La maison des architectes Bobby Ilg et Elizbeth Saikali est la première au pays construite en panneaux usinés EcoNest, en argile-paille.
Photographie © Alaura Soares alaura@buildhealthy.ca

Sa famille vit dans la première maison préfabriquée en argile et en paille construite à Ottawa. Il a débranché le ventilateur récupérateur de chaleur obligatoire pour toutes les nouvelles maisons parce que la sienne lui permet d'avoir accès à un air véritablement frais par les fenêtres toute l'année sans créer d'inconfort. Son secret : l'argile. Les murs sont un équilibre subtil d'isolation et de masse (paille et argile) et les planchers sont en pleine masse, tous deux principalement chauffés par le rayonnement infrarouge du soleil et un foyer de masse en pierre à savon (stéatite). « Notre industrie est beaucoup trop axée sur l'isolation et l'efficacité énergétique, alors que la conservation de l'eau, l'étanchéité à l'air, la masse thermique et les matériaux naturels, non altérés et d'origine locale l'emportent largement sur l'impact environnemental d'un bâtiment et la pureté de la qualité de l'air intérieur, le confort et la santé globale des occupants qui y vivent », explique l'architecte Bobby Ilg.

« L'eau est ma principale préoccupation environnementale en ce moment. Nous pouvons vivre sans énergie, mais nous ne pouvons tout simplement pas survivre sans eau fraîche et propre. La moitié de l'eau utilisée chez nous provient des 100 000 litres d’eau de pluie collectée sur le toit par an. »

Les propriétés naturelles de l'argile et son amour de l'eau permettent de contrôler naturellement les niveaux d'humidité intérieure, et c'est l'un des moyens les plus simples de prévenir les problèmes d'humidité dans les bâtiments, tels que la moisissure et la pourriture."

Les maladies liées aux bâtiments sont également devenues un élément important de leur philosophie de construction naturelle. "Avec près d'un Canadien sur 30 souffrant d'une forme de maladie liée aux bâtiments (MCS / EHS), une maison naturelle est exempte de produits chimiques nocifs, prévient l'excès d'humidité et la moisissure, et fournit un environnement intérieur sûr contre les fréquences électromagnétiques extérieures créées par l'homme. Et une maison comme la nôtre ne coûte pas nécessairement plus cher à construire qu'une maison conventionnelle économe en énergie. Nos murs en argile et en paille coûtent environ 60 dollars par pied carré, y compris les finitions intérieures et extérieures en plâtre naturel. Cependant, notre maison n'est même pas dans la même conversation qu'une maison conventionnelle à haut rendement énergétique, quand on compare la durabilité de plusieurs siècles d'un bâtiment naturel et sa capacité à promouvoir une véritable santé pour la Terre Mère et tous les êtres vivants."

C'est l'histoire d'une maison naturelle qui fait parler d'elle dans la région de la capitale nationale.
AF

« Il existe presque toujours une corrélation directe entre la compatibilité biologique de tout matériau de construction et ses performances écologiques.  Ce qui est vraiment sain pour nous, le sera aussi pour l’environnement. »

- Building Biology Institute 

La famille Ilg-Saikali

Basé à Ottawa, Build Well to Be Well (Bien construire pour être bien) est un partenariat entre notre cabinet d’architecture et un constructeur local. Nous faisons appel à la sagesse ancienne et aux matériaux naturels pour concevoir et construire des bâtiments qui ont fait leurs preuves. Avant tout, ils sont exempts de produits chimiques nocifs et sont construits pour améliorer l’environnement humain. Nous réalisons des projets à la fois en Ontario et au Québec, puisque Ottawa et Gatineau sont des villes jumelles.

