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La prochaine décennie au Québec verra une progression où les maisons solaires passives deviendront de plus en plus connues et en demande, et ce, pour deux raisons : afin d'économiser l'énergie (et donc les dépenses énergétiques) tout en améliorant notre confort.

Au Québec, avec nos hivers froids mais ensoleillés, utiliser l'énergie solaire passive qui traverse nos vitrages afin de chauffer nos bâtiments devrait aller de soi. Simplement en orientant les fenêtres majoritairement au sud, il est possible de diminuer la facture de chauffage de 25 %, sans aucune augmentation du coût de construction. En améliorant un peu la qualité des bâtiments (plus grande étanchéité, échangeur d'air récupérateur de chaleur plus efficace, un peu plus d'isolant, etc.), il est facile de réduire la facture de chauffage de 50 %, et ce, avec un faible surcoût initial, de sorte qu'il est récupéré en moins de 10 ans. De plus, en construisant une maison beaucoup plus performante, comme celles certifiées Passive House, il est possible de réduire la facture de chauffage de 90 %. En ce moment, le surcoût de telles maisons est de l'ordre de 15 % et se récupère environ sur la même période que le prêt hypothécaire, soit une trentaine d'année.

Les professionnels du domaine de la construction qui comprendront qu'ils peuvent construire des bâtiments au même coût tout en diminuant les besoins de chauffage de 25 % bénéficieront d'un atout concurrentiel. Et ils auront tout avantage à inciter les acheteurs à acquérir des maisons de plus grande qualité, certifiées Novoclimat 2.0 ou R-2000 (normes volontaires qui ont été récemment révisées à la hausse).

Quand la majorité des acheteurs sera au courant qu'il est possible de réduire sa dépense énergétique du quart sans augmenter son hypothèque, la demande pour de telles maisons sera si forte qu'elle deviendra la norme. Ce n'est qu'une question d'éducation.

Les maisons ultra performantes de type Passive House continueront tranquillement à augmenter en nombre, ce qui facilitera peu à peu l'accès à des matériaux de construction plus performants. Parallèlement, de nouveaux distributeurs et manufacturiers apparaîtront, ce qui augmentera l'offre et fera éventuellement diminuer un peu les prix. Et avec la hausse à prévoir des coûts de l'énergie, ce type de maison représentera un excellent placement financier à long terme d'ici une décennie.

En plus des considérations économiques, la question de confort deviendra de plus en plus importante. Pendant combien de temps encore les Québécois supporteront-ils leurs vieilles maisons pleines de courants d'air? Les acheteurs de maisons neuves ont-il l'impression d'en avoir pour leur argent avec leurs fenêtres toutes embuées et leurs échangeurs d'air bruyants et inefficaces? Pourquoi acceptons-nous des bâtiments neufs de bien moindre qualité qu'en Europe?

Lentement mais sûrement, les acheteurs demanderont des bâtiments de plus en plus confortables et économes en énergie. En parallèle, de plus en plus de professionnels de la construction deviendront sensibles à ces questions. Une révision périodique du Code du bâtiment devrait avoir lieu, idéalement tous les cinq ans, afin de hausser graduellement la performance minimale des bâtiments sans trop bousculer l'industrie. Cette évolution tranquille aiderait le Québec à consolider son indépendance et sa sécurité énergétique.

Diane Bastien est candidate au doctorat en génie du bâtiment à l'Université Concordia et membre du Cercle scientifique David Suzuki.