« Installer les modules à un angle de 45 degrés n’est pas optimal pour un système relié au réseau» , affirme Maxime Morency. © https://quebecsolar.ca
« Installer les modules à un angle de 45 degrés n’est pas optimal pour un système relié au réseau» , affirme Maxime Morency. © https://quebecsolar.ca

Maxime Morency suit en temps réel sur Internet, dans le cadre d’une étude de mesurage, les performances de 37 systèmes solaires photovoltaïques (PV) que son entreprise a installés. « Si une anomalie survient sur un système, on reçoit un courriel. On le sait tout de suite avant que le client ne s’en rende compte, mais c’est extrêmement rare. Un seul micro-onduleur a fait défaut depuis 2016, explique M. Morency, dont l’entreprise Québec Solar a installé une cinquantaine de ces systèmes – à 90 % résidentiels – producteurs d’électricité, depuis 2014.

L’onduleur (bien connu sous le terme anglais inverter) est un appareil qui convertit le courant continu produit par les modules PV en courant alternatif consommé par les appareils électriques dans nos bâtiments. Bien que chaque maison et chaque système soient différents, Maxime Morency affirme que pour les plus petits systèmes, par exemple de 14 modules et moins, de plus en plus de ses clients optent pour des micro-onduleurs installés sur les toitures. Ceux-ci contrôlent une paire de modules PV à la fois, contrairement aux onduleurs centraux installés à l’intérieur et qui gèrent un système PV complet. « Ça permet à chaque module d’être indépendant, évitant de stopper la production du système si un onduleur fait défaut. Ça ne revient pas beaucoup plus cher : c’est environ 300 $ pour contrôler deux modules, donc pour 40 modules c’est 6 000 $, au lieu de 5 000 $ si on installe juste deux onduleurs centraux. Certains micro-onduleurs sont garantis 25 ans. C’est plus cher mais on a la tranquillité d’esprit. On bâtit une entreprise qui va durer. » 

Leçons tirées du monitorage 

Le suivi des systèmes installés par Québec Solar permet à l’entreprise de tirer des conclusions parfois surprenantes. « Installer les modules à un angle de 45 degrés n’est pas optimal pour un système relié au réseau, affirme Maxime Morency. On peut même aller jusqu’à 10 degrés au maximum parce que la production sera encore plus importante en été — il y a plus de soleil et jamais de neige — , étant donné que les surplus vont être injectés sur le réseau, c’est plus payant. À plat ou à 10 degrés de pente, la production par kW de puissance est de 1 000 à 1 050 kWh par an, selon les moniteurs sur nos systèmes. À 35 degrés, on est allés chercher 1 200 kWh/an avec des modules installés à 1,3 m du sol sur une structure en aluminium. En général c’est plus facile d’installer les modules sur un toit, c’est beaucoup moins long et moins cher qu’au sol avec une structure qui doit être beaucoup plus robuste et qui nécessite donc une fondation de béton, en plus de l’excavation pour passer le filage. »

L’installation peut se faire sur la plupart des toitures, sauf celles en terra cota, qui demandent trop de temps car elle sont très dures, et en ardoise, trop fragiles, précise l’entrepreneur. « Sur un toit plat, on crée un angle de 10 degrés avec une structure légère. Sur un toit en pente de 20 à 40º, on utilise la même pente et on installe les modules à 3 ou 4 pouces pour permettre à la pluie de s’écouler. En même temps, ça crée une aération et de l’ombrage pour protéger le bardeau, parce que ça vient extrêmement chaud en été. Si on couvre la superficie totale de la toiture, c’est encore mieux, parce qu’ainsi le bardeau n’est pas exposé aux rayons ultraviolets. Il demeurera même en meilleur état que le bardeau orienté au nord. Sinon, après 15 ans en moyenne, au sud le bardeau frise. En général, si le bardeau est presque fini, on recommande fortement de le changer avant de poser les modules. Nos installations sont là pour durer. »

 Le mesurage a révélé qu’il ne vaut pas la peine de payer pour déneiger les modules en hiver. © https://quebecsolar.ca
Le mesurage a révélé qu’il ne vaut pas la peine de payer pour déneiger les modules en hiver. © https://quebecsolar.ca

Par ailleurs, le mesurage a révélé qu’il ne vaut pas la peine de payer pour déneiger les modules en hiver, alors que l’ensoleillement et donc la production d’électricité sont plus faibles que le reste de l’année. « Un client qui a déneigé ses modules chaque fois qu’il neigeait a gagné 500 kWh avec son système de 10 kW. C’est à peine 50 $ d’électricité. Si vous engagez un voisin pour déneiger vos modules à 10 $ l’heure, vous en êtes perdant. »

