Gro Harlem Brundtland, ancienne première ministre de la Norvège et directrice générale de l'Organisation mondiale de la santé.
Gro Harlem Brundtland, ancienne première ministre de la Norvège et directrice générale de l'Organisation mondiale de la santé.

L’industrie du cellulaire a-t-elle eu sa tête à l’OMS? - Hydro-Québec impliquée dans l'établissement des normes laxistes d'exposition aux radiofréquences

Le 9 mars 2002, l’ancienne première ministre de la Norvège et directrice générale de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), la Dre Gro Harlem Brundtland, prenait le monde par surprise. Elle déclarait au journal norvégien Dagbladet (voir le texte ci-bas) que les radiofréquences (micro-ondes) émises par un téléphone cellulaire lui occasionnaient des maux de tête, car elle était hypersensible aux champs électromagnétiques (CEM). « Je réagis aux téléphones mobiles situés jusqu’à environ quatre mètres de distance, a‑t‑elle expliqué. Pour ne pas être soupçonnée d’hystérie […] j'ai fait plusieurs tests. Des personnes ont visité mon bureau avec un téléphone portable caché dans un sac ou une poche, sans que je sache s’il était activé ou éteint, puis nous avons observé mes réactions. J'ai toujours réagi lorsque le téléphone était activé, mais jamais quand il était éteint. Donc, cela ne fait aucun doute. »

L’article paru en première page du quotidien danois fut repris par les médias de la planète et aurait mené à un bras de fer entre Dre Brundtland et son collègue, le physicien et docteur en biologie Michael Repacholi, responsable à l’OMS pendant 10 ans du Projet de recherche international sur les CEM (Projet CEM). Repacholi a souvent été accusé de favoriser les intérêts de l’industrie au détriment de la santé publique. Ce projet avait été financé principalement par l’industrie de la téléphonie cellulaire, un fait dénoncé par plusieurs, dont un fonctionnaire chinois, Zhaojin Cao, du Chinese Center for Disease Control.

Les enfants plus vulnérables
Au cours de la même entrevue, Dre Brundtland a aussi déclaré : « Nous ne disposons pas encore de preuves fournies par des études qui nous permettraient d’émettre des avertissements clairs. Il est établi que les radiations [ionisantes, comme les rayons X], par exemple, peuvent causer le cancer du cerveau. L'OMS a une importante étude [sur les cellulaires] en cours à ce sujet, et dans environ deux ou trois ans, nous aurons de meilleures réponses à toutes ces questions. Néanmoins, je comprends les scientifiques qui nous avertissent. Je pense qu'il y a des raisons d'être prudents et de ne pas utiliser le téléphone portable plus que nécessaire. Et plus on est jeune, plus il est raisonnable de prendre cela au sérieux. Je pense qu'on devrait suivre le principe de précaution. »

Formulé en 1992 dans le Principe 15 de la Déclaration de Rio, le Principe de précaution stipule : « En cas de risque de dommages graves ou irréversibles, l'absence de certitude scientifique absolue ne doit pas servir de prétexte pour remettre à plus tard l'adoption de mesures effectives visant à prévenir la dégradation de l'environnement. » Ancien chef du programme sur les radiations non ionisantes (comme les radiofréquences et les CEM de l’électricité résidentielle) de Santé Canada, Michael Repacholi a longtemps soutenu que l’application de ce principe, qui peut mener à l’adoption de politiques et règlements coûteux pour l’industrie et — du moins initialement — pour la société, n’était pas requise. Il prêchait plutôt une approche d’« évitement prudent » impliquant des dépenses elles aussi prudentes en raison de l’incertitude scientifique persistante. Ce n’est qu’en 2005 qu’il a finalement recommandé que les enfants utilisent la fonction mains libres des téléphones portables. Puis, en 2007, l’OMS a tranché la poire en deux en déclarant que l’application du principe de précaution était justifiée, mais seulement par des mesures très abordables (« very low cost ») en raison de l’incertitude du lien de causalité entre les champs magnétiques de 50-60 hertz et la leucémie infantile. L’OMS a classé ces champs « peut-être cancérogènes » en 2001 et elle a fait de même pour les radiofréquences en 2011.

Or, Dre Brundtland a pris sa retraite de l’OMS la même année où elle a parlé de son électrohypersensibilité, soit à la fin 2002. « Elle en a désappointé plusieurs en ne cherchant pas à se faire réélire », rapporte le quotidien britannique The Guardian. C’est qu’elle a beaucoup accompli, notamment dans la lutte au tabagisme, en facilitant l’accès aux médicaments dans les pays pauvres et en sensibilisant les chefs d’État au sujet des liens entre la pauvreté et la prévalence de maladies comme le sida et la malaria.

