Sylvie Robitaille, présidente du Rassemblement électrosensibilité Québec.

Le nombre de personnes aux prises avec des problèmes de santé reliés à l’émission des champs électromagnétiques (CEM) artificiels augmente parmi nos membres et dans la population en général.

Nous sommes tous électrosensibles puisque notre organisme utilise les champs électromagnétiques terrestres qui sont continus. Les CEM artificiels (du courant alternatif) sont polarisés et pulsés, ce qui interfère avec la bioélectricité de tout organisme vivant, qu’il soit humain, végétal ou animal. Les ingénieurs et autres scientifiques des télécoms ne cessent de nous affirmer que les ondes des cellulaires sont sans danger puisqu’elles n’échauffent pas les tissus. Il faut savoir que leur test est exécuté en laboratoire, dans un environnement exempt d’autres émissions, sur un mannequin en plastique avec une tête d’homme remplie d’un liquide dont la température ne doit pas augmenter d’un degré Celsius après 30 minutes d’exposition à un cellulaire positionné jusqu’à 2,5 cm de distance. On oublie le cumul des émissions d’ondes qui nous entourent 24 heures par jour, 365 jours par année. Les CEM induisent un stress oxydatif qui nuisent à la régénérescence de nos cellules. Ces tests en laboratoire ne représentent aucunement les conditions de vie saines et sécuritaires essentielles et vitales pour toute cellule vivante qui doit se regénérer au quotidien.

Les CEM artificiels induisent des réactions bioélectriques sur nos fonctions : interférence dans le fonctionnement des mitochondries qui produisent l’énergie cellulaire, diminution de la production de la mélatonine, augmentation de la production de radicaux libres vu le stress oxydatif induit sous exposition, diminution de la fertilité, interférence sur les neurotransmetteurs, entrave au mécanisme de l'ion calcium qui est à la base de la vie et de notre structure, etc. Pour en savoir davantage, lire le Rapport Bioinitiative rédigé par une trentaine d’experts qui ont fait la synthèse de milliers d’études indépendantes.

Les nombreux problèmes de santé causés par l’exposition aux CEM sont sous-estimés parce qu’ils sont insidieux et vécus au quotidien : les gens souffrent sans faire le lien entre leurs symptômes et l’exposition aux ondes. Par exemple, une personne qui a mal à la tête et est étourdie chaque fois qu’elle ouvre son cellulaire peut prendre des semaines, des mois ou des années avant d’établir le lien, souvent après nous avoir contactés. J’invite les gens à fermer leur Wi-Fi la nuit afin de mieux dormir. Après l’avoir fait, plusieurs me confirment avoir profité d'un sommeil plus long et réparateur.

Les personnes électrohypersensibles (EHS) ont de plus en plus de difficulté à se loger convenablement à cause de l’installation croissante de tours de téléphonie cellulaire, sur lesquelles sont installées plusieurs antennes émettant à diverses fréquences et puissances électromagnétiques.

En Ontario, en Colombie-Britannique et en Nouvelle-Écosse, il existe des cliniques médicales où les personnes souffrant d’hypersensibilité environnementale, dont l’électrohypersensibilité, reçoivent des soins à la fine pointe. Au Québec, certaines personnes EHS ont obtenu une lettre confirmant ce diagnostic, mais il est presque impossible d’en obtenir un depuis 2016. C’est alors que l’INSPQ a publié son rapport Évaluation des effets sur la santé des champs électromagnétiques dans le domaine de radiofréquences. Ce rapport concluait : « Même si les limites de la recherche actuelle ne permettent pas d’exclure toute possibilité de risque, aucun effet néfaste sur la santé à court ou à long terme n’a été démontré pour des expositions aux radiofréquences respectant les limites établies. »

Le diagnostic médical d’électrohypersensibilité devrait permettre d’obtenir des accommodements dans les lieux d’habitation, de travail ou d’étude, car la Commission des droits de la personne et de la jeunesse du Québec reconnaît l’hypersensibilité environnementale comme un handicap.

Malgré les milliers d’études scientifiques signées par des sommités et les symptômes invalidants dont nous souffrons, l’INSPQ continue de nier notre condition en lui attribuant une cause psychologique. Je peux vous assurer que nous aimerions fonctionner normalement en société plutôt que de vivre avec toutes les restrictions quotidiennes. Certains individus sont confinés 24 heures sur 24, devenant prisonniers dans leur propre domicile à cause des technologies sans fil des locataires de leur immeuble et dans l’espace public. Cela, à condition que leur domicile leur offre un refuge offrant une protection. Cependant plusieurs habitations ne sont pas protégées et les individus doivent identifier une pièce où ils reçoivent le moins de CEM vu que les logements voisins possèdent des appareils émetteurs d’ondes. Ceci devient un vrai casse-tête pour des personnes vulnérables et affaiblies par ce handicap, l'électrohypersensibilité

Au Rassemblement électrosensibilité Québec, nous comptons développer des outils qui s’adresseront aux intervenants qui reçoivent les personnes EHS en détresse. D’ici là, je leur recommande de prendre connaissance des Lignes directrices pour la prévention, le diagnostic et le traitement des sujets atteints de problèmes de santé et de maladies en lien avec les champs électromagnétiques, publiées en 2016 par l’Académie européenne de médecine environnementale.

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