Nous sommes une équipe d’architectes incluant ma femme Elizabeth Saikali et moi-même ainsi que Pallavi Swaranjali, une architecte ayant une compréhension environnementale des principes de l’architecture hindoue traditionnelle du Vastu Shastra, et Ulrich Neeser est notre principal constructeur. Nos bâtiments – dont notre maison familiale présentée dans cet article – sont faits sur mesure pour les personnes hypersensibles à l’environnement ou pour toutes celles qui souhaitent un environnement de vie et de travail sain et durable. Ils sont conçus et construits selon les 25 principes de bioconstruction du Building Biology Institute, une « voie vers des maisons et des bâtiments plus sains » qui met l’accent sur les matériaux naturels, la durabilité et la santé de la Terre Mère et de tous les êtres vivants.

Jusqu’à récemment, l’homme a toujours utilisé des matériaux naturels locaux et non altérés pour la construction de bâtiments, des matériaux dont la durabilité et la longévité ont été prouvées. Pendant des milliers d’années, de multiples formes de construction de murs en terre ont été utilisées - et le sont toujours – dans le monde entier. Il existe deux anciens systèmes de construction de murs, la bauge et le torchis, qui utilisent l’argile et la paille comme ingrédients principaux. La bauge (cob en anglais) est un système de mur monolithique constitué d’un mélange de terre argileuse et de paille coulé entre des banches, souvent pour les maisons en colombages. On le rencontre le plus souvent au Royaume-Uni, en Afrique, au Moyen-Orient et dans l’est de l’Amérique du Nord. La construction en torchis est un système avec support de bois ou de bambou tressé avec un remplissage d’argile et de paille, que l’on trouve couramment en Europe, en Afrique, en Asie et en Amérique du Nord et du Sud. Nous utilisons ces deux modèles anciens comme base intellectuelle pour les systèmes de murs en argile et en paille avec lesquels nous construisons actuellement.   

En suivant les principes de la nature, Build Well to Be Well s’efforce de favoriser la santé et le bien-être à travers l’environnement bâti. Nous travaillons avec la nature, plutôt que contre elle. L’optimisation de la lumière naturelle et de la ventilation croisée avec les couleurs et les matériaux de la nature crée des espaces intemporels et magnifiques.

La maison fut d'abord conçue par ordinateur. 

Qu’est-ce qu’un bâtiment sain ?

Un bâtiment sain est avant tout construit avec des matériaux et des finitions naturels, sans produits chimiques nocifs et non testés. Il est conçu avec des stratégies passives axées sur la lumière naturelle, l’air frais, le chauffage par rayonnement (solaire passif, foyer de masse et planchers à eau chaude), la ventilation et le refroidissement naturels, et l’équilibre ionique intérieur. Un bâtiment sain est construit dans un souci de durabilité et de longévité, en utilisant des techniques de construction ayant fait leurs preuves, capables de supporter plusieurs siècles d’utilisation avec très peu d’entretien. Il est conçu pour « comprendre et respecter » l’eau, permettant une diffusion continue de la vapeur à travers les murs de masse en matériaux naturels hygroscopiques (qui absorbent l’humidité de l’air) afin d’équilibrer l’humidité relative intérieure. La création d’un bâtiment sain, naturel et entièrement accessible à tous garantit que chacun peut l’occuper en toute sécurité, y compris les personnes souffrant de sensibilités et de maladies liées aux bâtiments. 

Selon l’Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes de Statistique Canada, en 2016, près d’un Canadien sur 30 (plus d’un million de personnes) souffrait d’hypersensibilité chimique multiple. Cette condition liée au bâtiment est souvent accompagnée d’hypersensibilité électromagnétique, de fibromyalgie et de fatigue chronique et elle coûte des milliards de dollars au Canada annuellement en perte de productivité et dépenses de santé.