Cette médecin diplômée en santé publique passera surtout à l’histoire pour son fameux rapport Notre avenir à tous — le rapport Brundtland qui popularisa le terme « développement durable » —, publié en 1987 par la Commission de l’environnement des Nations unies.

Dre Brundtland a refusé nos demandes d’entrevue au sujet de l’électrohypersensibilité. « Nous avons aussi tenté de la joindre, mais elle ne veut pas être impliquée dans le sujet », rapporte Sissel Halmøy, directrice générale de Folkets Strålevern (Citoyens et radiations), un organisme norvégien d’information sur les CEM et l’électrosensibilité. « Nous avons rencontré sa sœur, Hanne Harlem, il y a quelques mois, et elle a confirmé que Gro était toujours électrohypersensible », ajoute Mme Halmøy.

Selon cette dernière, la franchise de Dre Brundtland lui aurait coûté son emploi. « Elle était dans un combat avec Michael Repacholi, et elle a perdu. Michael Repacholi avait l’industrie pour l’appuyer.

Qui est Michael Repacholi ?
En 1997, Dr Repacholi fut le premier scientifique à découvrir que les ondes émises par un cellulaire augmentaient le risque de cancer chez des souris. À la demande du fabricant de cellulaires Telstra, qui finançait l’étude, il a tenu ses conclusions secrètes pendant deux ans, selon Microwave News, média indépendant new-yorkais spécialisé en CEM et qualifié de « méticuleux et minutieux » par le magazine américain Time.

Avant de diriger le Projet EMF de l’OMS, il fut témoin expert en faveur de compagnies d’électricité publiques. « Tous les honoraires étaient payés par mon employeur, l’Hôpital Royal d’Adelaïde, en Australie du Sud », a‑t‑il tenu à préciser en entrevue par courriel. Depuis qu’il a quitté l’OMS, il est de nouveau consultant pour l’industrie électrique.

Les recommandations du Projet EMF ont été fortement critiquées, car la moitié des membres de son groupe de travail provenaient de l’industrie, dont Michel Plante, un médecin à l’emploi d’Hydro-Québec impliqué dans une controverse avec des chercheurs de l'Université McGill qui avaient publié une étude historique très embarrassante pour la société d'État. En 2005, Dr Plante fut l'une des cinq sources industrielles consultées par Repacholi dans l'élaboration de nouveaux critères de santé environnementale en matière de CEM. Michael Repacholi fut le président fondateur, en 1992, et est aujourd’hui président émérite de l’International Commission on Non-Ionizing Radiation Protection (ICNIRP), l’organisme qui a établi les normes d’exposition aux CEM adoptées par la majorité des pays. En plus de Michel Plante, plusieurs membres de l’ICNIRP siégeaient à son groupe de travail sur les CEM, à l’OMS, et étaient des critiques notoires des études ayant établi des liens entre l’exposition aux CEM et divers problèmes de santé.

Recommandations contestées
Les limites d’exposition du public recommandées par l’ICNIRP mettraient la santé publique en péril et seraient jusqu’à 1 000 fois trop laxistes, car elles ignorent les risques à long terme, comme celui d’être atteint d’un cancer, estime le médecin et expert en CEM David O. Carpenter, de l’université d’Albany (New York), dont il a fondé l’école de santé publique. Par exemple, pour la fréquence 1 800 mégahertz, la limite de l’ICNIRP et de l’OMS est de 9 millions de microwatts par mètre carré (ou 58 volts par mètre), comparativement à 10 millions µW/m2 au Canada, 1 000 µW/m2 en Italie et 1 µW/m2 (0,02 V/m) dans les bâtiments à Salzbourg, en Autriche, selon le site britannique Powerwatch.

Sommité en toxicologie, le Dr Carpenter a dirigé le New York Power Lines Project, un projet d’étude financé par l’État de New York qui a notamment permis, en 1982, au chercheur David Savitz de confirmer le lien établi en 1979 entre le risque accru de leucémie infantile et l’exposition aux champs magnétiques résidentiels. En 1987, Dr Carpenter fut coauteur du rapport indépendant BioInitiative, une analyse de 2 000 études portant sur les CEM qui a incité le Conseil de l’Europe à recommander l’application du principe de précaution. C’est que des effets biologiques peuvent se produire à des niveaux d’exposition bien en deçà des seuils de danger recommandés au niveau international.