Morency se targue de toujours donner l’heure juste aux gens qui sollicitent son entreprise : « On ne se gêne pas de déconseiller le système solaire si on ne le juge pas rentable ou si les gens n’ont pas les moyens de l’acheter. Par exemple, s’il y a trop d’arbres, si l’orientation du toit est mauvaise ou si le toit a plusieurs angles qui créent de l’ombrage et pas assez d’espace à cause de lucarnes. Et malheureusement, il y a des municipalités qui ne permettent pas l’installation de systèmes solaires visibles de la rue. Si vous voulez investir votre argent, il y a d’autres options payantes en efficacité énergétique. Mais si vous voulez faire votre part par esprit écologique, quel autre système offre une garantie d’efficacité d’au moins 25 ans? »

Arnaques solaires

Récemment, les grands médias ont dénoncé divers cas où des consommateurs se sont fait arnaquer par des entreprises promettant une rentabilité rapide et une production d’électricité irréaliste avec leurs systèmes PV, dont plusieurs ont par ailleurs été mal installés — lire Tromperies dans l’énergie solaire. Ce que déplore particulièrement Maxime Morency, c’est que Desjardins ait financé ces systèmes déficients à des taux d’intérêts élevés. « Les clients se sont fait financer par le biais d’AccèsD, à un taux de 9 ou 9,9 % par année sur 10 ans. Pour un système de 20 000 $, ça donnait à peu près 15 000 $ en intérêts! On s’est fait demander ce qu’on en pensait par des gens qui ont été sollicités. On les décourageait en disant : ‘‘Si t’as pas les moyens de payer 20 000 $, pourquoi pourrais-tu payer 15 000 $ de plus?’’ Le vendeur leur disait, ‘‘Ça te coûte 250 à 300 $ par mois et ton système est payé’’, mais ils ne parlaient pas du rendement de l’investissement. »

À ce titre, Québec Solar et les autres entreprises membres de l’association Énergie Solaire Québec (ESQ) sont en pourparlers avec une autre association pour que le gouvernement certifie les installations. « Beaucoup de gens se sont fait arnaquer dernièrement », déplore Maxime Morency.

 Québec Solar a choisi de se spécialiser en systèmes connectés au réseau et de ne plus offrir de systèmes autonomes avec batteries. © https://quebecsolar.ca
Québec Solar a choisi de se spécialiser en systèmes connectés au réseau et de ne plus offrir de systèmes autonomes avec batteries. © https://quebecsolar.ca

Autoproducteurs reliés au réseau

Ces dernières années, de plus en plus de Québécois ont acheté un système PV sans batteries et stocké sur le réseau d’Hydro-Québec les surplus produits en été mais non consommés. Québec Solar a choisi de se spécialiser en systèmes connectés au réseau et de ne plus offrir de systèmes autonomes avec batteries, relate M. Morency. « En général, le réseau d’Hydro-Québec est très fiable, le nombre d’heures où on manque d’électricité est faible, fait valoir son associé Bartek Wlodarczak, chef des installations formé à la Solar Academy de Toronto. Les batteries sont les composantes les plus chères et les moins écolos des systèmes PV. On préfère offrir des systèmes les plus simples et durables possible. » 

« Même si l’entretien de batteries acide-plomb ne se fait qu’une fois l’an [il faut leur ajouter de l’eau déminéralisée et s’assurer que les connections soient solides], en général, au bout de sept ans il faut les remplacer et ça crée une pollution, dit Maxime Morency. Dans certains cas, il est plus écolo et plus économique de se servir d’une petite génératrice que de batteries qui ne servent pas et qu’on doit remplacer. On propose les batteries au lithium, mais c’est extrêmement rare. » 

Bartek Wlodarczak ajoute : « Si quelqu’un veut un système hybride raccordé au réseau avec batteries, la valeur de l’investissement est beaucoup moins avantageuse sur la rentabilité du système, puisque Hydro-Québec crédite les surplus envoyés sur son réseau. Pour les systèmes autonomes, nous sommes fiers d’avoir établi un partenariat avec un compétiteur majeur, Sébastien Caron, de Volts Énergie, qui ne fait pas de connections au réseau. »

Dans tous les cas, le président de l’association ESQ, Patrick Goulet, rappelle l’importance de toujours faire inspecter votre système par un expert qualifié en design de système photovoltaïques. « On reçoit constamment des photos d’installations tout croches qui pourraient mettre le feu facilement, dit-il. S’il n’est pas inspecté par un professionnel, votre assureur pourrait refuser de couvrir votre système. Même les électriciens qualifiés ne connaissent pas ça. »

Pour trouver des entreprises expérimentées en systèmes solaires, consultez le répertoire d’esq.quebec, à l’onglet Fournisseur-installateur, et découvrez les installateurs ayant complété la première formation en PV reconnue par l’Association canadienne de normalisation (CSA) sur stardustsolar.com/solar-installers