Notre objectif principal est donc de concevoir et de construire des bâtiments qui favorisent la santé humaine et qui sont accessibles au plus grand nombre. C’est là que le Building Biology Institute et son mélange de science et de sagesse anciennes et modernes entrent en jeu dans l’équation. Cet institut nord-américain propose des cours (par correspondance et en présence) ainsi que des certifications aux personnes intéressées par les pratiques de construction saines et naturelles. Sa philosophie reconnaît que « la nature est l’étalon-or » pour créer un environnement humain sain et le modèle ultime d’équilibre écologique perpétuel. Elle a été développée dans les années 1970 par l’Institut allemand de biologie du bâtiment + durabilité.

Le foyer de masse chauffe une bonne partie de la maison, dont la chambre des maîtres sur la mezzanine. 

D’autres instituts de baubiologie (bioconstruction en allemand) ont ensuite été créés dans de nombreux pays, dont les États-Unis et la France. Le professeur d’architecture Anton Schneider et autres pionniers de la biologie du bâtiment ont élaboré les 25 principes de construction écologique afin d’aider l’industrie du bâtiment à créer des bâtiments qui préservent la santé de leurs occupants et de l’environnement lui-même. Ils nous rappellent que Mère Nature nous a donné tout ce dont nous avons besoin pour prospérer, incluant des matériaux de construction naturels, non toxiques et non altérés, et que nos ancêtres nous ont fourni les enseignements sur comment les utiliser.

Plusieurs collègues de Build Well to Be Well ont obtenu leur certification de construction saine auprès du Building Biology Institute et maîtrisent bien ces 25 règles de biocompatibilité. En tant qu’architecte principal de ce collectif, je continue à enseigner et à plaider en faveur d’un avenir plus sain pour les bâtiments et leurs occupants. Je suis professeur à temps partiel dans le programme de baccalauréat en design d’intérieur (BID) du Collège Algonquin, à Ottawa (Nepean), où j’ai récemment intégré une certification en biologie du bâtiment dans le programme BID. L’éducation et la sensibilisation sont essentielles à la compréhension de la création d’un environnement bâti plus sain et plus naturel. Cela commence par la présentation d’histoires alternatives comme la nôtre pour guider nos étudiants et clients afin qu’ils puissent suivre l’exemple de nos ancêtres.

Le premier EcoNest à Ottawa

Notre voyage a commencé en 2013, à Montréal, où j’ai eu le plaisir d’assister à une conférence de Paula Baker-Laporte sur la biologie du bâtiment et les pratiques de construction saines et naturelles. Cette architecte américaine d’origine torontoise a souffert d’hypersensibilité chimique après avoir vécu dans une maison mobile pleine de bois d’aggloméré émettant d’importantes quantités de formaldéhyde. Elle nous a expliqué son parcours de guérison et la sagesse qu’elle a découverte en cours de route. Les principes de la baubiologie et les bâtiments naturels ont été deux éléments importants pour sa guérison. Ils lui ont permis depuis de guider d’autres personnes souffrant de maladies liées aux bâtiments. Elle a développé le concept d’éconid guérisseur avec son mari Robert Laporte, son partenaire dans l’entreprise EcoNest Homes basé à Ashland, en Oregon.

L'esthétique de la structure est typique des maisons EcoNest construites par Robert Laporte et sa femme l'architecte Paula Baker-Laporte.

Après avoir appris que de nombreuses personnes souffraient de maladies liées à la construction et qu’il y a une meilleure façon de construire, Elizabeth et moi avons décidé de transformer notre cabinet d’architecture pour consacrer nos carrières professionnelles à des pratiques de construction saines et naturelles. Deux ateliers EcoNest plus tard, nous avons décidé qu’il était temps de nous aventurer dans le monde de la construction naturelle et de construire la première maison EcoNest à Ottawa.