« Plus j’observe de près les nouvelles directives sur les CEM de l'ICNIRP, plus je suis convaincu que les dés sont pipés contre ceux qui sont intéressés par la science honnête », affirmait le physicien Louis Slesin, éditeur de Microwave News.

Le 15 novembre 2006, Repacholi répondait à Slesin dans une lettre où il écrivait notamment : « Dire que je suis ou ai été, d’une façon quelconque et à quelque moment que ce soit, influencé par l'industrie est complètement ridicule... Je suis SEULEMENT influencé par la science rigoureuse et les arguments raisonnés. » Le 17 novembre, Slesin répliquait dans Microwave News en affirmant notamment au sujet de Repacholi : « Il a dénaturé les conclusions du panel d'experts qu’il avait réuni pour élaborer les critères de santé environnementale de l’OMS sur les risques pour la santé associés à l’exposition aux CEM, comme l'a souligné le directeur adjoint du NIEHS [et directeur du panel], Chris Portier. »

Il est impossible de savoir le rôle que Michael Repacholi aurait joué dans le départ de Dre Brundtland de l’OMS. Chose certaine, l’entrevue qu’elle a accordée au quotidien Dagbladet a mis l’OMS, en particulier Repacholi, dans l’embarras. À l’époque, le conseiller en communications de l’OMS, Jon Liden, avait du préciser qu’elle avait seulement exprimé « ses opinions personnelles » et « ne remettait pas en question la position actuelle de l’OMS ».

Aujourd’hui, 10 ans après la révélation de Dre Brundtland sur son électrohypersensibilité, l’OMS soutient encore que ce syndrome pourrait être d’origine psychosomatique. « Il n'existe ni critères diagnostiques clairs pour ce problème sanitaire, ni base scientifique permettant de relier les symptômes de la HSEM à une exposition aux CEM », pouvait-on lire dans un document publié en décembre 2005.

Pourtant, certaines études ont conclu que les CEM déclenchent ce syndrome, mais le financement pour les reproduire à grande échelle est quasi inexistant. Le prix Nobel de médecine Luc Montagnier, codécouvreur du virus du sida, collabore à ce sujet avec l’oncologue parisien Dominique Belpomme. Ce dernier traite plus de 500 personnes électrosensibles, a élaboré une méthode de diagnostic de ce syndrome et offre des conseils pour réduire l’exposition aux CEM.

-- Traduction de l’entrevue donnée par Dre Brundtland au quotidien norvégien Dagbladet (www.dagbladet.no/nyheter/2002/03/09/318013.html)

Maux de tête et rayonnement des cellulaires
« Il n'y a aucun bruit, mais je réagis aux ondes. Et ma sensibilité est allée si loin que je réagis aux téléphones mobiles jusqu’à environ quatre mètres de moi », explique Dre Brundtland. Lorsque nous nous assoyons avec elle dans un bureau de la Santé, à Oslo, elle remarque l’apparition d’une petite migraine et demande s’il y a un téléphone portable activé dans la pièce. En effet, bien qu’il soit enfoui dans la poche de sa veste et qu’il n’émette aucun son, le cellulaire du photographe est activé.

L'ancienne première ministre n'a jamais eu son propre téléphone mobile, mais elle a des proches qui en ont, et autrefois elle recevait fréquemment des appels via ces appareils. Elle croit qu'il y a lieu d'être prudent dans l'utilisation des téléphones mobiles.

Un inconfort sévère
« Au début, j'ai senti une chaleur concentrée autour de l'oreille. Puis, les problèmes se sont amplifiés jusqu’à devenir un grand malaise et des maux de tête chaque fois que je communiquais par cellulaire », déclare Dre Brundtland.

Elle a cru pouvoir éviter ces problèmes en écourtant les appels, mais sans succès. Ne plus utiliser de téléphone mobile ne s’est pas non plus avéré un choix efficace : c'est un outil que tout le monde possède aujourd’hui, y compris dans son bureau de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), à Genève.

« J'ai réalisé que j'avais acquis une sensibilité à ces radiations. Pour ne pas être soupçonnée d’hystérie — que les gens croient que c’était le fruit de mon imagination —, j'ai fait plusieurs tests. Des personnes ont visité mon bureau avec un téléphone portable caché dans un sac ou une poche, sans que je sache s’il était activé ou éteint, puis nous avons observé les conséquences. J'ai toujours réagi lorsque le téléphone était activé, mais jamais quand il était éteint. Donc, cela ne fait aucun doute.

