Le Québec entend interdire l’installation « d’une chaudière, d’un générateur d’air chaud ou d’un chauffe-eau fonctionnant en tout ou en partie au mazout » dans un bâtiment résidentiel neuf dès le 31 décembre 2021, et dans un bâtiment résidentiel existant à compter du 31 décembre 2023.

Pierre Préfontaine n’est pas très heureux, car il s’attend à ce que ses coûts de chauffage doublent éventuellement. C’est que l’arrondissement montréalais de Mont-Royal a décidé d’interdire le chauffage au mazout, tout comme Montréal et le gouvernement provincial veulent le faire progressivement. Or, depuis 2020, M. Préfontaine avait réussi à réduire sa consommation de mazout de 60 %!

De 2011 à 2019, il a brûlé en moyenne 932 litres de mazout par année pour chauffer sa maison de 2 500 pieds carrés habitables, excluant le sous-sol, construite en 1948. En plus de sa fournaise au mazout, sa maison est équipée d’une thermopompe qui lui permet de profiter du tarif biénergie (nommé DT) d’Hydro-Québec. 

Selon le site Web d’Hydro-Québec, le tarif biénergie (DT) permettrait à un ménage montréalais de quatre personnes vivant dans une maison de 1 700 pieds carrés d’économiser 522 $ par année sur les coûts de chauffage qui s’élèveraient à 2 065 $ si la maison était entièrement chauffée à l’électricité. Le tarif DT s’applique aux maisons chauffées à l’électricité lorsque les températures sont plus favorables et avec un combustible (mazout, gaz naturel, propane ou biomasse) quand le mercure chute à -12 °C ou -15 °C, selon la zone climatique où se trouve l’habitation. Ce qui représente un tarif de 4,4 cents le kilowattheure (¢/kWh) pour la majeure partie de l’année, au lieu du tarif domestique courant (D) de 9,5 ¢/kWh facturé à partir du 41e kWh consommé quotidiennement. Les 40 premiers kWh, qui concernent l’éclairage et essentiellement les appareils autres que ceux de chauffage, sont facturés au tarif « patrimonial » de 2,5 ¢kWh, réflétant les coûts de production inférieurs des vieilles centrales hydroélectriques. Lorsque le mercure chute à -12 °C ou -15 °C, selon les régions, le tarif biénergie passe à̀ 25,9 ¢/kWh afin d’inciter les consommateurs à utiliser autant que possible leurs appareils énergivores, comme les plinthes électriques et la sécheuse, à des périodes de la journée où le temps est plus doux. « Le système biénergie doit être muni d’un dispositif de permutation automatique qui commande le passage d’une source d’énergie à l’autre lorsqu’une sonde de température extérieure, généralement intégrée au compteur d’Hydro‑Québec, lui transmet un signal, peut-on lire sur le site de la société d’État. Il doit comporter aussi un voyant lumineux qui est éteint lorsque la consommation d’électricité est facturée au prix le moins élevé du tarif DT et qui est allumé lorsqu’elle est facturée au prix élevé. » © Hydro-Québec, adapté par Écohabitation

En 2020, la consommation de mazout de M. Préfontaine avait chuté de 64 %, à 334 litres, grâce aux changements qu’il avait réalisés dans sa demeure : il a remplacé la plupart de ses fenêtres, fait installer le système de contrôle Tri-Énergie 3-FLEX, de l’entreprise montréalaise ABC Hybrid, qui permet de profiter du tarif DT le plus longtemps possible malgré l'utilisation d'une thermopompe, et il avait pris l’habitude d’abaisser la température de sa maison à 15 °C lorsqu’il séjournait à son chalet avec sa famille. Pierre Préfontaine estime que l’hiver dernier, son système de chauffage n’a consommé qu’environ 230 litres de mazout et qu'il contribue donc très peu aux changements climatiques. « Cette consommation minimale de mazout ne justifie pas que je sois forcé de convertir au tout-électrique », plaide-t-il.

Les gaz à effet de serre émis par la combustion d'énergies fossiles accélèrent les changements climatique responsables notamment des grandes sécheresses favorisant les feux de forêts.

