Une grande biodiversité végétale attirera naturellement plusieurs espèces d'insectes bénéfiques et pollinisateurs.

Photos : croquepaysage.com (sauf mention du contraire)

La belle saison est à nos portes! L'arrivée de l’été se traduit souvent par des activités de jardinage de plus en plus populaires en raison de leurs avantages méditatifs, écologiques, économiques et appétissants!

En horticulture, les techniques traditionnelles, où le sol est trop souvent considéré comme un simple support pour les plantes, sont aujourd’hui révolues comme nous l’explique Claudine Gascon, fondatrice et propriétaire de l’entreprise Croque Paysage, située à Val-David. « Labouré et compacté régulièrement avec de la machinerie lourde ou des outils manuels, le sol, sa structure ainsi que son écosystème finissent par être détruits par ces méthodes culturales. » Elle ajoute qu’en plus d'être souvent cultivées en monoculture, ce qui favorise l’apparition des maladies et l’arrivée des ravageurs, les plantes sont alimentées et entretenues avec des engrais et des pesticides de synthèse nocifs. Depuis 2010, Croque Paysage cultive des plantes biologiques comestibles en plus d’offrir des formations et un service de conception d’aménagements comestibles favorisant l’autonomie alimentaire.

Claudine nous a confié quelques trucs et astuces d’horticulture écologique comestible. Ces conseils mettent tous l’accent sur des méthodes de planification, d’entretien et d’aménagement du sol qui s’adaptent aux caractéristiques de la terre et du type de végétaux choisis.  

Les bonnes habitudes

  • Équilibrez votre sol: les trois facteurs qui s’articulent autour d’une terre équilibrée sont le pH (6-7), la texture et la structure. Avant de débuter, il est préférable de faire analyser votre sol afin de déterminer quels amendements seront requis pour l’équilibrer. Les « intrants naturels » choisis (cendre de bois, chaux, paille, mousse de tourbe, etc.) amélioreront durablement ses propriétés physiques, chimiques et biologiques afin d’optimiser la croissance de différents végétaux. Peu importe la qualité du sol de la parcelle de terrain, celle-ci peut toujours être améliorée à l’exception des sols contaminés, peu profonds ou envahis de racines d’arbres. Pour en savoir davantage sur une terre en santé, consultez l’article Les amendements de sol, qu’ossa donne ? des artisans semenciers Les Jardins de l'écoumène.
  • Valorisez les microorganismes: à chaque fois qu’une intervention mécanique est faite au sol, ce dernier s’en trouve perturbé. Le labour, le rotocultage, le binage, l’utilisation d’une herse rotative, d’une grelinette et le piétinage causent de minuscules tremblements de terre troublant la précieuse microfaune du sol (bactéries, champignons, insectes, vers de terre, etc.), notre grand alliée! « En limitant le travail des sols, on laisse la biodiversité œuvrer pour nous, explique Claudine. Le résultat? Des plantes productives, robustes et résistantes aux insectes ravageurs et aux maladies. Plus le sol sera vivant et nourri en surface et plus notre parcelle sera productive. »
  • Fertilisez avec du compost : le compost est un excellent engrais naturel qui permet de nourrir le sol et de stimuler la croissance des plantes. Il est facile à préparer soi-même à partir de déchets organiques comme les feuilles mortes, les restes de fruits et légumes et les rognures de gazon. Ces intrants naturels ont tendance à imiter les systèmes naturels que l’on retrouve notamment en forêt où la microfaune du sol dégrade la matière organique, la rendant assimilable par les plantes. Comme l’évoque si bien Claudine : « On dit qu’un gramme de sol sain peut contenir jusqu’à un milliard d’organismes vivants, tels que les vers de terre, les mille-pattes, les acariens, les nématodes, les bactéries, les champignons et les algues microscopiques. »
  • Utilisez du paillis de feuillus : En plus d’absorber l’eau de pluie, d’empêcher l’érosion du sol par le vent et l’eau, de réduire la germination potentielle des mauvaises herbes et de réguler la température du sol, comme le fait un paillis de cèdre traditionnel, le paillis de feuillus constitue un amendement organique idéal. Également appelé bois raméal fragmenté (BRF), ce paillis est entièrement composé de rameaux broyés (petites branches) d’arbres feuillus ou d’arbustes de moins de 8 cm (3 po) de diamètre qui libèrent des nutriments en se décomposant lentement, rendant le sol plus fertile et attirant les champignons et bactéries bénéfiques, mimant un sol forestier riche de feuillus. L’application du BRF à la surface du sol, préférablement au printemps, est idéale pour recouvrir les différentes surfaces du sol, qu’il s’agisse de sentiers ou de planches de cultures. On l’épand avec un bon apport d’azote à libération lente à la surface du sol, comme le fumier de poule granulaire. Il est conseillé de recouvrir la surface du sol d’un potager avec 2,5 cm (1 po) de paillis de feuillus lors de son implantation puis d'ajouter une quantité d’entretien, soit 1,3 cm (½ po ), vers la fin de  l'automne après avoir appliqué la quantité de fumier de poule granulaire recommandée (20 g/pi2).