– Qu'en est-il des ordinateurs?

– Si je tiens un portable pour voir ce qu’il y a à l’écran, j’ai l’impression qu’une décharge électrique parcourt mes bras. Je dois donc me tenir à l’écart des ordinateurs portables. J'ai un ordinateur de bureau ordinaire, mais seule ma secrétaire l’utilise. Je n'ai pas remarqué les mêmes symptômes près de cet appareil, mais je l'éteins dès que j'arrive. »

Elle ajoute que les maux de tête provoqués par les téléphones mobiles disparaissent une demi-heure après la fin de l’exposition aux radiations.

Évitez les sans fil
Les téléphones sans fil, qui sont de plus en plus courants dans les maisons, sont vantés comme étant « plus puissants » que les téléphones cellulaires. Dre Brundtland ne les tolère pas non plus.

« J’obtiens une réaction immédiate si je tiens un tel téléphone.

– Mettez-vous les gens en garde contre l’usage d'un téléphone portable?

– Nous ne disposons pas encore de preuves fournies par des études qui nous permettraient d’émettre des avertissements clairs. Il est établi que les radiations, par exemple, peuvent causer le cancer du cerveau. L'OMS a une importante étude [sur les cellulaires] en cours à ce sujet, et dans environ deux ou trois ans, nous aurons de meilleures réponses à toutes ces questions. Néanmoins, je comprends les scientifiques qui nous avertissent. Je pense qu'il y a des raisons d'être prudents et ne pas utiliser le téléphone portable plus que nécessaire. Et plus on est jeune, plus il est raisonnable de prendre cela au sérieux. Je pense qu'on devrait suivre le principe de précaution », explique Gro Harlem Brundtland.

Ridiculisés
Auparavant, l’allergie à l’électromagnétisme était ridiculisée par les chercheurs et les professionnels médicaux. L’Association des électrohypersensibles fut la cible de dérision et d'opposition si dures qu'elle cessa ses activités.« Mais je suis convaincue que cela doit être pris au sérieux, continue Dre Brundtland. Certaines personnes acquièrent une sensibilité à l'électricité et aux radiations des appareils comme les téléphones portables et les ordinateurs. Nous ne savons pas encore si cette sensibilité peut avoir des effets néfastes graves sur la santé, comme le cancer ou d’autres maladies, mais je pense que nous devrions suivre le principe de précaution, surtout quand il s'agit d'enfants. »

Évoquant ses petits-enfants qui ont reçu un cellulaire en cadeau, elle soupire avant de conclure : « Les enfants sont les plus vulnérables. »

Publié le samedi 9 mars 2002

-- Michael Repacholi répond à nos questions

Janvier 2012. Michael Repacholi est professeur invité à l’université de Rome. Il a répondu par courriel à nos questions en ces mots.

• Sur son conflit avec Dre Brundtland :
« S'il est vrai que Dre Brundtland n'était pas d'accord avec les révisions scientifiques indépendantes du Projet CEM, sûrement que n'importe qui avec un minimum d'intelligence saurait qu’un membre du personnel quatre niveaux au-dessous de la directrice générale n’aurait aucune influence sur son travail. »

• Sur le financement de l’industrie :
« Le problème a toujours été que, bien qu’on leur avait dit précisément le rôle du financement de l'industrie, personne dans la presse n'a jamais rapporté avec précision que si l'industrie a financé environ la moitié du Projet CEM, comme elle a financé la plupart des recherches sur les CEM de la Commission européenne et la plupart des projets de recherche d’envergure nationale en ce domaine, cela a été fait de telle manière qu'il était impossible pour l’industrie d'avoir une quelconque influence sur les résultats du Projet CEM ou de toute autre projet qu’elle finançait. Ceci parce que tous les fonds passent par un comité pare-feu ou une tierce partie indépendante. Cela signifiait que ceux qui recevaient les fonds de l'industrie étaient protégés de son influence. L’industrie n’avait et n’a encore aucune influence sur le Projet CEM de l’OMS. Toutefois, les militants ne diront jamais cela. »