Pourtant, l’Agence internationale de l’énergie comme le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat sont formels : il faut cesser d’investir dans les énergies fossiles au plus vite afin de réduire massivement nos émissions de gaz à effet de serre. Comme l’a expliqué récemment le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres : « À moins de réduire immédiatement et à grande échelle les émissions de gaz à effet de serre, limiter le réchauffement à 1,5 °C sera impossible, avec des conséquences catastrophiques pour les populations et la planète. »

Le 21 décembre 2020, le maire de Mont-Royal, Philippe Roy, affirmait au journal La Poste de Mont-Royal qu’il entendait faire adopter en 2021 un projet de règlement interdisant carrément le chauffage au mazout dès 2025, et l’utilisation de la biénergie au mazout en 2030. Pour sa part, la Ville de Montréal annonçait en 2019 que les nouveaux bâtiments montréalais devraient être carboneutres dès 2030 et l’ensemble des bâtiments du territoire d’ici 2050.

Interdiction provinciale

Enfin, le 21 avril 2021, le gouvernement Legault déposait un projet de loi visant à interdire l’installation « d’une chaudière, d’un générateur d’air chaud ou d’un chauffe-eau fonctionnant en tout ou en partie au mazout » dans un bâtiment résidentiel neuf dès le 31 décembre 2021, et dans un bâtiment résidentiel existant à compter du 31 décembre 2023. À partir de cette dernière date, il serait aussi interdit de remplacer un appareil au mazout par un appareil utilisant un combustible fossile comme le gaz. Toujours à partir du 31 décembre 2023, il serait interdit de réparer un système de chauffage au mazout fabriqué depuis plus de 20 ans et un chauffe-eau au mazout fabriqué depuis plus de 10 ans. Des amendes importantes, allant de 350 $ à 3 000 000 $, sont prévues dans le cas du non-respect de cette réglementation.

La période de consultation publique sur ce projet de loi s’est terminée le 4 juin. « En fonction des commentaires, le projet de règlement peut être modifié ou pas. Ces étapes sont en cours actuellement. Par la suite, le projet de règlement suit le processus d'adoption usuel au niveau juridique », explique Annie Roy, coordonnatrice à la Direction de l'expertise en réduction des émissions de gaz à effet de serre du ministère de l'Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques du Québec.

Un des nombreux oiseaux victimes de la marée noire survenue en 2010 dans le Golfe du Mexique après l'explosion de la plateforme pétrolière Deepwater Horizon, louée par BP (British Petroleum). © AP PHOTO/CHARLIE RIEDEL

S’il est adopté, ce projet de loi entraînerait d'ici 2030 des pertes économiques nettes de 4,8 millions de dollars (M $) pour les entreprises québécoises (raffineurs, distributeurs et maîtres mécaniciens) d’ici 2030, mais un bilan positif pour le Québec d'environ 168,4 M$, estime le gouvernement. Il augmenterait les ventes d’électricité et de biomasse et mazout réduirait les émissions de gaz à effet de serre ainsi que la pollution atmosphérique. Ce calcul fait fi des gains réalisés en évitant les déversements et les fuites de mazout occasionnés lors de sa production, son transport, sa livraison et son stockage.

Les objections de Pierre Préfontaine

Pierre Préfontaine, qui vit à Mont-Royal depuis 20 ans, a envoyé une lettre de protestation à ses élus municipaux. « Si votre règlement m’oblige à remplacer mon système Tri-Énergie par une fournaise uniquement électrique, mes coûts en énergie vont doubler, sans compter les frais importants occasionnés par la conversion elle-même, écrivait-il. Mais le pire dans cette situation, c’est que cette ‘’mise aux normes’’ imposée par votre projet de règlement aura, dans mon cas, un effet très minime en matière de réduction des gaz à effet de serre, considérant ma consommation déjà très réduite de mazout, et elle m’obligera à augmenter ma demande [en électricité] lors de grands froids. En multipliant ces effets par autant de propriétaires qui auront à convertir exclusivement à l’électricité leur système au mazout, il y aura une pression accrue sur Hydro-Québec qui fera craindre le pire par grands froids : les bris de service. Socialement, je crois qu’une diversité de « systèmes propres » et performants constitue une meilleure assurance contre les défaillances inévitables d’un système unique, universel. »  

En entrevue,  Pierre Préfontaine nous a confié vivre une autre inquiétude partagée par bien des Québécois : « S’il y avait une autre crise de verglas avec pannes de courant prolongées, une petite génératrice pourrait faire fonctionner ma fournaise au mazout et ainsi maintenir le chauffage dans toute la maison. Si la municipalité nous force à enlever la fournaise au mazout, cela nous enlève aussi la possibilité d’éviter le pire en cas de situation de crise. »

L'option des granules

En fait, selon Pierre-Olivier Pineau, titulaire de la Chaire de gestion du secteur de l’énergie à HEC Montréal, M. Préfontaine pourrait passer au chauffage à la biomasse de granules de bois, une énergie renouvelable qui lui permettrait de profiter du tarif biénergie (DT). « Le problème [du chauffage en période] de pointe est si important au Québec que je suis contre l’idée d’éliminer la biénergie – d’autant plus que ce serait assez facile de passer progressivement d’une biénergie à la biomasse », opine l’expert. Au Québec, la période de pointe pour la demande en électricité survient par grands froids, et est la plus élevée de 6 h à 9 h et de 16 h à 20 h.

