chaumeQuand vient le temps de choisir un toit, plusieurs facteurs doivent être envisagés afin de comprendre l’impact réel d’une toiture sur l’environnement. Il est important de se questionner sur la durabilité des matériaux, leur provenance, leur procédé de fabrication et l’entretien nécessaire. Les réponses à ces questions vous guideront certainement vers le choix le plus vert!

Imaginez-vous debout, sur un toit. Héro d’un film d’action, vous vous apprêtez à sauter d’une maison à l’autre. De nos jours, vous risquez de tomber sur des toitures plus diverses les unes que les autres. Noires, blanches, en pente, plates… Vous aurez peut-être même la chance d’atterrir en plein jardin communautaire! Partons à la découverte des nombreux choix maintenant offerts en matière de toitures…

La membrane EPDM
Le premier toit sur lequel vous atterrissez est simple – il s’agit d’un toit plat. Marc Duplessis, de l’entreprise de construction de toits plat ou à faible pente Éco-toit, s’affaire à y poser une membrane EPDM (Éthylène, Propylène, Diène, Monomère, une molécule qui résiste à la déformation et aux écarts de température). Il s'agit d'une solution de rechange écologique aux toitures de bitume (asphalte) non recyclables et qui polluent les sites d'enfouissement de produits pétroliers, relate un article sur les toits plats publié sur le site québécois guideperrier.com.

« Pour des raisons de développement durable, les membranes monocouches de type EPDM ou TPO sont de plus en plus recherchées, explique le diplômé en architecture Yves Perrier. Elles sont recyclables et leur couleur claire (parfois blanche) réfléchit les rayons solaires, réduisant ainsi la surchauffe dans les villes et la présence d'îlots de chaleur urbains. Les membranes monocouches ressemblent à des toiles de piscine. Elles viennent en largeurs variées avec des joints soudés sur place ou en usine. Elles résistent aux rayons ultraviolets durant 40 à 50 ans sans granules de surface et se lavent plus facilement que les membranes granulées. Elles représentent un excellent choix pour les climats froids. »

La membrane EPDM se vend à partir de 8 $/pi2 (pose incluse) et elle est offerte en quatre épaisseurs : 40, 60 ou 90 millièmes de pouce. Les nappes EPDM sont fabriquées en un seul morceau pouvant mesurer jusqu’à 50 par 200 pieds pour la membrane noire, et 10 à 25 par 100 pieds pour la membrane blanche, ce qui permet d’éviter les joints habituels aux 36 pouces.

Les toits végétalisés
Vous sautez sur le deuxième toit et tombez au milieu d’un luxuriant jardin vert! Un toit végétalisé, dont les avantages sont maintenant bien connus : rétention des eaux de pluie, refuge faunique, isolation du bâtiment, lutte contre les îlots de chaleur urbains et réduction de la pollution atmosphérique. « Ces toits sont souvent constitués de plantes résistant à la sécheresse (par exemple, des sédums), d'herbes, ou de fleurs sauvages qui poussent dans un substrat léger (par exemple, de la roche volcanique) de six centimètres de profondeur », relatait Environnement Canada dans le numéro 62 (février 2006) de son bulletin EnviroZine. Ce ministère a collaboré avec l'Institut de recherche en construction du Conseil national de recherches du Canada (CNRC) et l’Université de Toronto pour la conception d’un toit végétalisé quatre saisons qui a réduit de 10 % la quantité d’énergie utilisée pour le chauffage. Ce toit abrite des genévriers (conifères se propageant facilement) implantés dans un sol beaucoup plus profond. Ceci afin d’augmenter l’efficacité de l’isolation du toit et d’empêcher le vent d’aspirer la chaleur de l’immeuble.