Dans une plate-bande de plantes comestibles constituée de diverses vivaces (arbres, arbustes et herbacées), les feuilles tombent au sol et l’ajout des résidus de taille en morceaux permet de créer un paillis naturel semblable au BRF.  La matière générée sert à nourrir les plantes en santé et à éliminer l'apport d'intrants extérieurs. Dans une plate-bande de vivaces comestibles, il est recommandé de recouvrir la surface de 7,5 cm (3 po) de BRF après avoir appliqué le fumier de poule granulaire.

  • Encouragez la biodiversité: la diversité des plantes et des animaux est essentielle pour maintenir un écosystème sain dans votre jardin. Si votre lopin de terre possède  une grande biodiversité végétale, il attirera naturellement plusieurs espèces d'insectes bénéfiques et pollinisateurs. Plantez des espèces indigènes, mellifères et graminées afin de créer des habitats pour les insectes ainsi que les oiseaux, et évitez de couper les arbres et les arbustes inutilement. La réussite d’une culture écologique, biologique et naturelle dépend grandement de la diversité végétale
  • Évitez les pesticides et les herbicides pétrochimiques: ces produits de synthèse sont souvent utilisés pour lutter contre les mauvaises herbes et les insectes nuisibles, mais ils peuvent avoir des effets néfastes sur l'environnement et la santé. Utilisez plutôt des méthodes naturelles comme la rotation des cultures, le paillage, et les barrières physiques pour protéger vos plantes.
  • Effectuez la rotation des cultures: la rotation des cultures au potager, mais aussi dans les plates-bandes, constitue une pratique culturale incontournable. Elle permet de prévenir les maladies, les insectes ravageurs et l'épuisement du sol. On regroupe les catégories de plantes qui ont les mêmes besoins. La rotation s’effectue minimalement à tous les quatre ans. 

Par exemple, on pourrait cultiver des légumes fruits pendant une année puis l’année suivante, au même endroit, des légumes feuilles qui puisent moins de minéraux dans le sol que les précédents. L’année suivante la rotation se poursuit avec des légumes racines, encore moins exigeants sur le plan nutritionnel, et on termine la quatrième année avec des légumineuses qui capteront l’azote de l’air et le fixeront dans le sol afin de l’enrichir. Finalement, les légumes fruits reviennent en tête de rotation la cinquième année dans un espace enrichi du potager.