Cette pointe augmente d’année en année car de plus en plus de Québécois (environ 80 % des ménages) chauffent à l’électricité, une situation unique au monde qui s'amplifie puisque le mazout est moins populaire en cette époque de crise climatique. C’est d’ailleurs pour respecter ses engagements de réduction d’émissions de gaz à effet de serre (GES) que le gouvernement québécois propose le programme Chauffez vert. Celui-ci subventionne le remplacement des systèmes au mazout ou au propane par « l'achat et l'installation d'équipements neufs menant à l'utilisation exclusive d'une source d'énergie renouvelable admissible telle que l'hydroélectricité, la géothermie, la biomasse forestière, le bois, l'éolien, le solaire [thermique et photovoltaïque] ou une combinaison de ces dernières.
-        Les équipements neufs doivent combler les besoins énergétiques qui étaient couverts par le ou les systèmes démantelés
-       Les travaux doivent être exécutés par un ou des entrepreneurs ayant une entreprise inscrite au Registraire des entreprises du Québec; ceux-ci doivent détenir les licences de la Régie du bâtiment (RBQ) appropriées au travail à accomplir et être membres de la corporation professionnelle responsable du secteur d'activité touché, précise le Guide du participant à Chauffez vert
Concernant les thermopompes, c'est Hydro-Québec qui verse désormais l’aide financière de 50 $ pour chaque millier d’unités thermiques britanniques (BTU) de chauffage requis à -8 °C, par exemple de 900 $ pour un système de 18 000 BTU.

En dix ans, 25 000 ménages ont laissé tomber l'option biénergie, tendance accélérée par Chauffez vert. « Au 31 décembre 2020, nous avions environ 100 000 clients au tarif DT, alors que nous en avions environ 125 000 au 31 décembre 2010. La combinaison électricité-mazout était utilisée par environ 80 à 85% de ces clients », explique Cendrix Bouchard, relationniste chez Hydro-Québec. La disparition de 25 000 systèmes biénergie électricité-mazout a donc augmenté la demande en électricité lors des périodes de pointe. Hydro-Québec ignore combien de ces 25 000 unités ont été remplacées par des systèmes biénergie au gaz et à la biomasse.

Les désavantages du mazout

En plus de polluer, le chauffage au mazout gaspille de l’énergie parce que l'efficacité de combustion des appareils est d’environ 80-85 %. Comparativement, le chauffage électrique est efficace à 100 % dans le cas d’une plinthe ou autre appareil à convection et les thermopompes produisent même plus d’énergie qu’elles n’en consomment : c’est pompes à chaleur air-air permettent typiquement de réduire de 20 à 30 % les coûts de chauffage comparativement aux plinthes, tandis qu’un système géothermique peut réduire la facture de chauffage d’au moins 50 %.

La pointe de la demande d'électricité pollue aussi 

Autre hic : en période de pointe, quand la demande d’électricité excède la capacité de production des centrales hydroélectriques, Hydro-Québec doit importer de l’électricité de source thermique. Or, l’efficacité énergétique d’une centrale thermique carburant aux énergies fossiles (gaz, diesel ou mazout) est lamentable : 25 à 30 %. Une telle centrale de pointe émet donc proportionnellement plus de GES qu’une fournaise au mazout, d’autant plus qu’elle ne récupère pas la chaleur, fait remarquer Jean-Pierre Finet, analyste auprès du Regroupement des organismes environnementaux en énergie. « Quand les systèmes au mazout arrivent en fin de vie utile, [le programme] Chauffez vert finance les consommateurs pour les convertir à l’électricité. Ainsi le gouvernement se tire dans le pied en augmentant le problème de pointe d’Hydro-Québec », affirme M. Finet.