« Tous les bâtiments ne sont pas propices à recevoir un toit végétalisé. La structure doit être suffisamment forte », affirme Jean-François Robillard, de l’entreprise Toiture Robillard. Un toit vert extensif, dont le substrat est moins profond, ne nécessite pas une structure aussi forte que celle d’un toit vert intensif. Ce dernier permet toutefois de cultiver une variété plus intéressante de végétaux, voire d’y implanter un jardin. « Il y a un intérêt du public, mais ça coûte très cher, dit-il. Le prix varie en fonction des budgets et des projets, et de ce que les gens veulent mettre sur leur terrasse. »

Les bâtiments dont la structure ne supporterait pas un tel type de toit doivent être solidifiés, ce qui entraîne des coûts importants. Un toit extensif, couvert d’un ou deux pouces de terreau et de sédum (genre alpin résistant à la sécheresse et aux hivers rigoureux, et qui nécessite peu d’entretien) coûte environ 9 $/pi2. Le prix grimpe à 18 $/pi2 lorsqu’on inclut la membrane élastomère et sa pose. « C’est plus dispendieux, mais étant donné que le toit est protégé des rayons UV, son espérance de vie s’en trouve doublée », précise M. Robillard.

Parmi les fabricants les plus connus de membranes pour toitures végétalisées, on retrouve American Hydrotech, Cosella Dorken et Soprema.

Pour une toiture heavy métal
Résigné à quitter le toit jardin, vous envisagez difficilement le prochain saut sur une maison ancestrale : une toiture métallique, c’est glissant! Réputée pour résister à des vents de 200 km/h, elle saura certainement vous résister aussi. Daniel St-Jean, de la compagnie Toiture Future, vient de terminer la pose d’un toit en métal sans vis apparentes. « Les vis affaiblissent l’étanchéité du toit », soutient-il.

Le toit ancestral proposé par l’entreprise est un système de coulisseaux (côtés mâle et femelle) vendu au prix de 12 à 18 $/pi2, installation comprise. Qui n’aime pas admirer l’un de ces majestueux toits en métal recouvrant la cime d’une maison ancestrale? En plus de leur côté esthétique très avantageux, les toits métalliques fabriqués par Toiture Future sont des produits québécois. Offerts dans une multitude de couleurs, ils sont couverts par une garantie transférable de 50 ans. Une telle toiture requiert un entretien minimal et est réputée pour sa légèreté.

Toiture Future propose également les tuiles d’acier léger de marque DECRA, offertes en plusieurs styles et couleurs. Elles sont fabriquées avec un bardeau d’acier recouvert d’un alliage d’aluminium et de zinc, puis de granulés minéraux à revêtement de céramique fixés à l’aide d’un polymère. Ces tuiles sont également couvertes par une garantie transférable de 50 ans. « C’est certain que tu crées de la pollution quand tu fais l’acier, mais le toit dure jusqu’à 150 ans et les tuiles sont recyclables », explique Daniel St-Jean. Conçues en Nouvelle-Zélande, les tuiles DECRA sont également fabriquées à Los Angeles depuis 15 ans.

Malgré leurs avantages, ces tuiles coûtent très cher : elles se vendent entre 6 et 10 $/pi2, installation comprise. « Quand on dit aux gens combien ça coûte… Ouf! Ben là, il leur faut des poignées de porte, et des cadres… Alors, où coupent-ils? Sur le toit! »

Réplique d’ardoise
Une autre option? Les reproductions de tuiles d’ardoise NoviSlate, faites de polymère entièrement recyclable. Fabriqué par la compagnie Novik à St-Augustin-de-Desmaures, près de Québec, ce système de toiture s’installe 60 % plus rapidement que l’ardoise véritable car il est composé de panneaux et non de tuiles individuelles. Le fabricant offre une garantie de 50 ans sur ce produit, résistant à la décoloration par les rayons UV.

NoviSlate est notamment offert chez les marchands BMR qui le vendent à 3,90 $/pi2 couvrant (superficie de la toiture excluant le chevauchement des bardeaux).