  • Ajoutez des fleurs comestibles : on s'assure aussi d'ajouter des fleurs comestibles et médicinales annuelles ainsi que des fines herbes annuelles dans chaque parcelle, plate-bande ou potager, afin de miser sur la biodiversité et d'attirer des insectes pollinisateurs indispensables à notre sécurité alimentaire et à la préservation des écosystèmes. Les plantes vivaces comestibles des plates-bandes fleurissent toutes au fil de la saison.
  • Arrosez judicieusement: il est important de respecter les besoins des plantes en arrosage car la transpiration végétale leur permet de puiser dans l'eau du sol les nutriments et les minéraux qui contribuent à produire les sucres essentiels à leur croissance. Il importe de s'assurer que le potager recevra un apport d'eau régulier, « abondant mais distancé (une à deux fois par semaine après l'implantation des végétaux) plutôt que fréquent et minime, précise Claudine Gascon. Les besoins en eau dépendent de la pluviométrie, de la texture du sol, des cultures et de leur stade de croissance, ainsi que de la saisonnalité. En humidifiant abondamment en profondeur tout en laissant des périodes d'assèchement entre les arrosages, les racines des plantes poussent en profondeur. Si l’arrosage s’effectue de façon parcimonieuse et fréquente, les racines restent en surface, ce qui réduit la résilience des plantes. Aussi, tout comme les microorganismes, les racines ont besoins d'air pour vivre; si le sol est constamment détrempé en surface l'échange d'air dans le sol sera compromis. Un système d'irrigation facilite l’arrosage, mais il faut s’assurer de ne pas trop arroser car les besoins en eau des plantes changent au gré de la saison, à cause notamment de la pluie. » 
  • Vérifier le besoin en arrosage: l'arrosage peut devenir un élément angoissant pour le jardinier. Claudine recommande l’humidimètre, un Instrument de mesure peu couteux qui permet de vérifier les besoins en humidité dans le sol.

En plus de ces astuces pratiques pour un jardinage écologique, voici quelques idées originales pour aménager votre jardin de manière durable :

  • Créez un jardin vertical: les jardins verticaux sont une excellente façon de maximiser l'espace dans un petit jardin tout en créant un mur végétal esthétique et écologique. Utilisez des pots suspendus ou des étagères pour y placer les plantes à différents niveaux.
  • Installez une ruche d'abeilles: pollinisatrices naturelles, les abeilles contribuent à la fécondation et la production des fruits et légumes. Sans insectes pollinisateurs, plusieurs cultures ne pourraient pas être produites. En installant une ruche dans votre jardin, vous favorisez la conservation de ces précieux insectes tout en améliorant la production de votre jardin. Cependant, il est important de noter que l'installation d'une ruche nécessite des précautions spéciales pour éviter les piqûres d'abeilles et pour assurer leur sécurité et leur bien-être. 

    Agastache fenouil (source : Inaturalist.org)

    Quelques espèces mellifères du Québec :

    • Agastache fenouil (vivace)
    • Capucines (annuelle)
    • Monarde fistuleuse (vivace)
    • Verge d’or toujours verte (vivace)
    • Zinnia élégant (annuelle)

    Source : Espace pour la vie

     

    Asclépiade commune (Photo : Nature-Action Québec)

    Quelques espèces qui attirent les papillons :

    • Millepertuis de Kalm (vivace)
    • Amélanchier du Canada (vivace)
    • Asclépiade commune (vivace)
    • Cosmos à grandes fleurs (annuelle)
    • Tournesol vivace

    Source : Espace pour la vie

    Un autre truc pour attirer les pollinisateurs? Relever le Défi Pissenlits (auquel participe Nature Action Québec qui recommande les espèces mentionnées ci-dessus dans son dernier blogue 5 façons de rendre votre cour plus écologique cet été) afin de laisser les pissenlits pousser sur votre terrain et ainsi laisser en place cette première nourriture de l’année pour les insectes.

Conclusion

Tout compte fait, l’utilisation judicieuse des ressources hydriques et organiques pour enrichir et contrôler nos plates-bandes, potagers et pelouses ainsi que la mise en terre de plantes mellifères, graminées et diversifiées auront un impact positif à court et long terme sur la santé de nos sols et sur la nôtre. 

Pour en savoir davantage

https://croquepaysage.com/blogs/a-la-decouverte-des-plantes