Cendrix Bouchard d'Hydro-Québec nuance : « Nos approvisionnements en électricité sur une base annuelle sont à plus de 99 % renouvelables. Hydro-Québec n'exploite qu'une seule centrale thermique sur son réseau principal, la centrale de Bécancour. Celle-ci est uniquement utilisée pour équilibrer le réseau et non pas pour des besoins de pointe. En période de pointe, Hydro-Québec peut avoir à importer de l'électricité des marchés voisins afin de combler un déficit de puissance. La grande majorité de nos importations pour combler des déficits de puissance proviennent de l'Ontario dont le mix énergétique est composé principalement d'hydroélectricité et de nucléaire. D'ailleurs la production au mazout ne constitue qu'un faible pourcentage des mix énergétiques des provinces et États voisins. En tout et partout, la production d'électricité au mazout ne constitue que 0,02 % de nos approvisionnements annuels. 

Vous trouverez ci-dessous les émissions de GES associées aux importations d'Hydro-Québec Distribution lors des trois dernières années. Ces émissions sont principalement associées à des achats d'électricité lors de périodes de pointe au Québec. Nous calculons ces émissions sur une base horaire à partir des mix énergétiques en vigueur dans les marchés voisins au moment des achats d'électricité.

2020 : 2 333 t GES (ou l'équivalent des émissions annuelles d'environ 600 véhicules légers roulant 20 000 km/an) - un diminution expliquée par une diminution des importations sur les marchés avoisinants due à une baisse de la demande en électricité, relié principalement au conditions climatiques plus chaudes que la normales ainsi que par la pandémie en 2020.

2019 : 30 486 t GES (ou l'équivalent des émissions annuelles d'environ 7 600 véhicules légers roulant 20 000 km/an)

2018 : 37 692 t GES (ou l'équivalent des émissions annuelles d'environ 9 400 véhicules légers roulant 20 000 km/an)

Rappelons qu'Hydro-Québec est un exportateur net d'électricité et qu'il a contribué à faire éviter 6,6M t GES par ses exportations dans les marchés voisins pour l'année 2020 seulement. Hydro-Québec contribue fortement à la décarbonation de l'Amérique du Nord. »

Lors d’événements de pointe, l'accumulateur thermique est programmé pour que les éléments électriques cessent de fonctionner et la maison est chauffée par la chaleur accumulée dans les briques. 1. Échangeur d'une pompe à chaleur (optionnel); 2. Isolation; 3. Masse; 4. Éléments électriques; 5. Ventilateur de circulation. © Hydro-Québec

Comment réduire la demande de pointe

Le chauffage au mazout doit être éliminé, convient Jean-Pierre Finet, « mais il devrait être remplacé par des sources renouvelables comme les granules ainsi que par des mesures d’efficacité énergétique et d’autres procédés permettant de contrôler les charges en période de pointe ». Par exemple, l’on peut surchauffer la maison à 23 °C deux heures avant de se lever ou de souper, ce qui permet d’éteindre le chauffage électrique durant quelques heures afin de réduire la demande de pointe.

Jean-Pierre Finet dit que l’on ignore l’impact climatique associé aux achats ponctuel d’électricité de source thermique. « On ne sait pas d’où vient l’électricité achetée par Hydro sur le marché court terme. En agissant sur les charges comme le fait Hilo énergie (filiale de gestion énergétique d’Hydro-Québec), c’est un moindre mal. Avec un système biénergie, on sauve au moins 2 ou 3 kilowatts de puissance en période de pointe. On peut faire la même chose avec des plinthes si on préchauffe la maison hors pointe. On a des moyens de faire de la gestion de la demande en puissance qui n’existaient pas auparavant. Malheureusement, Hilo a un comportement de mafieux qui monopolise le marché en excluant des concurrents privés locaux, comme Sinopé Technologies. »

Ancien coprésident de la Commission sur les enjeux énergétiques du Québec, le physicien Normand Mousseau est catégorique : il faut éliminer rapidement tout chauffage aux énergies fossiles. « Je n’ai pas les chiffres en ce qui concerne les émissions de GES liées à l’achat d’électricité en période de pointe. Toutefois, cette période est très limitée, quelques dizaines d’heures par année, et l’électricité autour de nous est de plus en plus décarbonée [de source hydraulique, éolienne, solaire ou nucléaire]. Il n’y a absolument aucune raison pour justifier l’utilisation des fournaises au mazout – ou même au gaz naturel – pour le secteur résidentiel au Québec. Des alternatives (blocs thermiques ou chauffage aux granules) existent ainsi que des programmes comme Chauffez vert et Rénoclimat pour financer une partie des remplacements des systèmes au mazout. » De tels programmes pourraient même être bonifiés pour rendre ces alternatives accessibles au plus grand nombre.