Bardeaux d’aluminium
Vous glissez jusqu’au prochain toit, où vous découvrez qu’il existe d’autres choix en matière de toiture métallique : les produits québécois de la Ferblanterie de l’Est. Située à St-Pascal-de-Kamouraska, cette usine fabrique des bardeaux d’aluminium ainsi que des tôles architecturales. Le coût moyen des bardeaux est de 3,50 $ à 4 $/pi2, et la pose coûte de 3 $ à 3,75 $/pi2.

Ils se posent comme des bardeaux d’asphalte, par sections de 1,45 pi2. Pour la tôle, le prix oscille entre 4 $ et 4,25 $/pi2. La pose se révèle un peu plus dispendieuse que pour les bardeaux car l’acier est plus difficile à travailler. À noter que le coût pour la pose des divers systèmes de toiture varie en fonction de la complexité du matériau à installer, de l’état de la toiture (neuve ou existante, ajout d’un isolant, degré de finition, etc.) et de la complexité de l’installation (hauteur du bâtiment, degré de la pente, lucarnes, etc.).

Selon Gaëtan Ouellet, propriétaire de la Ferblanterie de l’Est, la durabilité de l’aluminium (100 ans) surpasse celle de l’acier (50 ans), car lorsque son émail disparaît, l’aluminium s’oxyde pour se protéger. Au moment de notre entretien téléphonique, M. Ouellet se préparait à demander la certification LEED pour ses bardeaux d’aluminium. Il se réjouissait de l’arrivée de ses nouvelles machines qui lui permettent de fabriquer des bardeaux dans un choix infini de couleurs. « Même rose! », dit-il. Offerts partout au Québec, les produits de la Ferblanterie de l’Est sont notamment distribués par Bardacal.

Bardeaux d’acier
L’entreprise CouvreToit D.R. propose, quant à elle, les bardeaux d’acier Wakefield Bridge fabriqués par Idéal Revêtement. Ayant l’apparence d’un fini « texturé stuc », ils sont offerts en huit couleurs. Ces bardeaux sont fabriqués à partir d’acier neuf et recyclé, et ils sont 100 % recyclables. Garantis pour 50 ans, ils ne nécessitent aucun entretien majeur, à l’instar des autres toitures de métal. « Il peut toutefois être nécessaire de donner une nouvelle couche de peinture à moyen terme », spécifie Rénald Lacroix, de CouvreToit D.R.

Les bardeaux Wakefield Bridge sont enduits d’une peinture PVDF (homopolymère de fluorure de vinylidène) et d’un produit réfléchissant appelé Cool Roof. Ces revêtements sont réputés pour protéger du soleil, réduire les coûts associés à la climatisation estivale, augmenter la résistance de la toiture et prévenir la décoloration des couleurs. CouvreToit D.R. offre ces bardeaux à 3,50 $/pi2, mais le prix varie entre 6,50 $ et 8 $/p2 avec l’installation.

Pour la pose, « rien n’est impossible pour quelqu’un de débrouillard, mais il faut savoir comment s’y prendre, explique M. Lacroix. Il y a quand même une méthode. Il est préférable de faire installer par des professionnels, car on gagne à long terme. Si vous sauvez sur l’installation au début, mais qu’au bout de 25-30 ans le toit est fini, vous n’êtes pas gagnant. »

Du cèdre au mélèze
« La tôle, c’est le top en matière de durabilité », dit Rénald Lacroix. Le bardeau de cèdre est toutefois le type de toiture le plus couru chez CouvreToit D.R. « L’important, c’est d’avoir des bardeaux sans nœud. » Il explique que les bardeaux de cèdre ont parfois mauvaise presse à cause d’installations imparfaites effectuées durant les années 1980, alors que le lattage n’était pas coutume. Rappelons que le lattage consiste à placer des baguettes de bois entre la structure du bâtiment et le bardeau afin de faciliter la circulation de l’air. « Du bois sur du bois, ça ne dure pas. Le bardeau doit respirer », précise M. Lacroix. Ce cèdre provient de forêts appalachiennes bordant la frontière américaine.