Construite principalement en 2017, la maison Ilg/Saikali présentée ici a été la première construction en argile et paille (également appelée argile-paille légère) approuvée par la Ville d’Ottawa. Le projet de notre famille a fait tomber les barrières du point de vue de la construction naturelle et a permis à d’autres projets du genre de démarrer à Ottawa. Tout a commencé par un atelier de construction en argile et en paille organisé à Ottawa, en octobre 2016, par Robert Laport d’EcoNest Homes. Depuis plus de 30 ans, Robert construit des maisons EcoNest dans toute l’Amérique du Nord, avec des charpentes en bois, des murs en argile et paille, des enduits de terre et des finitions naturelles et non toxiques. Paula et Robert ont mis au monde un important « troupeau » d’adeptes pour perpétuer cette ancienne tradition. Cet atelier, auquel a eu le plaisir de participer l’éditeur du magazine La Maison du 21e siècle, André Fauteux, a suscité un grand intérêt pour la bioconstruction naturelle dans la région d’Ottawa.

Les murs très épais comprennent deux panneaux usinés qui ont été isolés avec de la paille trempée dans une barbotine d'argile. Ils sont séparés par trois panneaux de fibre de bois SONOclimat ECO4 et finis avec un crépi d'argile et de chaux.

Des murs qui reconnaissent l’eau

Au cours de cet atelier, Robert et moi avons développé le tout premier panneau mural préfabriqué en argile et en paille. Il s’agit d’un système hybride composé de panneaux muraux 2x4 extérieurs et intérieurs remplis d’argile et de paille, et d’un noyau intérieur de 4,5 pouces composé de trois panneaux isolants en fibre de bois SONOclimat ECO4 hautement perméables (1,5 po = R-4). Le SONOclimat ECO4 est un produit local fabriqué par MSL, une entreprise basée à Louiseville, au Québec. Ce panneau est composé de sciure de bois liée avec une cire de qualité alimentaire. Les trois ECO4 dans nos murs fournissent une isolation R-12 continue au cœur de nos panneaux préfabriqués en argile et en paille. La valeur R totale de nos murs achevés est d’environ R-24, excluant l’important effet de masse thermique fourni par l’argile.

Il faudrait un livre entier pour décrire tous les avantages de nos murs EcoNest. Je me contenterai d’en évoquer quelques-uns ici. Comme pour toute construction humide, nos murs en argile et en paille ont besoin de beaucoup de temps pour sécher, et au Canada, la saison de construction n’est pas très longue. C’est pourquoi nous avons mis au point notre méthode d’assemblage et de séchage des panneaux dans l’environnement contrôlé d’un atelier.

Montage des panneaux usinés dans la structure en bois massif. 

Dans un panneau mural de 4 pi x 8 pi rempli de 3,5 po d’argile et de paille, nous combinons environ 200 gallons d’eau à de l’argile en poudre avant de mélanger la barbotine obtenue à de la paille en vrac. Une fois mélangée, cette barbotine argile-eau se lie à la structure moléculaire de la paille et de l’ossature en bois pendant le processus critique de séchage. Ce processus biologique naturel permet à l’argile de protéger le mur contre la pénétration future de l’humidité. Heureusement, il se trouve que l’argile aime l’eau et qu’elle a toujours soif. Lorsque l’humidité pénètre dans un mur massif EcoNest, l’argile absorbe l’eau comme une éponge et maintient au sec toute la cellulose (paille et bois) du mur. Et tout comme une éponge, l’argile libère lentement l’humidité à mesure qu’elle s’assèche, créant ainsi un processus réciproque.

Ainsi, les murs de notre maison pourraient « reconnaître » et absorber environ 40 000 gallons d’eau à tout moment. Comme ils se sont déjà asséchés une fois pendant la construction, ils sont capables de le faire à nouveau. La réussite de l’assèchement est la clé du succès du mur d’argile et de paille, et c’est pourquoi tous les matériaux des murs extérieurs doivent être hautement perméables pour permettre à l’humidité d’entrer et de sortir librement de l’assemblage mural. Le contreplaqué, les panneaux à copeaux orientés (OSB) et les matériaux de construction en plastique ont tendance à avoir un faible taux de perméabilité et, selon nos codes de construction, sont classifiés comme des pare-vapeur qui arrêtent le processus de séchage en cas de condensation ou d’infiltration d’eau dans les murs. Les pare-vapeur ne peuvent pas être utilisés dans les murs de masse, quels qu’ils soient, car ils piègent l’humidité, ce qui entraîne inévitablement la destruction des murs. Ce respect et cette compréhension du comportement de l’eau sont la principale raison pour laquelle les bâtiments en terre et en paille ont tendance à durer des siècles.

