Un nouveau manufacturier de maisons solaires des Laurentides est l’un des premiers du continent à proposer la consommation d’énergie nette zéro, les certifications LEED et Passivhaus, de même que la gestion à distance par la domotique. Avec le rendement net zéro, leur production annuelle d’électricité solaire pourra donc excéder les besoins énergétiques des occupants, réduits à aussi peu que 200 $ d’électricité par année.
« Construire une maison solaire est un concept global qui ne peut pas uniquement être relié à des panneaux solaires », explique Daniele Oppizzi, président d’iLAND Solaire, de Val-David, qui a pensé sa première maison solaire à l’âge de… huit ans! Ses maisons usinées ont été conçues pour réduire les besoins de chauffage au standard Passivhaus de 15 kWh/m2, 90 % moindre que celui d’une maison classique. Elles sont hyper isolées (plancher R-60, toiture R-70 et murs R-40 au minimum), dotées de fenêtres à triple vitrage majoritairement orientées au sud et d’un préchauffage de l’air via un puits canadien qu’il a souvent installé en Europe.
Détenteur d’un bac en architecture et de deux maîtrises (génie de l’environnement et administration publique), Daniele Oppizzi a 30 ans d’expérience en architecture solaire en Suisse et en Italie. Établi au Canada depuis 2014, c’est au Québec que Daniele Oppizzi découvre la maison usinée en bois, en collaborant avec un fabricant local de maisons usinées. Il s’est donné pour mission de fabriquer des maisons solaires accessibles. « Comme l’alimentation bio, l’énergie solaire est devenue plus concurrentielle ces dernières années. Le prix moyen fini de nos maisons est de 147 $/pi2 sans fondations, pour 1 200 pi2 habitables. »
Maisons saines et écologiques
Daniele Oppizzi opte pour des matériaux sains et écologiques tels le gypse recyclé, l’isolation de cellulose dans les murs et plafonds et de polystyrène expansé (recyclable et recyclé au Québec) à l’extérieur et sous la dalle, ainsi que le parement extérieur de bois local, dont la récolte éthique et durable est certifiée FSC (Forest Stewardship Council). « On n’est pas parfait, on va s’améliorer, dit-il. Notre objectif est de trouver le meilleur prix dans le local et l’écolo. En réduisant les coûts de chauffage jusqu’à 90 %, on a résolu une bonne partie des problèmes de la planète. » Il regrette toutefois de ne pas avoir trouvé de fournisseur de conteneurs permettant de recycler les rebuts de construction dans les Laurentides, après en avoir contacté une vingtaine. « Le prix du fer est trop bas, mais je ne comprend pas qu’il ne soit pas recyclé. »
L’entrepreneur connaît plusieurs personnes électrosensibles et il se préoccupe de leur sort. Il a trouvé un pare-air européen dont les mailles métalliques bloquent les micro-ondes pulsées provenant des antennes, compteurs intelligents et autres sources extérieures. Il propose d’installer des interrupteurs de tension pour que ses clients soient à l’abri des ondes durant leur sommeil. Il s’assure aussi que le système électrique soit mis à la terre convenablement pour réduire l’électricité statique et retourner l’électricité au sol.
Au moment de l’inauguration de sa première maison le 25 octobre, l’entreprise avait déjà vendu cinq maisons dans les Laurentides et en Montérégie, selon Daniele Oppizzi. Elle propose une dizaine de designs adaptables aux goûts des clients, allant de la minimaison aux bâtiments industriels, en passant par la maison à étage haut de gamme et les habitations multiples de jusqu’à trois étages.
Une fois livrées sur dalle ou fondation, il faut moins de cinq jours pour raccorder les modules, s’assurer de l’étanchéité, poser les gouttières et raccorder le système électrique et la plomberie.
Ses maisons sont chauffées avec des plinthes radiantes à eau chaude. « On évite le plancher radiant, car dans une telle maison l’inertie causerait une surchauffe durant les journées ensoleillées. Il fournirait 3 kilowatts de chauffage, alors qu’une de nos maisons, de 16 x 16 pieds par exemple, ne nécessiterait que 200 watts de puissance. »
iLAND distribue les panneaux solaires de Global Solar, qui sont de minces pellicules photovoltaïques (à base de cuivre, indium, gallium et sélénium) s’intégrant aux façades ou aux toitures. « Installée à plat, ils produisent de l’électricité sous un peu de neige, mais on doit en poser de 40 à 50 % de plus pour compenser la production qui chute à zéro durant quatre mois en hiver, explique M. Oppizzi. On les installe pour 5 à 6 $ le watt et leur rendement [de conversion du soleil en électricité] est de 15 %. Pour les pellicules intégrées aux façades, le rendement est de 20 % moindre qu’en toiture selon l’orientation. On en met donc un peu plus, mais le prix est identique par watt installé. Évidemment, la puissance et la taille d’un réseau PV dépendent de la consommation électrique prévue par le client. « S’il a 15 serveurs informatiques dans son sous-sol ou joue tout le temps au Playstation, on ajoute du PV en conséquence! »
Le plan d’implantation et d’intégration architectural de la route 117 à Val-David ne permet pas qu’iLAND pose des panneaux photovoltaïques sur la façade de son usine qui borde la route Il en discute avec les élus pour leur expliquer les enjeux de l’architecture de demain. « Il faut se battre pour faire sa place au soleil. On y arrivera, c’est un travail d’éducation, mais à Val-David j’ai bon espoir que ce sera une municipalité en avance sur toutes les autres dans ce domaine », dit-il.