Correctement installée, une telle toiture peut durer de 50 à 60 ans sans entretien majeur. « L’année qui suit l’installation des bardeaux, je retourne appliquer de l’huile de lin sur le cèdre pour une meilleure protection », ajoute M. Lacroix. Ses bardeaux coûtent 5 $/pi2, et de 15 $ à 20 $/pi2 incluant la pose.

Pour sa part, la compagnie Maibec, de Ste-Foy, est le plus important fabricant québécois de bardeaux de cèdre blanc de l’Est. Ils sont certifiés FSC (Forest Stewardship Council) car ils proviennent d’une forêt gérée de façon durable. Le grade supérieur naturel coûte 2,15 $/pi2 chez les marchands BMR.

Vous vous apprêtez maintenant à sauter sur le toit voisin. François Bourdoncle, propriétaire de Scierie Mobile FB & Comptoir du Bois, y étale des « planches » (bardeaux) de bois. « C’est du mélèze. Il vient de la grande région de Québec », vous dit-il. Ce type de toit ne s’apparente pas du tout aux toits de bardeaux conventionnels. Le mélèze est plutôt coupé en planches qui ont la même épaisseur aux deux extrémités (5/8 de pouce). Leur longueur varie entre 8 et 10 pieds, et leur largeur, de 4 à 8 pouces.

Un style de toiture originaire de la France, tout comme François Bourdoncle. « La durée de vie minimale d’un tel toit est estimée à 30 ans, mais le mélèze laricin [espèce indigène du Canada] a une durée de vie supérieure à celle du mélèze européen, dit-il. » Selon lui, son espérance de vie pourrait atteindre les 70 ans.

M. Bourdoncle offre deux qualités de bardeaux de mélèze qui se différencient par la quantité de nœud qu’ils contiennent et l’épaisseur de l’aubier (couche la plus jeune de l’arbre, c’est la partie située entre l’écorce et le corps central). « Comme je vends du bardeau en petit volume, je sélectionne les billots secs ayant le moins de noeuds. J'utilise les autres billots pour les parquets et les patios », explique M. Bourdoncle. Il purge au maximum le bois de son aubier, partie la plus vulnérable aux insectes et aux champignons.

Fraîchement scié, le bardeau de mélèze arbore une couleur verdâtre. Avec le temps, il prend une teinte un peu grisâtre. « Lors de la pose, il faut orienter les coeurs vers le bas, car la planche est arrondie. Au fil des saisons, les bardeaux vont prendre la forme d’une tuile, et c'est pour ça qu'en France, on les appelle les tuiles de bois! »

La coopérative de solidarité Contact, de Saint-Elzéar-de-Bonaventure, fabrique aussi des bardeaux de mélèze qui ne sont vendus que dans la région de Québec pour le moment. Ils sont vendus 3,16 $ le pied carré couvrant, auquel il faut ajouter les tasseaux de clouage (environ 57¢/pi2) et la pose. Ces bardeaux mesurent de 4 à 7 po de largeur et ont une épaisseur de 5/8 po.

À Ripon en Outaouais, la scierie Lavergne et Laporte propose aussi du mélèze de toiture à 3,25 $/pi2. « Comme la pruche, le mélèze aime faire la cuillère, c’est un bois très tordu, explique le copropriétaire, Daniel Lavergne. Il fait très rustique, je le préfère sur les murs. Il vieillit très mal sur les toitures des maisons situées dans les endroits boisés avec les aiguilles et les feuilles qui font trop de mousse. Et il faut s’assurer de pouvoir vider les noues de l’échelle : il ne faut jamais marcher sur un toit de bois, car quand les bardeaux cassent quand ils sont secs. »

L’expert recommande aussi de recouvrir le toit au complet d’une membrane autocollante pour assurer l’étanchéité. « Le bardeau ne doit être que purement esthétique. Et la membrane doit être placée à au moins trois pieds de plus profond que le point où la corniche rejoint le mur extérieur : quand il y a un redoux, avec les pertes de chaleur de la maison, les bancs de glace se forment un pied en dedans du mur extérieur. »

Pour prolonger la durée de vie des toits de tôle et de bardeaux, Yves Perrier recommande le revêtement élastomère liquide Techniseal. Ce produit fige les granules des bardeaux, facilite l’évaporation de l’humidité et offre une meilleure résistance à l’écaillage et aux intempéries.