La maison de type bigénération prête à recevoir son crépi extérieur.

Lorsque nos panneaux terre-paille arrivent sur le chantier, ils ont déjà été entièrement séchés et ils sont prêts à être enduits. Nous avons utilisé un crépi d’argile à l’intérieur de nos murs pour son pouvoir tampon hygrique (capacité à adsorber l’humidité) et un enduit traditionnel à la chaux à l’extérieur, plus résistant aux intempéries. Les deux agissent comme des pare-air continus et créent une maison relativement étanche à l’air des deux côtés de l’assemblage mural. Le contrôle de l’humidité par le crépi d’argile est tout à fait remarquable : il retient l’humidité pendant les périodes de forte humidité intérieure, créant ainsi une humidité relative stable dans la maison. Lorsque nous prenons une douche, le miroir de notre salle de bains ne s’embue jamais, car l’argile absorbe l’excès d’humidité dans l’air, puis il le libère lentement lorsque l’humidité relative diminue.

Le foyer de masse est en pierre stéatite (à savon) recommandée par Robert Laporte et Paula Baker-Laporte.

La masse stocke la chaleur radiante

Outre l’adsorption de l’eau et de la vapeur, la masse d’argile intérieure est également le principal moyen de capter et de stocker la chaleur solaire passive dans la maison. La chaleur du soleil peut réchauffer les espaces intérieurs lorsqu’il brille à travers les fenêtres, mais une certaine forme de masse doit stocker cette chaleur et la restituer plus tard, afin que l’énergie solaire puisse continuer à chauffer après le coucher du soleil.

Le bébé est confortable assis sur le plancher en terre chauffé par un système hydronique, à eau chaude. 

Pour mieux comprendre l’énergie solaire passive, le chauffage par rayonnement est un principe essentiel de la biologie du bâtiment qui nécessite une petite explication pour les Nord-Américains qui sont habitués au chauffage à air pulsé. En termes simples, la chaleur rayonnante est le transfert de chaleur par les fréquences infrarouges du spectre électromagnétique. Comme avec les rayons solaires, le transfert de la chaleur rayonnante d’un plancher radiant ou d’un foyer de masse se produit entre deux masses. La chaleur se déplace de la masse chaude vers la masse plus froide. Les êtres humains sont en grande partie constitués de masse – à 97 % de carbone et d’eau. Ils constituent également des sources de chaleur rayonnante; toutefois, le soleil, étant beaucoup plus chaud que nous, nous transfère sa chaleur. Quand vous êtes à l’extérieur, il fait évidemment toujours beaucoup plus chaud au soleil qu’à l’ombre. Cela est dû au fait que le soleil utilise toute son énergie pour nous chauffer ainsi que les autres masses, et non l’air autour de nous. Celui-ci n’est chauffé qu’indirectement, par convection au contact avec des masses plus chaudes. Il est très important de comprendre cela lorsque l’on parle de la véritable efficacité et du confort de la chaleur radiante.

Pour respecter les exigences des codes du bâtiment, nous avons installé des planchers radiants à eau chaude sur les deux étages de notre maison, en plus d’un foyer de masse en pierre à savon (stéatite) au salon. Un foyer de masse s’inspire de la technologie médiévale qui explore de grandes cavités brûlant du feu, recouvertes de pierres, de plâtre et de tuiles, ce qui produit une chaleur douce tout en brûlant efficacement la majorité des gaz générés par la combustion du bois. Avec un seul feu brûlant à très haute température chaque jour, nous chauffons la majorité des matériaux et objets dans notre maison de 2 500 pieds carrés, si bien que nous utilisons rarement nos planchers radiants.