• Sur le commentaire de Louis Slesin de Microwave News:
« On doit se rappeler que Slesin dirige une « publication activiste » et qu’il a donc une vision complètement déformée de la science. Il m'a dit, il y a plusieurs années, qu'il n'aimait pas l'ICNIRP, car elle fixe des limites bien au-dessus de ce qu'elle considère comme sécuritaire. Le fait est que TOUTES les analyses nationales et internationales ont abouti aux mêmes conclusions scientifiques que l'ICNIRP, alors ses recommandations sont solidement fondées sur des conclusions scientifiques. »

• Sur ses relations avec l’industrie :
« Je suis actuellement un consultant indépendant et je travaille principalement avec les autorités nationales pour les aider à légiférer sur des normes internationales en matière de CEM. Cependant, j'ai toujours été indépendant et je ne dirais jamais rien qui ne soit pas en accord avec les conclusions établies par des comités de révision nationaux et internationaux indépendants. Je perdrais toute crédibilité scientifique si je devais changer des conclusions établies par consensus scientifique pour qu’elles conviennent à une position de l'industrie. »

• Sur pourquoi l’ICNIRP n’a pas adopté de limites sur l’exposition aux CEM tenant compte des risques sanitaires à long terme, comme le cancer infantile :
« L’ICNIRP évalue toutes les données scientifiques avant de prendre toute décision au sujet des limites. Elle n’ignore aucun des résultats de recherche. Toutefois, comme c’est le cas à l'OMS et au sein de toutes les instances nationales qui passent la science en revue, les effets ne sont considérés comme établis que si les résultats ont été reproduits par un autre laboratoire indépendant ou qu'un certain nombre d'études épidémiologiques arrivent aux mêmes résultats. Le problème avec les études épidémiologiques, c'est qu’elles sont soumises à de nombreux biais, et à moins qu’elles n’incluent des tests et des études de validation visant à déterminer l'ampleur de ces biais, leurs résultats sont suspects. Pour cette raison, l'ICNIRP considère qu’il n’a pas été démontré que les CEM causent un quelconque type de cancer, et c’est donc sur la base des effets qui ont été établis que sont fixées les limites. […] Cependant, afin de tenir compte des incertitudes scientifiques, l'ICNIRP introduit des facteurs de sécurité énormes dans ses limites… une approche de précaution, si vous voulez. »

• Sur le manque de financement pour reproduire les études prometteuses :
« Il y a beaucoup d'études qui n'ont pas été reproduites et des études importantes sont recommandées par le programme de recherche de l’OMS. Lorsque je dirigeais le Projet CEM, à l'OMS, j'ai initié ces programmes pour favoriser la recherche dans des domaines où nous avions une connaissance insuffisante. Il en a résulté un investissement de plus de 250 millions $ dans des projets de recherche pour combler les lacunes relevées par le Projet CEM de l’OMS. C’est une réalisation majeure dans le domaine des champs électromagnétiques. »

• Sur le lien entre les champs magnétiques de 50/60 hertz (Hz) et les risques de leucémie infantile, établi notamment en 2009 par la Dre Claire Infante-Rivard de l’Université McGill :
« La conclusion selon laquelle les champs magnétiques de 50/60 Hz pourraient causer la leucémie infantile est encore un sujet de préoccupation, et des fonds considérables ont été investis dans ce domaine sans donner aucun résultat probant. D'un point de vue purement physique, il semble impossible que des champs aussi faibles puissent avoir un quelconque impact sur le corps humain, mais l'OMS recommande davantage de recherche dans ce domaine. L'étude de la Dre Infante-Rivard n’est qu’une de celles qui devraient être reproduites. Cependant, comme l'industrie est critiquée pour avoir financé des études, elle a aujourd’hui retiré son appui financier à la recherche; les gouvernements n'ont pas comblé le vide ainsi créé et il est peu probable qu’ils le feront à l'avenir.

• Sur les dernières études concluant que l’usage régulier d’un cellulaire pendant 10 ans augmente le risque de cancer du cerveau :
« Je crois que l'étude Interphone, dirigée par Elisabeth Cardis, est la meilleure étude épidémiologique effectuée à ce jour. Elle comprend des études de validation qui identifient les biais, dont elle tient compte en partie. Cependant, elle présente d’autres biais dont il est impossible de tenir compte. Toutes les autres études sont beaucoup plus faibles que l’étude Interphone. Cardis a depuis publié d'autres papiers dont les conclusions n'ont pas été confirmées par d'autres études bien menées. Des recherches supplémentaires dans ce domaine sont certainement nécessaires.

Lire aussi :
Gro Harlem Brundtland speaks at the University of Waterloo (avril 2012)
Michael Repacholi : SOB at WHO (mai 2012)