Le toit de chaume
CouvreToit D.R. est une entreprise polyvalente qui compte même les roseaux à son éventail de produits! Autrefois, les toitures de chaume étaient très populaires au Québec, mais maintenant elles se font rares. Elles seraient pourtant idéales pour notre climat, selon Rénald Lacroix. « Elles coûtent très cher. De 35 à 40 $/pi2, ou environ 30 000 $ à 40 000 $ pour une maison de taille moyenne. C’est l’une des toitures les plus difficiles à faire. » Le Québec possède des roseaux d’excellente qualité, mais la faible demande pour ce produit et la difficulté à le récolter obligent Rénald Lacroix à les commander d’Europe.

Les toits de chaume peuvent durer une cinquantaine d’années. L’entretien consiste à « peigner » les roseaux chaque dix ou quinze ans, surtout pour leur redonner leur couleur jaune en retirant les roseaux qui tendent à brunir avec le temps. Par contre, ce peignage diminue l’épaisseur de la toiture, qui est initialement de 35 cm.

Au cours des dernières années, M. Lacroix a surtout procédé à la conception de telles toitures pour des décors de films, comme le long métrage « Nouvelle-France ».

CouvreToit D.R. propose aussi les bardeaux Enviroshake, dont l’apparence est semblable à celle des bardeaux de cèdre. Fabriqués par la compagnie ontarienne Wellington Polymer Technology, ils contiennent 95 % de polymères (dont des pneus) recyclés, ainsi que des fibres de lin et de chanvre. Chez CouvreToit D.R., les bardeaux Enviroshake se vendent 5 $/pi2 pour le matériel, et 10 $/pi2 incluant la pose. En 2001, ce produit a remporté le prix d’excellence canadien pour l’innovation agroalimentaire décerné par Agriculture Canada, car il favorise l’utilisation des plastiques habituellement jetés et des déchets agricoles plus difficiles à écouler.

Le ministère québécois de la Culture a autorisé la pose de ce produit sur des monuments classés historiques. Les bardeaux Enviroshake sont assortis d’une garantie de 50 ans.

Toiture solaire
Scrutant l’horizon pour le prochain toit, vos yeux s’arrêtent sur des toitures avec des panneaux photovoltaïques (PV) qui convertissent la lumière solaire en électricité. ECHO Système Énergie Solaire distribue les produits du fabricant américain United Solar Systems au Québec. Cette technologie consiste à poser des films PV sur des feuilles flexibles d’acier inoxydable et d’en faire des bardeaux, des panneaux architecturaux bouvetés et des panneaux structuraux assemblés.

Pour sa part, la société américaine Dow Chemical a conçu des bardeaux solaires en couches minces qui contiennent un circuit électrique. Ces bardeaux ressemblent et s’installent comme leurs frères asphaltés. Autrefois producteur de l’agent orange, surnom de l’herbicide utilisé par les États-unis pendant la guerre du Viêtnam pour défolier les forêts et ravager les récoltes de l’« ennemi », Dow Chemical est mieux connu comme le fabricant de l’isolant de polystyrène extrudé de marque Styrofoam. Les grandes entreprises se font donc de plus en plus vertes…

Ne pas lésiner sur la toiture
La notion de qualité varie d’une culture à l’autre. « Quant tu parles avec des Européens, tu t’aperçois qu’au Canada, on est complètement en retard question toiture! », s'exclame Daniel St-Jean, de Toiture Future. « Au Québec, les maisons qui valent un million de dollars sont construites avec de belles pierres sur la façade avant, mais on met du papier sur le dessus de la bâtisse! C’est souvent là qu’on coupe lorsqu’on construit. » Conclusion? Redescendez sur terre et redonnez au toit les lettres de noblesse qui lui reviennent!