Pour la maison hors réseau totalement autonome et pour donner une sécurité énergétique à la maison autosuffisante à rendement net zéro en cas de panne du réseau, il propose le poêle au propane ou aux granules. « Avec un sac de 40 livres, ça donne deux semaines d’autonomie dans une maison passive. » En attendant d’emménager dans sa propre maison iLAND l’an prochain, il dit vivre dans une maison qui « est tout sauf passive » dans laquelle un poêle Piazzetta électronique lui permet de chauffer durant deux jours avec un sac de granules.
Pour plus de sécurité énergétique, il propose aussi les batteries Victron, à base de lithium, fer et phosphate, 50 % plus légères et moins volumineuses que celles à base de plomb. Bien que les ressources mondiales en lithium soient limitées et que la filière de recyclage est embryonnaire, Daniele Oppizi dit qu’il faut vivre avec ses contradictions et faire de son mieux : « Le recyclage des piles au lithium — au Canada comme ailleurs dans le monde — est catastrophique, mais je peux les envoyer en Europe. On est en période de transition énergétique et probablement que de nouvelles solutions vont apparaître sur le marché, mais pour le moment, je n’ai rien d’autre de mieux à proposer de non polluant. On aimerait bien avoir des piles aux concombres! »
Ses maisons sont conçues notamment avec le logiciel PHPP (Passive House Planning Package), plus précis que le logiciel canadien HOT2000 pour calculer les pertes de chaleur en tenant compte du volume à chauffer et de la résistance thermique globale de l’enveloppe. Ses calculs seront validés par l’organisme Écohabitation qui, en plus de décerner la certification LEED pour les habitations, offre l’accompagnement et la simulation sur PHPP en vue d’obtenir la certification passive.
Daniele Oppizzi collabore avec des gens expérimentés qui assurent la qualité des produits et de ses installations solaires : l’électricien Sébastien Brodeur, de Solaris électrique à Sainte-Adèle, « une perle », selon lui, et Écosolaris de Saint-Jérôme, distributeur de chauffe-air et chauffe-eau solaires, entre autres produits.
iLAND est partenaire de l’entreprise adéloise M2 Domotique qui offre la gestion à distance des systèmes d’énergie, de divertissement et de sécurité, « permettant de simplifier la vie de ses occupants. C’est ainsi que le constructeur pourra prendre en charge la maison à long terme en offrant des conseils, des services, de l’échange d’expériences, et même en envoyant des rappels lorsque de l’entretien doit être effectué sur la maison (comme le nettoyage des conduites d’air ou la teinture du revêtement extérieur). » Selon le président de l’entreprise, il est possible de combiner domotique et faibles champs électromagnétiques en câblant les technologies le plus possible.
Stagiaire dans une firme d’architectes suisse à l’âge de 15 ans, Daniele Oppizzi rêvait déjà de changer le monde. Détenteur de 15 brevets solaires internationaux d’inventions solaires qu’il vend aux quatre coins du globe. Il a été collaborateur scientifique dans le Parc national des dolomites et à l’Office fédéral suisse de topographie, adjoint au chef du département Environnement de l’exposition nationale suisse Expo.02, et chef de projet auprès de l’Office fédéral suisse de l’environnement. Ancien chargé d’enseignement en droit et sciences de l’environnement à l’Université de Neuchâtel, il a notamment créé le Festival Solaire de Neuchâtel et le Morocco Solar Festival. Il est l’auteur du livre Les maisons solaires sauveront la planète qui sera publié prochainement.
Le centre de développement iLAND emploie une dizaine de personnes et représente une cinquantaine d’emplois en tenant compte des sous-traitants. Son équipe peut produire jusqu’à 42 maisons par année et le contrôle de la qualité respecte la norme CSA A277 tel que l’exige l’Institut canadien de l’habitation usinée. « Nous effectuons quatre niveaux de contrôles : par notre chef d’usine, par moi-même, par nos sous-traitants et par l’organisme indépendant Laboratoires QAI. »
Daniele Oppizzi dit avoir des projets de développement avec des promoteurs de Sainte-Adèle, Val-David et Saint-Adolphe d’Howard, en plus d’être en voie d’implanter quatre franchises à l’étranger (France, Suisse, Espagne et République centrafricaine). « Nous avons aussi un projet de smart village pour les régions reculées où on pourra recevoir une consultation médicale sur écran en appelant un médecin à Montréal. Des appartements seront orientés autour d’une place centrale et d’un local communautaire incluant la clinique médicale. Les gens veulent rester en région rurale, mais ont besoin de sécurité et de voisinage. Nous avons été pressentis par un promoteur qui prévoit développer 300 projets. »