Le pare-vapeur hygrovariable Intello permet aux murs de sécher vers l'intérieur. Noter les panneaux SONOclimat ECO4 verts : Les retailles ont été placées dans les divisions intérieures pour ajouter de la masse, plutôt que jetés. Les conduits du VRC (obligatoire en construction) ne sont pas très utiles l'appareil n'est jamais allumé!

Nul besoin du VRC
Nous avons aussi installé un ventilateur récupérateur de chaleur parce qu’il est obligatoire dans les maisons neuves. Mais nous l’avons éteint! Pour une ventilation saine, nous dormons avec nos fenêtres ouvertes, même en hiver, car avec les masses de chaleur rayonnante qui nous tient au chaud, la température de l’air n’a aucune importance pour notre confort. Alors que les planchers radiants réchauffent principalement nos pieds, le foyer de masse réchauffe chaque partie de notre corps de la tête aux pieds, y compris au deuxième étage qui est ouvert sous le plafond cathédrale. Le foyer de masse vaut son pesant d’or. C’est vraiment le cœur de la maison.

L’air frais est un autre principe de la biologie du bâtiment extrêmement important pour la santé. Les systèmes mécaniques ont dicté la façon dont nous chauffons, refroidissons et malheureusement ventilons les bâtiments. Du point de vue de la biologie du bâtiment, un environnement véritablement sain nécessite une ventilation naturelle abondante par le biais de multiples fenêtres et autres ouvertures intentionnelles. Ceci car l’air frais qui passe par une fenêtre est très différent – notamment en termes d’ionisation, la charge électrique – de l’air qui traverse des conduits en métal ou en plastique avant de pénétrer dans une pièce. Veuillez noter que cet air frais ne doit pas être confondu avec une enveloppe de bâtiment "pleine de courants d'air", car il est très important d'avoir une enveloppe de bâtiment étanche à l'air, afin de pouvoir contrôler quand et où l'air frais entre dans le bâtiment. Pour les baubiologistes, les gaines de ventilation mécanique sont perçues comme un moyen de survie qui ne doit être utilisé qu’en cas d’absolue nécessité.

La maison est ventilée par ses fenêtres en bois à l'année. 

Du point de vue du chauffage et du refroidissement, la masse thermique et le chauffage par rayonnement déboulonnent le mythe mécanique selon lequel il faut garder les fenêtres fermées. Les planchers, murs et plafonds massifs contribuent à maintenir un environnement intérieur stable en stockant la chaleur en hiver et la fraîcheur de l’air nocturne en été. Grâce à la masse thermique et au chauffage par rayonnement, il n’est pas nécessaire de préchauffer l’air frais pour assurer le confort et la santé (si nécessaire nous pouvons utiliser un système de filtration d’air portable).

Nous étions tenus d'installer un ventilateur de récupération de chaleur (VRC) dans notre maison, et nous l'avons d'abord utilisé la première année où nous y avons vécu. Cependant, d'après notre propre expérience, l'air frais n'était tout simplement pas le même à travers un VRC qu'en vivant avec nos fenêtres ouvertes toute l'année, et nous avons donc décidé de désactiver complètement notre VRC. Je ne pense pas que je pourrais jamais revenir à un bâtiment à ventilation mécanique, y compris un bureau, ce qui est tout aussi important.