La chaudière de Jean-Sébastien Matte et (à gauche) le réservoir de stockage des granules. 

Les granules moins chères que le mazout

En Europe, le chauffage aux granules gagne en popularité depuis vingt ans. En 2020, 1,2 million de ménages français sur près de 30 millions l’avaient adopté. Car il existe maintenant des systèmes de chauffage central très performants, comme les fournaises québécoises de marque Caddy, ou les chaudières à eau chaude européennes vendues notamment par le fabricant allemand Viessmann Canada et par Maine Energy Systems, le distributeur depuis 2009 des chaudières et fournaises autrichiennes de marque ÖkoFEN. Entièrement automatiques, ces chaudières sont offertes avec des systèmes de 12 kW (41 000BTU/h) à 56 kW (191, 000 BTU/h. En 2015, plus de 60 000 chaudières ÖkoFEN étaient en opération dans le monde, selon le magazine Canadian Biomass.

Jean-Sébastien Matte a justement fait installer une chaudière ÖkoFEN dans sa résidence de Montréal. « La machine et son installation ont coûté 20 000 $. Je chauffe un bâtiment de 3 400 pieds carrés. Autrefois, ça me coûtait 5 000 $ de mazout par année. Le stockage de granules contient six tonnes. Nous avons besoin d'un remplissage et demi par année. Dépendamment du moment du remplissage, une année je fais deux pleins et l'année suivante un seul, à 2 000 $. »

La Tri-Énergie

Pour sa part, Pierre Préfontaine dit économiser beaucoup grâce à une nouvelle technologie, baptisée Tri-Énergie par son inventeur, l’ingénieur montréalais Martin Janssen, qui dirige l’entreprise ABC Hybrid Energy. Celui-ci a conçu un contrôle électronique breveté qui permettrait de réduire jusqu’à 40 % les coûts de chauffage à la biénergie et même frôler la performance d’un système géothermique qui coûte 30 000 $.

Le contrôle 3-Flex allume un élément électrique quand la thermopompe ne chauffe plus assez pour profiter du tarif d'électricité hors pointe. © abchybrid.ca

Le système Tri-Énergie règle les deux lacunes du système biénergie le plus populaire, celui qui combine la fournaise au mazout (ou au gaz naturel) et la pompe à chaleur air-air :

  • Les coups d’air froid qui sont ressentis chaque fois que l’on passe d’une source d’énergie à l’autre, puisqu’il faut quelques minutes au système pour atteindre la température optimale;
  • Comme la thermopompe chauffe de façon moins efficace par temps très froid, le thermostat doit souvent démarrer la fournaise au mazout avant que la température extérieure ne descende à -12 °C ou -15 °C afin d’atteindre la température de consigne sélectionnée. De plus, la thermopompe doit se mettre em mode climatisation périodiquement en hiver pour se dégivrer. Grâce au contrôle Tri-Énergie 3-FLEX, il est possible de chauffer plus longuement en mode électrique au tarif hors pointe (4,4¢/kWh) avec un petit élément électrique, au lieu de brûler du mazout coûteux et polluant.

Selon Martin Janssen, pour une petite maison neuve de 1 700 pi2 (158 m2) située à Montréal, les coûts de chauffage avec un système biénergie mazout/pompe à chaleur sont de 1 123 $ par année. Il prévoit réduire ce montant à 529 $ cet hiver grâce à la Tri-Énergie. Cette économie de 594 $ risque d’augmenter au cours des années suivantes avec les hausses du prix de l’énergie. Les coûts d’installation de ce nouveau système sont d’environ 3 300 $ à Montréal et l’investissement sera récupéré en trois ans à peine dans les maisons plus grandes et moins économes en énergie, dit-il. 
« Les installations pour le 3-FLEX couvrent maintenant une gamme d’applications, y compris les systèmes CVC (chauffage, ventilation et climatisation) et le chauffage de l’eau au mazout ou au gaz ainsi que le chauffage central entièrement électrique », explique Janssen.

Pour en savoir davantage
Abchybrid.ca | 514 568-1996

ecohabitation.com/guides/1193/serie-chauffez-vert-pour-moins-cher-2-la-bienergie/
ecohabitation.com/guides/2700/se-chauffer-au-gaz-ou-au-mazout-au-quebec/

 

Cliquez sur l'image pour voir cette vidéo explicative d'Hydro-Québec