Les bardeaux d’asphalte : 25 ans sur le toit, 400 ans au dépotoir!
Les bardeaux d’asphalte sont encore les plus populaires. Mais leur prix alléchant, de 3 à 5 $/p2 installation incluse, fait parfois oublier leur courte espérance de vie (20 à 30 ans en moyenne). « Ça nous fait refaire les toitures, on n’haït pas ça! », lance Daniel St-Jean, président de Toiture Future.

Le problème avec le bardeau d’asphalte, ajoute-t-il, c’est qu’il rétrécit et qu’il retrousse au soleil. « Les joints deviennent moins étanches et se fragilisent. Avec le temps, il adhère moins, devient plus raide et sèche au froid. Il s’envole alors plus facilement lors de grands vents. »

Recyc-Québec estime qu’entre 170 000 et 200 000 tonnes de bardeaux d’asphalte sont annuellement retirées des toitures pour être remplacés. Ça, Daniel St-Jean le sait. « Ça prend 400 ans pour se dégrader, et on va en porter au dépotoir tous les jours », déplore-t-il.

Bien que la majorité de ces bardeaux soit jetés, 15 000 tonnes d’entre eux prennent la route de Trois-Rivières. Là-bas, le Groupe Bellemare les recycle, avant de leur donner une deuxième vie. Le prix est chargé à la tonne : 25 $/t. pour les bardeaux triés (avec les clous et le papier 10 livres) et 47 $/t. pour les non triés.

Question toiture, il n’y a pas de recette parfaite
« Chaque système comporte des avantages », affirme l’architecte montréalaise Voulis Mamfredis, de l’atelier d’architecture Studio MMA. En compagnie du cofondateur de l’atelier, Rob Miners, elle a notamment participé à la conception du célèbre bâtiment vert montréalais du détaillant Mountain Equipment Coop (MEC). Ses conseils? « Avant de choisir, c’est important de consulter un professionnel et de répondre à la question suivante : que veut-on faire avec le toit? »

En plus d’agrandir l’espace intérieur, un toit en pente facilite la récupération des eaux de pluie, par exemple. De plus, lorsque la réglementation le permet, ce type de toiture peut s’avérer moins dispendieux qu’un toit plat vu l’absence de drains ainsi que la possibilité de l’isoler soi-même et de le ventiler aux moyens de produits moins onéreux. « Pour un toit plat, ça prend un bon couvreur afin d’assurer une pente adéquate vers le drain, des joints bien scellés, etc. »

Le choix du toit dépend aussi du contexte, ajoute Mme Mamfredis. « Les toits de teinte blanche [pour la réduction des îlots de chaleur] ou végétalisés sont plus pertinents en ville qu’à la campagne. »

Enfin, les bons couvreurs existent, mais nous avons demandé à l’architecte comment les trouver? « L’âge de l’entreprise est un signe positif. L’architecte ou le manufacturier peut également recommander un couvreur. Les gens doivent être prêts à y mettre le prix. Après tout, l’installation est l’étape la plus importante. Le meilleur système peut devenir problématique s’il n’est pas bien installé. »

Pour Vouli Mamfredis, il est surtout important d’investir dans des produits de qualité et durables pour l’enveloppe du bâtiment. « Cela peut éviter des problèmes qui vont affecter notre santé [infiltration d’eau favorisant la croissance de moisissures, par exemple] et les composantes intérieures de la résidence. »

Pour plus d’informations
Association des maîtres couvreurs du Québec
Annuaire des produits et services du portail ÉCOhabitation, une ressource virtuelle sur l’habitation écologique.
Dossier Toiture sur Réno assistance
Dossier Toiture sur Ecohabitation.com
Membrane de toit plat : EPDM, élastomère ou asphalte, sur guideperrier.com