D’autres maisons EcoNest en vue
Depuis l’achèvement de notre maison, nous avons plusieurs projets de construction en argile et en paille en cours dans la région d’Ottawa et de Gatineau. De la ferme Tully’s Way à Perth, en Ontario, à des projets résidentiels urbains à Ottawa, nous créons des espaces sains et naturels pour diverses clientèles ayant pour intérêt commun de soutenir l’environnement. Nous sommes actuellement en phase de conception pour un projet à Wakefield, au Québec, dont la construction est prévue en 2022. Les clients nous ont découvert grâce à nos entrevues avec André Fauteux disponibles sur la chaîne Youtube de La Maison du 21e siècle. La maison d’argile et de paille de Wakefield fera partie de la vision holistique du propriétaire, intégrant un havre de permaculture démontrant la beauté des relations naturelles. Nous avons hâte de la présenter et de la célébrer dans un futur numéro du magazine.

Le mur en bois brûlé selon la méthode japonaise Shou Sugi Ban.

En résumé, notre maison écologique d’Ottawa respecte les principes de biocompatibilité de la biologie du bâtiment en mettant l’accent sur la beauté naturelle que seule Mère Nature possède. De la richesse du crépi d’argile intérieur à la complexité subtile du sol en terre, l’utilisation de matériaux naturels garantit que la beauté du monde extérieur entre par la porte d’entrée et est prédominante dans toute notre maison. De la chaleur rayonnante de l’hiver grâce au foyer de masse économe en énergie aux brises fraîches des soirées d’été, la lumière du soleil illumine tandis que l’air frais remplit l’espace d’une fenêtre en bois à l’autre. De la splendeur brûlée de notre mur de cuisine Shou Sugi Ban (ou Yakisugi) fabriqué par nos soins au rythme structurel de la charpente en pin blanc, le carbone est séquestré en permanence dans le bâtiment, créant ainsi une empreinte carbone négative pour toute la durée de vie de notre maison.

Détail architecturale de cette magnifique maison.

Neuf millénaires d’histoire
L’enduit à la chaux extérieur a une histoire impressionnante de neuf mille ans, créant l’ultime pare-air d’une beauté intemporelle. Et pour garantir toute l’authenticité, il y a autant de fumier de vache que de chaux dans nos enduits muraux. Le remplacement des composés chimiques du ciment par la durabilité et la flexibilité que seul le fumier comprend est une merveille de plâtrage naturel pour les cycles de gel-dégel de notre climat nordique. Un bâtiment naturel est véritablement destiné à la longévité et à une beauté époustouflante, ainsi qu’à la santé des générations qui y vivront.

Comme tous les projets de bioconstruction sont à l’origine de collaborations et de relations durables, Build Well to Be Well aimerait remercier tout particulièrement les personnes qui ont aidé cette maison naturelle à devenir une réalité. Paula Baker-Laporte et Robert Laporte d’EcoNest, vous continuez à nous inspirer pour enseigner vos méthodes de construction anciennes, saines et durables. Vous serez toujours des mentors pour nous. Le constructeur Kris Bailey et son équipe de la société Dwellings Design-Build, basée à Perth, ont donné vie à l’ossature en bois massif et continuent de faire évoluer la production de panneaux de paille et d’argile avec BuildWise, notre entreprise de préfabrication naturelle. Sonia Martin, de la société québécoise Fenêtres Martin, a fourni des fenêtres en bois locales et vraiment magnifiques, issues de trois générations de tradition familiale. John et Michael Sinclair, de Sage Restoration à Kingston, nous ont enseigné l’art magique de l’utilisation de finitions naturelles pour les matériaux naturels, en particulier le goudron de pin, l’huile de lin et la cire d’abeille. Deirdre McGahern, de Straworks à Peterborough, a fabriqué nos magnifiques et inimitables sols en terre. Et une dernière gratitude à tous les constructeurs naturels de l’Ontario Natural Building Coalition, qui collaborent et s’entraident constamment, développant ainsi les communautés de construction naturelle que nous continuons à faire grandir ensemble.

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buildhealthy.ca

Vidéos de l’atelier EcoNest de 2016 : https://bit.ly/2X4ZAj1