Trop cher, le bio? Pas si c’est pour éviter des ingrédients dont l’innocuité n’a jamais été démontrée. Au contraire, dans le cas des organismes génétiquement modifiés (OGM) et des herbicides à base de glyphosate tel le Roundup de Monsanto, les rares études indépendantes sur le sujet mettent à mal le feu vert donné en avril dernier pour 15 ans par le gouvernement du Canada qui s’est appuyé essentiellement sur des études non publiées et secrètes de l’industrie.

Le glyphosate est l’herbicide le plus utilisé au monde. Ce pesticide se retrouve sur 45 % des cultures québécoises — principalement dans le maïs, le soya et le canola GM — et dans des centaines d’aliments transformés (détails sur greenpeace.org) non certifiés bio qui en contiennent, dont les viandes issues d’animaux nourris avec ces trois plantes. De plus, le glyphosate est appliqué comme siccatif sur les céréales afin de les assécher plus rapidement au moment de la récolte. La façon la plus sure d’en réduire l’ingestion est d’acheter des aliments certifiés biologiques.

PROBABLEMENT CANCÉROGÈNE
Le glyphosate est mesuré partout dans l’air, dans l’eau, dans le sol, dans le tiers de nos aliments et dans notre urine. Pourtant, il a été classé « probablement cancérogène » par le Centre international de recherche sur le cancer et il pose de sérieux risques sanitaires, selon vigilanceogm.org. « Ces risques, souligne Louise Vandelac, professeure à l’Institut des sciences de l’environnement et au département de sociologie de l’UQAM, sont liés notamment aux effets de perturbation endocrinienne des herbicides à base de glyphosate. En outre, selon l’étude de Mesnage et al. 2014, pour 8 des 9 principaux pesticides au monde, les coformulants sont jusqu’à 1 000 fois plus toxiques que le principe actif, qui est pourtant le seul élément évalué par les instances publiques, d’où l’importance de parler des herbicides à base de glyphosate et non du seul glyphosate. »

Selon l’ingénieure et experte en nutrition Stephanie Seneff, chercheure au prestigieux Massachusetts Institute of Technology, depuis une quinzaine d’années qu’ils ont envahi le marché, les aliments GM cultivés avec des herbicides à base de glyphosate sont corrélés « très très fortement avec l’augmentation des cas de diabète, d’obésité, de défaillance rénale, d’alzheimer, d’autisme et de problèmes de thyroïde », affirme-t-elle dans la toute récente série web gmosrevealed.com.

Dans la même série, l’endocrinologue et interniste américain Dr Zach Bush affirme que l’usage massif des herbicides à base de glyphosate comme siccatif serait un facteur de l’épidémie des maladies cœliaques. Cette intolérance au gluten présent dans le blé, l’orge et le seigle (et qui contamine souvent l’avoine) touche 100 fois plus de personnes qu’on ne le croyait, écrivait le Dr Alessio Fasano dans Scientific American, en août 2009. Selon ce professeur de pédiatrie à l’Université du Maryland, 99 % des gens atteints ne manifestent que les premiers symptômes mineurs de la maladie (ballonnements, douleurs abdominales, constipation, diarrhée, nausée, perte de poids).

ÉTUDE HISTORIQUE SUR DES RATS
En 2012, le chercheur français Gilles-Éric Séralini et son équipe du Criigen a démontré, pour la toute première fois, les dangers de consommer un maïs GM (NK603), avec ou sans l’herbicide Roundup, dans une étude portant sur la vie entière de 200 rats, soit de deux ans et non de trois mois sur 40 rats comme c’est souvent le cas pour autoriser un OGM. Bilan : on a observé chez ces rats des problèmes de foie et de rein, d’énormes tumeurs et ils sont morts prématurément. « Cette étude indépendante a marqué un profond tournant dans l’analyse des effets nocifs du Roundup, des OGM, des lacunes d’évaluation des instances publiques et des troublantes pratiques de Monsanto », nous a expliqué Louise Vandelac, au sortir de la Soirée des sages que j’animais et à laquelle elle participait, à Montréal, le 12 août dernier, dans le cadre de la Foire ÉCOSPHÈRE.

Cette étude ne fut-elle pas ensuite retirée par la revue Food and Chemical Toxicology qui l’avait publiée ? « Oui, dit-elle, et l’étude a été republiée dans la revue Environmental Science Europe, où elle est toujours accessible. Par ailleurs, les Monsanto Papers, ces documents internes de Monsanto déclassifiés dans le cadre de procès intentés en Californie par plus de 75 personnes, témoignent de l’ampleur des manoeuvres pour faire retirer cet article et tenter de détruire la réputation de Séralini qui a dû, depuis 2012, intenter plusieurs procès pour contrer la diffamation, procès qu’il a tous gagnés (détails sur criigen.org). »