Compteurs intelligents nuisibles pour la santé?Pour nous dorer la pilule, Hydro-Québec et ses acolytes soulignent qu’un compteur « intelligent » situé à un mètre de distance vous exposerait à 50 fois moins de radiofréquences qu’un téléphone cellulaire tenu à la même distance. Soit. Mais cela n’explique pas pourquoi, dans le monde, des milliers de personnes en santé développent soudainement maux de tête, insomnie, palpitations cardiaques, acouphène et autres symptômes d’hypersensibilité électromagnétique (HSEM) après l’installation de ces compteurs qui communiquent en émettant des micro-ondes. Ce serait dû à l’effet « nocebo » (la sensation d’être exposé à un agent nocif) ? Foutaise : souvent, les symptômes sont apparus avant que ces personnes aient su qu’elles avaient un nouveau compteur ou aient entendu parler de la HSEM ! Et comment expliquer que les plantes souffrent aussi de l’installation de ces compteurs?
Ou que les symptômes disparaissent quand on blinde son compteur?

« L’enjeu de santé publique préoccupant autour des compteurs intelligents est l'exposition involontaire des individus et des ménages aux rayonnements de champs électromagnétiques (CEM). » C’est ce que déclarait le 18 janvier dernier le Dr Poki Stewart Namkung, qui est médecin et l’officier de santé publique du comté de Santa Cruz en Californie. Il recommandait alors l’imposition d’un moratoire, adopté par le comté le 24 janvier, sur l’installation de cette toute nouvelle technologie. Le Québec devrait faire de même, le temps que des études approfondies soient réalisées concernant l’impact sanitaire de ces compteurs, et s’engager à ne pas les imposer aux gens qui n’en veulent pas, comme l’ont promis la Californie et la Grande-Bretagne.

Principe de précaution
Le Dr Namkung explique ainsi pourquoi, tout comme plusieurs experts indépendants, il prône l’application du principe de précaution en matière de CEM : « La plupart des recherches réalisées par des chercheurs indépendants des gouvernements et des industriels suggèrent qu’il y a des effets potentiels sérieux résultant de l’exposition aux différents types de radiations non ionisantes, alors que la recherche financée par l’industrie et certains gouvernements semble jeter un doute sur ce potentiel de dommages. » Il cite de nombreux effets biologiques reconnus des radiofréquences, dont l’ouverture de la barrière hémato-encéphalique qui doit protéger le cerveau des toxines sanguines.

Les compteurs intelligents semblent émettre une goutte électromagnétique qui fait déborder le vase de systèmes neurologiques surchargés par le nuage d’électrosmog qui englobe la planète depuis deux décennies. Leurs micro-ondes de 902 mégahertz de fréquence sont émises durant à peine 4,2 millisecondes par minute, mais 24 heures par jour, selon les mesures du technicien Stéphane Bélainsky de la compagnie EM3E. Ce dernier s’inquiète des pics de puissance émis, qui peuvent atteindre jusqu’à 9 000 microwatts par mètre carré à un mètre d’un groupe de cinq compteurs.

Pour sa part, l’épidémiologiste américain Dr Sam Milham craint particulièrement le fait que l’électricité (60 Hertz) circulant dans nos maisons est parasitée par des hautes fréquences transitoires (en kilohertz) émises par ces compteurs — et par tous les appareils électroniques d’ailleurs. En 2008, une étude réalisée par le Dr Milham a révélé que des enseignants d’une école californienne surexposés à cette « électricité sale », avaient développé de 9 à 13 fois plus de cas de cancers de la peau, de l’utérus et de la thyroïde qu’on pouvait s’y attendre parmi un personnel de 137 individus.

Le Canada au courant des risques
Des expositions constantes, même à des émissions de CEM extrêmement faibles, ont des effets cumulatifs sur la santé des populations, notamment sur la viabilité des spermatozoïdes, explique Andrew Michrowski, directeur de l’Association planétaire pour l’assainissement de l’énergie, sise à Ottawa. « Depuis la Guerre de Corée, dit-il, les dossiers médicaux de 100 000 anciens combattants dans plusieurs pays ont démontré que les décès prématurés de ces soldats sont statistiquement liés à l'intensité et à la durée de leur exposition à des radiofréquences. Cette analyse a mené à la publication par le Conseil national de recherches du Canada, en 1973, d’une étude de très grande qualité rédigée par les meilleurs experts internationaux. Intitulée Environmental pollution by microwave radiation - a potential threat to human health, elle décrit 27 façons dont des ondes plus faibles que celles émises par un compteur intelligent ou un cellulaire peuvent induire des effets biologiques à long terme. »

M. Michrowski s’inquiète du fait que plusieurs compteurs intelligents seront installés dans les cuisines où la prochaine génération d’électroménagers « intelligents » leur parleront en émettant aussi des micro-ondes. Avec l’usage exponentiel des appareils sans fil, les pays qui s’intéressent à la HSEM ont constaté que sa prévalence est en hausse constante, passant par exemple de 0,06 % en 1985 à 9 % en 2003 en Suède, et de 1,5 % en 1995 à 13,3 % en 2002 en Autriche (Hallberg et Oberfeld, 2006).

Tous les êtres vivants possèdent une énergie électrique et sont donc plus ou moins sensibles aux CEM. Et chaque individu réagit différemment — et souvent à retardement et de façon prolongée — à des fréquences et doses différentes, d’où la difficulté de diagnostiquer la HSEM. Pourtant, l’oncologue français Dominique Belpomme, qui traite quelque 500 patients électrohypersensibles, a remarqué notamment qu’ils souffrent tous de problèmes de vascularisation cérébrale, diagnostiqués à l’aide d’une échographie Doppler.

Dr Brundtland est électrosensible
En 2002, alors qu’elle était encore directrice générale de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le Dr Gro Harlem Brundtland révélait qu’un cellulaire allumé et caché à son insu jusqu’à quatre mètres de distance lui donnait des céphalées. Il n’empêche que l’OMS affirme encore aujourd’hui que la HSEM pourrait être d’origine psychiatrique. Toutefois, sachez que le programme de recherche de l’OMS sur les CEM a été dirigé pendant dix ans par le biophysicien Michael Repacholi, un consultant pour l’industrie de l’électricité. Ses recommandations concernant les CEM ont d’ailleurs été élaborées de concert avec des représentants de l’industrie, comme le Dr Michel Plante, médecin chez Hydro-Québec (lire microwavenews.com, décembre 2005).

En 2009, la directrice générale de l’Agence européenne de l’Environnement, Jacqueline McGlade, exprimait aussi une sérieuse mise en garde concernant l’incertitude entourant les effets de l’électrosmog. Elle rappelait que le fait de ne pas avoir appliqué le principe de précaution, par exemple dans le cas du tabac, de l’amiante et des métaux lourds, quand la science signalait des risques potentiels importants pour la santé, a entraîné des dommages sérieux et irréversibles chez de nombreuses personnes.

En voulant imposer ses émetteurs de micro-ondes à ceux qui les refusent par précaution, Hydro-Québec bafoue leurs droits fondamentaux à la sécurité de leur personne et au respect de la propriété privée. Nous sommes l’un des peuples les plus exposés aux champs magnétiques.

Nous avons également l’incidence la plus élevée au pays de cancers associés à ces mêmes champs. Le gouvernement du Québec a donc la responsabilité morale de lancer sans tarder une enquête de santé publique indépendante au sujet des compteurs intelligents et de l’hypersensibilité électromagnétique.

Pour en savoir davantage : http://21esiecle.qc.ca/electrosmog