côtés des conduits avec du ruban adhésif lorsqu'ils sont collés contre un mur ou un plafond. De plus, le ruban finit par perdre son adhérence avec les années, précisément à cause de ces contractions et expansions. »

Inventées en 1993 au laboratoire national américain Lawrence Berkeley, les technologies Aeroseal et Aerobarrier (photo ci-dessous) font appel à un scellant acrylique à base d'eau et non polluant qui est pulvérisé soit dans les conduits, soit dans l’enveloppe du bâtiment.

En plus de gaspiller l'énergie, les conduits qui fuient peuvent aussi contaminer l’air que l’on respire, explique Patrick Rouleau. C’est que la pression de l’air s’échappant à haute vitesse de « coudes » de conduits, permettant de faire des virages à 45 ou 90 degrés, par exemple, peut créer un effet Venturi aspirant dans les conduits les polluants (poussière, amiante, moisissures, etc.) présents dans les murs. Selon Wikipédia, l’effet Venturi est « un phénomène de la dynamique des fluides, selon lequel un fluide en écoulement subit une dépression là où la vitesse d'écoulement augmente », créant par exemple une aspiration. « J'ai remarqué les bénéfices de l’étanchéisation, souligne M. Picado, parce que les filtres de la fournaise sont maintenant beaucoup moins sales et durent donc beaucoup plus longtemps ». Il en a profité également pour faire installer un purificateur aux rayons ultraviolets à la sortie de la fournaise, afin de détruire les bactéries et autres microbes présents dans l’air intérieur.

Patrick Rouleau ajoute que les fuites de conduits provoquent un « phénomène de court-circuitage de l'air conditionné, qui est aspiré directement dans le plénum central. Cela entraîne un refroidissement excessif de l'air, ce qui compromet l'efficacité de la déshumidification ».

Le scellement des conduits permet également de filtrer tout l'air d'une maison. Durant la pandémie, on entendait souvent parler de familles entières contaminées par le virus de la COVID-19. « Après le scellement des conduits, notre fils a attrapé la COVID et nous l'avons confiné dans sa chambre. Il fut le seul à l’avoir contractée parce que l'air, en recirculant constamment, était filtré ». Notons que les virus se fixent aux particules fines respirables, celles-ci sont alors captées par les filtres dont la haute efficacité est cotée au moins MERV-13 (Minimum Efficiency Reporting Values).

Auparavant, le thermostat intelligent de M. Picado lui indiquait que la consommation annuelle d'énergie se situait dans la moyenne pour une maison comme la sienne. « Aujourd'hui, nous sommes dans le 10e percentile », c’est-à-dire que cette consommation est inférieure comparativement à 90 % des maisons similaires. Le traitement Aeroseal permet à M. Picado d'économiser 400 à 500 $ de chauffage et de climatisation chaque année. « En plus, l'équipement subit moins de stress puisqu’il fonctionne moins souvent; il devrait donc durer plus longtemps. C'est un peu moins tangible, mais c'est facile à raisonner ». Sceller les conduits d’air fut beaucoup plus payant que de remplacer les portes et fenêtres, ajoute l’ingénieur. « Ce fut un très gros investissement qui nous a seulement permis de réduire les coûts énergétiques de 20 $ par mois. Les travaux de scellement ont coûté environ 3 000 $, incluant la pose du système UV et le nettoyage des conduits qui a été sous-traité. » 

Grâce aux économies récurrentes, son investissement se rentabilisera en moins de 7 ans. Ensuite, il empochera des profits, d’autant plus que le coût de l’électricité est appelé à augmenter significativement à l’avenir, puisqu’Hydro-Québec veut doubler sa production en vue de décarboner le Québec d’ici 2050.

« Même si le retour sur investissement n'était pas aussi rapide, conclut Eugenio Picado, ça vaut vraiment la peine parce qu'on gagne en confort, en qualité de l'air et en durabilité accrue des équipements. Autre avantage, si on doit remplacer le système de chauffage et de climatisation, on peut choisir des appareils beaucoup moins puissants s'il n'y a pas de fuites d'air partout dans le réseau de distribution. Patrick, qui nous a installé une nouvelle thermopompe, a calculé que le tonnage requis était passé de 5 tonnes à seulement 3 tonnes de climatisation. Il nous a recommandé un système pour climat froid qui chauffe jusqu'à -25 °C. »

À force d’échanger avec Patrick Rouleau sur une foule de sujets techniques concernant sa maison, M. Picado le considère quasiment comme un ami. « Il m'a aidé dans tellement d'affaires, dit-il. C'est rare qu'on trouve quelqu'un d'aussi passionné. J'ai été convaincu par un article de La Presse [Un duplex centenaire transformé en modèle d’efficacité énergétique] sur la rénovation profonde du duplex centenaire de Felippe Falluh qui a obtenu un record d'étanchéité. Tellement qu'en hiver, il n'a presque pas besoin d’être chauffé, il faut presque le climatiser à l'année! Patrick œuvre dans un marché de niche difficile, mais le scellement spécialisé, c'est son bébé. C'est normal qu'il gagne sa vie avant tout en installant des systèmes de traitement de l’air, mais c'est surprenant de constater les gains qu’il nous permet d’aller chercher en optimisant nos systèmes existants. »